En plein Ségur de la Santé, les soignant retournent dans la rue ce mardi. Éreintés après trois mois de crise sanitaires, ils rappellent le gouvernement à ses promesses pour sauver l’hôpital public.
En première ligne pendant la crise du Covid-19, les personnels soignants qualifiés de “héros en blouse blanche” par le chef de l'État au début de l'épidémie, retournent dans la rue ce mardi.
Cette journée d'action nationale, organisée à l'appel d'une dizaine de syndicats et collectifs de soignants (CGT, FO, Unsa, Sud, Collectif Inter-Hôpitaux...), se traduit dans les Hauts-de-France par des rassemblements à Dunkerque, Douai, Boulogne, Cambrai, ce matin et Calais, où plus de 250 personnes se sont réunies. Des initiatives destinées à préparer la manifestation régionale qui débute à 14h30 place de la République à Lille, cet après-midi.
Après plusieurs années de mobilisation, le mouvement des soignants redémarre : “Après tout ce temps, nos revendications n’ont toujours été satisfaites, constate Isabelle Bosseman, secrétaire générale de la CGT du CHR de Lille. Que ce soit en terme de salaire, d’effectifs, ou de matériel, l’hôpital public n’est plus en capacité d’absorber”.
La crise du Covid révélatrice des dysfonctionnements de l’hôpital public
Une crise de l’hôpital public aggravée par trois mois d’épidémie mondiale : “la crise du Covid nous a fait réaliser que c’était encore pire que ce que l’on pensait. Il a manqué de tout : personnel, médicaments, matériel de protection. Au CHRU de Lille, nous avons dû stopper 60% de l’activité pour faire face au coronavirus. Ce n’est pas normal”.
Des opérations repoussées mais aussi un personnel épuisé, selon Philippe Crépel, coordinateur régional de CGT santé action sociale : “Il y a eu beaucoup de sacrifices individuels et collectifs de la part des soignants. Ils ont le sentiment d’avoir été la chair à canon pendant cette période alors ils veulent faire entendre leurs revendications maintenant.”
Le Ségur de la santé : “une grand-messe de plus” ?
Cet appel à manifester ce mardi intervient en plein milieu du "Ségur de la santé", lancé le 25 mai par Édouard Philippe. Cette concertation destinée à refonder le système de santé français, doit aboutir d'ici début juillet à des propositions concrètes. Mais aucun chiffre n'a à ce stade été mis sur la table, notamment pour les hausses de salaires.
“On a l'impression que c’est une grand-messe de plus, se désole Isabelle Bosseman. Il va falloir faire la démonstration aujourd’hui, que s’ils veulent accoucher d’une souris, on ne les laissera pas faire.”
Pour Philippe Crépel, qui participe aux négociations, “la concertation ne montre pas pour l’instant une changement radical de politique de santé mais au contraire une volonté d’accélération des réformes en cours. On est très inquiet, surtout pour les Hauts-de-France, où les écarts d’accès à la santé ne font que se creuser. Nous demandons un plan d’urgence pour la région”
L’hôpital public, “l’affaire de tous”
Les syndicats appellent les soignants à se mobiliser, mais aussi la population : “l’hôpital public c’est l’affaire de tous, c’est notre bien commun. On a tous besoin de l’hôpital, tout au long de sa vie, c’est là qu’on naît, qu’on meurt et qu’on se fait soigner”, interpelle Isabelle Bosseman de la CGT.