Du bois déchiqueté de haies bocagères, pour chauffer des bâtiments à Fourmies

Depuis décembre dernier la ville de Fourmies chauffe certains de ses bâtiments grâce une chaufferie biomasse construite en quelques mois seulement. Cette chaudière à bois fonctionne avec "l'or vert" de l'avesnois et de la Thiérache : les haies des bocages.

C'est à quelques pas du centre ville de Fourmies que la nouvelle chaufferie municipale a trouvé sa place dans une ville en complète transformation. la construction de cette chaufferie municipale avait débuté en mai 2022 et aujourd'hui elle est raccordé à 9 bâtiments du centre ville: la mairie, le Théâtre, l'inspection académique, la perception, l'écomusée, un gymnase, des associations et l'espace Mandela.

Cette chaufferie révolutionnaire installée par le groupe Engie Solutions consommera 432 tonnes de plaquettes bocagères par an, soit 3 kilomètres de Haies chaque année. Toute cette matière première provient des bocages de l'avesnois et de la Thiérache, à 50 kilomètres autour de Fourmies. 

Cette part d'énergie renouvelable à été rendue possible grâce à l'hydro-accumulation, qui consiste à stocker de la chaleur sous forme d'eau chaude durant la nuit. Dominique Wambergue, responsable développement d'Engies Solutions nous en explique le principe :

" Les calories produites par la chaudière à bois sont contenues dans des ballons d'eau chaude qui vont maintenir un niveau de chauffage toute la nuit. Et dès le matin, cette chaleur sera envoyée dans le réseau de distribution pendant que la chaudière se charge en bois et recommence son cycle de combustion.", ajoute le responsable d'Engie Solutions.

Les bocages, une source de bois renouvelable

L'approvisionnement en bois est géré de façon durable par l'AAAT : l'Atelier Agriculture Avesnois Thiérache, basée à La Capelle dans l'Aisne.

L'association a créé un réseau de plateformes pour commercialiser les plaquettes bocagères et c'est toute une filière agricole qui en profite. 

Françoise Gion, la directrice de l'AAAT nous explique comment ce projet d'approvisionner des chaufferies à plaquettes bocagères a vu le jour.

Dans le temps, les agriculteurs du secteur se chauffaient déjà au bois provenant des haie du bocage de l'Avesnois et de la Thiérache. Mais avec l'apparition du chauffage au fioul, à l'époque pas cher, ils ont vite abandonné le bois au profit du chauffage central, pour plus de confort et un gain de temps. 

Avec la crise économique et la flambée du prix des énergies fossiles, certains agriculteurs cherchaient un nouveau moyen d'équiper leurs exploitations en chaudières à bois, avec des chaudières autonomes.

Déjà dans les années 90, nous sommes allés voir ce qui se faisait ailleurs en France, en matière de chaudières automatiques et sur les moyens de déchiqueter le bois provenant des haies et aujourd'hui le concept fonctionne.

Gestion durable des haies

Françoise Gion est à la tête d'un collectif de 35 agriculteurs entre l'Avesnois et la Thiérache.

Chaque agriculteur a la responsabilité d'entretenir ses linéaires de Haies qu'il coupe suivant un cycle complet tous les 15 ans  sans dénaturer le paysage et afin de préserver la biodiversité et éviter l'érosion des sols. Cela concerne plus de 17000 kilomètres de haies bocagères entre l'Avesnois et la Thiérache. Pour exemple: la ville de Fourmies dispose d'un linéaire de 45 kilomètres de haies bocagères sur 15 ans, pour alimenter sa chaufferie. 

Le bois récolté est séché, déchiqueté et doit contenir moins de 25 % d'humidité pour être brûler. 

C'est L 'Atelier Agriculture Avesnois Thiérache qui gère la revente des plaquettes bocagères aux collectivités, aux entreprises et aux particuliers. Par ailleurs, l'association souhaite obtenir un "label Haies", un dispositif de certification des pratiques de gestion des haies et de la filière bois de bocage. 

Cet or vert est indispensable aujourd'hui si nous voulons protéger notre patrimoine bocager qui fait la spécificité de l'Avesnois et de la Thiérache

Marie Henneron, directrice du projet Rev 3

Fourmies ne compte pas s'arrêter là et déjà d'autres projets sont en cours d'exécution comme l'explique Marie Henneron, directrice du projet Rev 3 à la mairie de Fourmies

Grâce à cette chaufferie à plaquettes bocagères, nous souhaitons d'ici à 2025 obtenir plus de 30% d'énergie renouvelable pour les bâtiments de notre commune. 

"Cet or vert est indispensable aujourd'hui si nous voulons protéger notre patrimoine bocager qui fait la spécificité de l'Avesnois et de la Thiérache. La ville de Fourmies souhaite devenir un  leader de la transition énergétique en Hauts-de-France et créer de l'activité économique grâce à elle ." ajoute  Marie Henneron. 

En juin prochain la ville de Fourmies raccordera à la chaufferie à bois, un bâtiment entièrement rénové, dédié aux nouvelles technologies, aux commerces et aux entreprises.

Elle espère que d'autres villes du secteur se tourneront elles aussi vers les énergies renouvelables, grâce à l'or vert des bocages.