Chaque année, la Grande Braderie de Lille devient le plus grand marché aux puces d’Europe. Le temps d’un week-end, la ville attire plus de deux millions de visiteurs. Retour sur les origines de ce succès.
Cent kilomètres d'étals, 10.000 exposants : les chiffres de la braderie de Lille, qui se déroule ce week-end, donnent le tournis.
Le temps d'un week-end la population lilloise passe de 220.000 habitants à 2,5 millions. La braderie reste un événement unique par son ampleur.
Bien plus qu’à Amiens
Le nombre de visiteurs est bien plus élevé qu’à Amiens où la "réderie" qui se présente comme la deuxième plus importante manifestation du genre en France, n'attire que 80.000 visiteurs selon la mairie picarde, soit trente fois moins qu'à Lille.
La réderie d'Amiens n'attire que 80.000 visiteurs
De la « franche-foire » à la Braderie
L'origine de la braderie remonte au XIIe siècle avec la "franche foire" durant laquelle "les commerçants venus de l'extérieur ont l'autorisation exceptionnelle de vendre à Lille, dont les habitants ont le reste du temps le monopole du commerce", explique Elodie De Vreyer, dans La braderie, une histoire lilloise.
"Braaden"
Mais le nom de braderie apparaît plus tardivement, lorsqu'au XVe siècle des marchands commencent à vendre des volailles, rôtir se disant "braaden" en flamand.
Cet événement se transforma au XVI e avec la possibilité offerte aux domestiques de vendre une fois l'an les objets usagés accumulés dans les greniers de leur maître.
Un défouloir
Au XIX éme siècle, "La braderie est à la fois une nécessité économique, une fête et un défouloir pour une classe ouvrière miséreuse", note Mme De Vreyer.
Des photos prises à la Belle époque montrent la capitale des Flandres noire de monde lors des jours de braderie, avec la mise en place de trains spéciaux. "En 1910, la presse annonce fièrement le chiffre de 200.000 visiteurs, une estimation déjà invérifiable", relève Mme De Vreyer.
Les lillois fuient la ville
Aujourd’hui le nombre de visiteurs est estimé à 2,5 millions.
Depuis une vingtaine d'années, la braderie s'est "fortement internationalisée", explique Floriane Gabriels, directrice générale adjointe du pôle animation, surnommée "Mme Braderie" à la mairie de Lille." On retrouve des Danois, des Chinois, des Japonais et des Italiens", relève-t-elle.
Revers de la médaille: de nombreux Lillois estiment qu'à cause de cet afflux, la braderie y a laissé son âme et fuient leur ville chaque premier week-end de septembre, lorsque les rues deviennent engorgées par les " bradeux".
Les lillois fuient la ville chaque premier week-end de septembre lorsque les rues deviennent engorgées par les "bradeux"
"L'objectif durant les années à venir est de faire de belles braderies, qui reviennent un peu plus à l'esprit d'antan, avec de la brocante, du vide-grenier et un peu moins de commerces qu'on peut retrouver sur des marchés habituels", plaide Mme Gabriels.