Deux agents pénitentiaires ont été tués lors d'une attaque de fourgon ce 14 mai 2024, dans l'Eure. En réaction, l'intersyndicale des prisons appelle les établissements pénitentiaires au blocage et à la minute de silence ce mercredi. Dans le Nord, la maison d'arrêt de Lille-Sequedin compte prendre part au mouvement.
Les images qui tournent en boucle sur les chaînes d'informations semblent sortir tout droit d'un film. On y voit des individus percuter intentionnellement un fourgon pénitentiaire avec une voiture, puis sortir du véhicule avec des armes et ouvrir le feu sur les agents. Malheureusement, il s'agit d'images bien réelles.
Deux agents pénitentiaires sont décédés en Normandie ce 14 mai 2024, en pleine extraction d'un prisonnier entre Évreux et Rouen. Leur véhicule a été attaqué vers 11 heures au péage d'Incarville par des individus qui ont permis au prisonnier de s'évader. L'homme en question est Mohammed Amra, 30 ans, connu pour des affaires de stupéfiants et détenu pour tentative de meurtre. Le plan Épervier a été déclenché.
Un convoi pénitentiaire a été attaqué dans l’Eure.
— Eric Dupond-Moretti (@E_DupondM) May 14, 2024
Deux de nos agents pénitentiaires sont décédés, trois sont gravement blessés. Toutes mes pensées vont aux victimes, à leur famille et à leurs collègues.
Je me rends immédiatement à la cellule de crise du @justice_gouv.
Trois personnes ont été grièvement blessées et transportées au CHI d'Évreux. Le pronostic vital de deux agents est toujours engagé ce mardi soir.
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La famille pénitentiaire, en deuil
En réaction, les maisons d'arrêt des Hauts-de-France se mobilisent ce 15 mai. Les surveillants de la prison de Lille-Sequedin, Longuenesse et Dunkerque notamment, ont annoncé leur intention de bloquer la maison d'arrêt à partir de 6 heures, "en soutien aux familles endeuillées". Un mouvement intersyndical qui sera suivi en régions mais également au niveau national et qui pourrait durer plusieurs jours.
"Toute la famille pénitentiaire est endeuillée, tous les collègues sont choqués par cette véritable scène de guerre. Le dernier collègue décédé remonte à 1992. J'ai commencé en 1997 et je ne pensais pas une telle chose dans ma carrière", explique Yannick Lasserre, secrétaire adjoint FO justice à Lille-Lesquin.
Cette journée doit être une journée "Prisons mortes", souligne l'intersyndicale dans un communiqué. Celle-ci appelle également à honorer leurs collègues décédés lors d'une minute de silence à 11 heures, dans l’ensemble des établissements et structures pénitentiaires françaises.
Toute la famille pénitentiaire est endeuillée, tous les collègues sont choqués par cette véritable scène de guerre.
Yannick Lasserre, secrétaire adjoint FO justice à Lille-Lesquin
Ce mercredi, la mobilisation visera aussi à saisir les pouvoirs politiques pour demander d'apporter des moyens supplémentaires aux agents pénitentiaires et aux surveillants qui assurent les missions en extérieur. "On a une administration et un gouvernement beaucoup trop fébrile sur le sujet. Il faut que les pouvoirs politiques se saisissent enfin du dossier pénitentiaire, pour que l'attentat d'aujourd'hui ne se reproduise pas."
Il faut que les pouvoirs politiques se saisissent enfin du dossier pénitentiaire, pour que l'attentat d'aujourd'hui ne se reproduise pas.
Yannick Lasserre
Depuis plusieurs mois, les surveillants de prison interpellent sur leurs conditions de travail "déplorables" liées à un manque de personnel. À titre d'exemple, 40 agents sont présents chaque jour sur la prison de Sequedin, pour 850 détenus.