La maire (Les Républicains) de Calais, Natacha Bouchart, a demandé mercredi aux gouvernements français et britannique 50 millions d'euros de "compensations financières pour pallier les préjudices subis économiquement" par sa ville suite à l'afflux dans les environs de nombreux migrants.
"Il est essentiel de leur demander dès demain des compensations financières pour pallier les préjudices subis économiquement" par Calais, a déclaré Natacha Bouchart au cours d'une conférence de presse tenue en présence de Jean-Paul Delevoye, président du Conseil économique social et environnemental (CESE), à la mairie de Calais. Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve et son homologue britannique Theresa May doivent se rencontrer jeudi à Calais. Ils signeront un accord "renforçant d'une part l'engagement commun pour la sécurité du site, la lutte conjointe et résolue contre les filières criminelles de passeurs, les trafics d'êtres humains et l'immigration clandestine", selon un communiqué du ministère français.
"Je me verrais dans l'obligation d'attaquer, de porter plainte contre le gouvernement"
"Je demande 50 millions parce qu'il est difficile d'évaluer le préjudice économique que nous subissons depuis plus de 15 ans", a plaidé Natacha Bouchart, martelant que "si aujourd'hui on est capable de mettre un euro dans la sécurité et un euro dans l'humanitaire, on est capable de mettre un euro au niveau de l'économique". "S'il n'y avait pas de réponse favorable, je me verrais dans l'obligation d'attaquer, de porter plainte contre le gouvernement, contre les services de l'État franco-britanniques pour en arriver à des jugements d'indemnisation", a-t-elle menacé.
S'exprimant brièvement, Jean-Paul Delevoye, ancien maire de Bapaume (Pas-de-Calais) et ex-médiateur de la République, s'est dit "extrêmement impressionné de voir qu'après la chute du mur de Berlin, sur l'ensemble de la planète se voient érigés des murs avec des barbelés". Il faisait ainsi référence, notamment, aux barrières supplémentaires construites durant l'été sur le site d'Eurotunnel. "On ne pourra pas éviter de recevoir dignement ces personnes humaines (les migrants, ndlr), même si cela demande un certain nombre de solutions internationales", a ajouté celui qui a quitté l'UMP en 2013, et qui mercredi a dit apporter son soutien à l'approche "humaine" et "ferme" de la maire de Calais sur la question migratoire.
Des centaines de migrants affluent en permanence à Calais dans l'espoir de trouver un passage vers l'Angleterre, soit à bord des ferries partant du port, soit sur les trains-navettes qui empruntent le tunnel vers Folkestone, avec souvent l'aide de passeurs.