EELV réclame samedi une "enquête approfondie" et "indépendante" après la grave pollution de l'Escaut causée par la rupture d'une digue de l'usine Tereos d'Escaudœuvres (Nord), souhaitant "faire la lumière sur les circonstances" de l'incident et une possible "négligence" du groupe sucrier.
Le 9 avril, suite à la rupture d'une digue qui retenait les eaux de lavage de betteraves, quelque 100 000 m3 de liquide noirâtre - essentiellement des matières organiques - s'étaient déversés dans la nature, rejoignant notamment l'Escaut, qui traverse la France, la Belgique et les Pays-Bas.
En consommant l'oxygène présente dans l'eau, ces matières organiques "asphyxient les organismes vivant à proximité", selon l'Office français de la biodiversité. Qualifiant cette pollution de "catastrophe environnementale", la Belgique a estimé à des dizaines de milliers de tonnes la quantité de poissons morts.
Le groupe sucrier Tereos (qui commercialise ses produits sous la marque Béghin-Say) a lui estimé qu'il était "trop tôt pour établir de quelconques liens de causalité" entre la rupture du bassin et la pollution fluviale constatée, notamment côté belge.
"Nous pouvons hélas craindre une atteinte bien plus grave et plus durable sur les milieux naturels et les écosystèmes à long terme (...) Cet incident est loin d'être banal et il doit être considéré comme le plus gros incident écologique depuis 20 ans", juge Europe Ecologie-Les Verts (EELV) dans un communiqué publié samedi.
"C'est à ce prix que vous mangez du sucre" aurait pu s'entendre dire Candide s'il avait vu les effets de la pollution sur l'#Escaut. Incident ou négligence de @tereos? Les écologistes dénoncent cette atteinte grave à la biodiversité. #HautsDeFrance
— EELV Hauts de France (@eelv_hdf) April 25, 2020
Le communiqué est à lire ici ? pic.twitter.com/D82FGS9Sva
"Il nous semble primordial que la lumière soit faite sur les circonstances de cet incident", poursuit le parti écologiste, enjoignant les élus locaux, maires, conseillers généraux et régionaux "à se saisir des tribunaux afin qu'une enquête approfondie soit menée et qu'ils aient accès aux éléments de celle-ci".
"L'enquête doit se baser sur des analyses indépendantes. A ce titre, les seuls relevés de l'usine Tereos nous semblent insuffisants", plaide-t-il. Cette enquête "devra se demander s'il y a eu ou non négligence" du groupe Tereos. "Sachant qu'un problème du même type s'était produit en février - de l'eau lagunée s'était déversée dans un cours d'eau rejoignant le canal de l'Escaut - il aurait sans doute pu alerter davantage sur l'état général des bassins de décantation", juge-t-il encore.
Le parquet de Cambrai a de son côté ouvert une enquête judiciaire pour déterminer précisément les conséquences de la rupture de la digue.