La préfecture de Normandie a assuré ce mardi qu'il n'y avait pas de "risque avéré" lié à l'amiante dans l'air, selon les premiers relevés réalisés vendredi au lendemain de l'incendie de l'usine Lubrizol à Rouen, dont les retombées ont été constatées dans les Hauts-de-France.
"En ce qui concerne l'amiante dans l'air, on est sur le bruit de fond des fibres d'amiante dans l'air, des niveaux extrêmement faibles", a assuré Patrick Berg, directeur de la Direction Régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement (Dreal) de Normandie. "On peut estimer qu'avec cette première série de relevés, il n'y a pas de risque lié à l'amiante. Ce risque n'est pas avéré".
Incendie à Rouen : "Pas de risque avéré" lié à l'amiante selon les premières analyses, affirme Jean-Yves Lagalle, directeur départemental du Service départemental d'incendie et de secourshttps://t.co/GCJCGl6qp2 pic.twitter.com/o3jl58G6Ut
— franceinfo (@franceinfo) October 1, 2019
Ces prélèvements d'air ont été réalisés par la société Lubrizol "vendredi à ses frais", selon la même source. "Ce qui est dangereux pour la santé, c'est les fibres d'amiante dans l'air", a rappelé M. Berg. "Les fûts sous l'effet de la chaleur ont explosé et ont fracassé (une) toiture en fibrociment et ont projeté à des distances assez consistantes des fragments de fibrociment" mais "cette projection ne diffuse pas de fibres d'amiante dans l'air", a assuré le haut fonctionnaire.
5 253 tonnes de produits chimiques
La préfecture de Seine-Maritime a par ailleurs annoncé ce mardi soir sur son site internet que 5 253 tonnes de produits chimiques avaient été détruits dans l'incendie de l'usine Lubrizol, dont plus de 60% d'"additifs multi-usages". "Tous les produits ne sont pas dangereux. La dangerosité dépend de la quantité présente, du devenir des molécules après avoir brûlé et de la manière dont on est exposé (contact cutané, inhalation, ingestion)", est-il précisé sur un des documents publiés, accompagnant la liste des produits incendiés.La préfecture publie également sur son site internet la liste des produits chimiques présents dans les principaux "additifs multi-usages" et les 479 fiches de sécurité qui "précisent les caractéristiques des produits et les risques associés, notamment en cas de combustion". Une campagne de prélèvements (air, eau, sols, aliments...), "engagée dès le début de l'accident" sera adaptée "et si nécessaire complétée afin de procéder à une évaluation quantitative des risques sanitaires qui se déroulera pendant plusieurs semaines", précise la préfecture. "En fonction des résultats de cette évaluation, une surveillance sanitaire adaptée sera mise en place", indique-t-elle.
Manifestation à Lille
Des retombées de suie provoquées par cet incendie ont été constatées dans près d'une centaine de communes des Hauts-de-France.
Dans les départements du Nord, de la Somme, de l'Aisne et de l'Oise, des arrêtés préfectoraux ont été pris interdisant, dans les communes concernées, la vente de certains produits agricoles ou d'élevage, notamment les oeufs, le miel ou le lait.
Près d'une centaine de personnes se sont rassemblées ce mardi soir devant la préfecture de Lille pour réclamer "toute la vérité".
"Aujourd'hui, nous voulons la vérité sur ce qui a été brûlé sur le site et la composition du panache de fumée", a assuré Mélissa Camara, une militante EELV dont une partie de la famille vit à Rouen. "Pour la première fois, des humains mazoutés", "soutien aux rouennais", "Hauts-de-France, deuxième région Seveso: 156 sites", était-il écrit sur des pancartes brandies par les manifestants.
A Rouen, le parquet a annoncé ce mardi qu'"à ce jour plus d'une quarantaine de plaintes" consécutives à l'incendie de l'usine Lubrizol avaient été "transmises" ou étaient "en cours de transmission".
Le parquet de Rouen s'est dessaisi au profit du pôle santé publique du parquet de Paris en raison notamment de la technicité du dossier et "du nombre de plaintes pour mise en danger d'autrui".