Contrairement à l’année dernière, les manifestations du 1er mai seront autorisées cette année. Plusieurs syndicats, associations et collectifs appellent aux rassemblements pour défendre les droits des travailleurs. De nombreuses mobilisations sont prévues dans la toute la région.
Le 1er mai célèbre la Fête du travail ou Journée internationale des travailleurs. Avec le confinement strict, le 1er mai 2020 n'avait pas rassemblé les foules habituelles lors de manifestations. Un an plus tard, l’ambiance est différente. Dans les Hauts-de-France, une vingtaine de rassemblements sont prévus. À Lille, un cortège s'élancera porte des Postes à 10h jusqu'au théâtre Sébastopol tandis qu'à Amiens, rendez-vous est donné au cirque Jules Verne à 10h. À Abbeville, Beauvais, Boulogne, Tourcoing et beaucoup d'autres villes de la région, des marches seront organisées. Les lieux de rendez-vous et horaires sont indiqués sur la carte ci-dessous.
Des revendications renforcées par la crise sanitaire
À l'appel de l’intersyndicale FO, CGT, FSU et Solidaires, le 1er mai doit être une journée "pour l'emploi, les salaires, les services publics, la protection sociale, les libertés et la paix dans le monde" précise l'intersyndicale dans un communiqué appelant à la mobilisation. Les conséquences de la crise sanitaire vont aussi très largement orienter les revendications de cette Fête du travail 2021. "Au nom de la crise sanitaire, le gouvernement fait passer des ordonnances qui sont pour 90% des dérogations du Code du travail. Il y a un effet d'aubaine pour le gouvernement qui en profite pour démanteler les droits sociaux", argumente Kévin Crépin, secrétaire départemental de la CGT dans la Somme.
Salaires, emploi, retraites, crise sociale et économique... autant de sujets qui ne doivent cependant pas être oubliés. "Demain nous défilons avant tout pour défendre les droits de travailleurs mis à mal par la crise sanitaire… La réforme de l'assurance chômage poursuit son chemin tandis qu'on attend prochainement à des centaines de licenciements dans la région. C’est catastrophique."
Fonctionnaires au premier rang
Les fonctionnaires aussi seront présents dans les rangs. "Dans cette crise, le gouvernement oublie la fonction publique, pourtant colonne vertébrale du pays", explique Haymé Leblanc, du syndicat SNIUPP Somme. Mobilisée demain à Abbeville, cette enseignante appelle le gouvernement à "changer de braquet" notamment en revalorisant la fonction publique : "à l'heure où l’on distingue l'essentiel du non essentiel, il faut se rendre compte que notre pays tient grâce au personnels hospitaliers, aux enseignants, aux fonctionnaires. Il est temps de refonder un véritable service public". Les syndicats réclament entre autres plus de moyens à l'hôpital, l'arrêt des suppressions de poste et l'embauche d'enseignants supplémentaires.
Les intermittents entrent dans le cortège
En plus des professions traditionnellement représentées, les intermittents du spectacle se fraient cette année un chemin dans les cortèges. À Amiens, le choix, symbolique, a été fait démarrer la mobilisation devant le cirque Jules Verne, occupé depuis près deux mois par la Coordination des intermittents et des précaires de Picardie.
À Lille, les occupants du théâtre Sébastopol feront aussi partie du cortège. Une participation qui n'est pas remise en cause par la réouverture des lieux culturels le 19 mai prochain car "la réouverture des théâtres ne signifie pas que le problème est résolu", explique Stéphane Vonthron, membre de la SFA-CGT et de la Coordination des InterLuttants 59-62. En ligne de mire, la réforme de l’assurance chômage, qui doit entrer en vigueur le 1er juillet prochain. À Lille, Amiens, Arras et Calais, des "temps forts artistiques" (scénettes, défilés de Géants, danses, chants...) ponctueront les parcours des cortèges.
Un défilé sous conditions ?
Comme un avant-goût du déconfinement progressif annoncé par le Président de la république, les cortèges ont tous été autorisés par les pouvoirs publics. Les manifestants devront cependant se munir d’une attestation de déplacement dérogatoire, indiquant l'autorisation de manifester conformément aux démarches effectuées par les organisateurs auprès des préfectures.
Certaines restrictions ont néanmoins été notifiées aux organisateurs. À Amiens, il sera interdit de diffuser de la musique amplifiée via les sonos. Une mesure sanitaire, prise par la préfecture, afin d’empêcher les attroupements. "C’est de la folie", avance Kévin Crépin de la CGT avant de conclure : "nous avons d'ores et déjà prévu de chanter tout au long du parcours !".
Dans le Nord, l’arrêté du 28 janvier 2021 portant sur l’interdiction de diffusion de musique amplifiée a été prolongé jusqu’au 3 mai. Côté organisateurs on s’interroge "pour le moment, aucune indication nous a été donnée à ce sujet", avance Stéphane Vonthron de la coordination InterLuttants 59-62.