Dans un tract publié ce mercredi 28 décembre, la CGT du SDIS 59 affirme que les pompiers ont mis près d'une demi-heure pour intervenir sur un incendie dans l'Avesnois. Selon le syndicat, cela est dû au manque d'effectif dans les rangs des pompiers professionnels.
"Les secours en moins de 15 minutes dans le département du Nord, foutaise !!!" À la lecture du tract de la CGT 59, le malaise est sans équivoque. Une colère exprimée après une intervention qui a excédé ces syndicalistes.
Dans la soirée du 20 décembre dernier, un incendie s’est déclaré au premier étage d’une maison située rue de Beaumont, à Solre-le-Château (Nord). Cette commune de 1 700 âmes se situe à mi-chemin entre Avesnes-sur-Helpe et la frontière belge.
29 minutes pour arriver sur place
Selon la CGT, il a fallu 29 minutes pour que le premier engin incendie puisse intervenir, soit près d’une demi-heure entre la prise d’appel et l’arrivée des secours sur les lieux. "Heureusement qu’il n’y avait pas lieu de faire des sauvetages", indique le syndicat, qui impute cet incident au "sous-effectif" dans les rangs des pompiers. "Devons-nous mettre le feu devant nos centres d 'incendie et de secours pour se faire entendre ?", s'interroge la CGT.
Or, en France, selon le rapport 2022 de la direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises, 15 min 02 s s’écoulent en moyenne entre l’appel signalant un incendie et l’arrivée des secours. Dans le Nord, ce temps est même réduit à une moyenne de... 9 min 42 sec. Soit le département où la durée moyenne pour ce type d'intervention est la plus courte.
Que s’est-il alors passé dans l’Avesnois, pour que les pompiers mettent plus de 3 fois le temps moyen habituel pour une telle intervention ?
Un secteur géographique rural
Le village de Solre-le-Château est pourtant doté d’un centre de secours . "C’est un centre isolé qui ne fonctionne qu’avec des pompiers volontaires, des personnes qui sont de garde à la caserne et ne répondent qu’au bip, explique Stéphane Belmonte, pompier et référent de la CGT sur le secteur de l’Avesnois. Le 112 n’a semble-t-il pas pu assurer le départ ce soir-là, probablement par manque de personnel ou par manque de compétences qui n’ont pas pu être déclenchées".
Le seul centre de secours disposé à intervenir aux alentours se trouvait à Avesnes-sur-Helpe, situé à 15 kilomètres du lieu de l’incendie. "Ce qui a de fait engendré un rallongement effectif du délai d’intervention", poursuit le syndicaliste. Il l’assure, cet incident est "loin d’être un cas isolé dans ce secteur géographique rural", à savoir le groupement numéro 4 qui s’étend de Maubeuge à Fourmies.
"Triste illustration du manque d'effectif"
Selon Stéphane Belmonte, cet incident est une "triste illustration du manque d’effectif qu’on décrit depuis quelques années". Il détaille.
"On peut comprendre qu’il ne peut pas y avoir des professionnels dans toutes les casernes mais on est à bout de souffle et on fait face à une pénurie de recrutement". Selon la CGT, il faudrait recruter 150 sapeurs-pompiers professionnels supplémentaires dans tout le département pour éviter ces situations mais "la direction se heurte aux 1 718 pompiers professionnels".
Le Nord, avec le département voisin du Pas-de-Calais, fait partie des 11 départements français qui enregistrent le plus d’interventions des pompiers par jour (plus de 274 quotidiennement), hors Paris et Marseille. Or, le Nord fait partie des 15 départements qui comptent le moins de sapeurs-pompiers pour 100 000 habitants.
Contactée, la direction n’a pour l’heure pas donné suite à nos demandes d’interview.