Monseigneur Jacques Noyer, évêque d'Amiens pendant 16 ans, de 1987 à 2003, est décédé ce mardi 2 juin à l'âge de 93 ans. Il s'est éteint au Touquet, sa ville natale, où il avait pris sa retraite. Notre journaliste Jean-Paul Delance revient sur le parcours de cet évêque "atypique et iconoclaste".
Il est toujours délicat d’établir un classement, une hiérarchie. Mais nul doute que dans l’Histoire deux fois millénaire des évêques d’Amiens, Monseigneur Jacques Noyer aura une place prééminente.
Né le 17 avril 1927 au Touquet, c’est dans cette même commune qu’il vient de s’éteindre.
Après une licence de lettres obtenue à l’Université de Lille, il intègre le Grand Séminaire d’Arras pour suivre une formation philosophique et théologique.
Sans quitter son Pas-de-Calais natal, il devient prêtre à Boulogne-sur-Mer puis curé de la paroisse du Touquet-Paris-Plage. Un retour à la maison, en quelque sorte.
C’est là que le 4 novembre 1987, il apprend sa nomination en tant qu’évêque du diocèse d’Amiens.
Il est consacré en la Cathédrale, le 13 décembre suivant devant une foule nombreuse. En 2003, il se retire mais reste évêque-émérite du diocèse.
Une grande ouverture d'esprit
J’ai souvent eu au cours de ma carrière l’occasion d’approcher cet homme à l’ouverture d’esprit remarquable.D’abord, l’Homme impressionne par sa stature. Il est grand, bien bâti, surmonté d’une abondante chevelure blanche.
Mais c’est sa voix qui le caractérise le mieux. Une voix chaude, grave exprimée par un ton toujours calme.
Une façon élégante de vous mettre en confiance sans chercher à en imposer, à quoi s’ajoute une grande qualité d’écoute.
Un évêque atypique
Ce portrait tout en rondeur ne doit pas masquer le côté « iconoclaste » de cet évêque un peu atypique.Né dans une famille modeste, il prend à de nombreuses reprises des positions inattendues de la part d’un représentant de la haute hiérarchie catholique.
Jacques Noyer n’aime pas les « pompes » de l’Eglise. Lui aime rencontrer les gens simples, les déshérités, les migrants.
Ouvert, il rencontre les représentants de tous les cultes et n’hésite pas à la moindre occasion, d’engager le dialogue avec les athées.
Barrage au FN en 2002
En 2002, lors du second tour de l’élection présidentielle, il appelle, dépassant selon certains, les prérogatives de sa charge, à voter contre Jean-Marie le Pen estimant que le Front National conduit « à l’isolement, au racisme et à la xénophobie ».L’homme est aussi bien de son temps. S’intéressant aux médias et aux nouveaux modes de communication, il produit plusieurs ouvrages sur le sujet dont le dernier en 2017 intitulé : « Libres pensées d’un cyber-évêque».
Jacques Noyer est mort ce mardi 2 juin matin à 93 ans. Il était Chevalier de la Légion d’Honneur.
Dans un communiqué, le diocèse d'Amiens a annoncé que les obsèques auront lieu le jeudi 11 juin 2020 à 10h00 en la Cathédrale Notre-Dame d’Amiens.