Colère des agriculteurs : plusieurs "points de blocage" entre la Confédération paysanne et la FNSEA, en désaccord sur leurs revendications

La Confédération Paysanne des Hauts-de-France manifestait à Arras au pied du siège de la DDTM (Direction départementale des territoires et de la mer) samedi 27 janvier 2024. Contrairement à la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA), elle signale que la rémunération devrait être le premier sujet de ce mouvement de colère, pas les normes et les interdictions environnementales.

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La colère des agriculteurs gronde en France et dans les Hauts-de-France depuis la mi-janvier 2024. La Confédération Paysanne du Nord-Pas-de-Calais a mené sa première action samedi 27 janvier devant le siège de la DDTM (Direction départementale des territoires et de la mer). L'organisation explique "ne pas se retrouver dans les revendications" de leurs camarades de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA) et des Jeunes Agriculteurs (JA). Ces derniers appellent par ailleurs à un "siège" de Paris en début de semaine.

Antoine Jean, porte-parole de la Confédération paysanne pour les Hauts-de-France argue que les revenus des agriculteurs sont leur "premier problème". Il estime que la FNSEA se "trompe de cible" en désignant les normes et les interdictions de pesticides alors que "nous devrions nous battre pour que nos salaires soient corrects."

De ces invectives, Simon Ammeux, président de la branche régionale de la FNSEA (FRSEA), en rigole. Il regrette le "manque de cohésion" de la Confédération paysanne avec laquelle "on n'en serait pas à un tel point de blocage." Reconnaissant que la question de la rémunération est importante dans le secteur, il maintient que s'en tenir à "dire qu'on veut plus d'argent" ce n'est pas "concret".

La Confédération paysanne accuse la FNSEA

Dans la crise des agriculteurs, Antoine Jean pointe la responsabilité de la FNSEA, comme organisation alliée du gouvernement qui aurait mené "50 ans de cogestion"."C'est à cause de ça qu'on en est là", se désole-t-il en prenant exemple sur la Politique Agricole Commune (PAC) "acceptée par des ministres en collaboration avec la FNSEA."

Une affirmation que conteste Simon Ammeux, rappelant que "ce n'est pas parce qu'on discute qu'on est d'accord". Quand bien même "c'est compliqué d'échanger avec le gouvernement depuis l'élection d'Emmanuel Macron", il admet avoir "toujours discuté avec ceux qui le voulaient." Quant à la PAC, elle a été "aménagée" suite à leurs discussions, mais cela ne vaut pas accord, "sinon il n'y aurait jamais autant d'agriculteurs mobilisés ces derniers jours."

Division sur les annonces concernant le GNR

En déplacement en Haute-Garonne vendredi 26 janvier 2024, le Premier ministre Gabriel Attal a annoncé la "fin de la hausse progressive de la fiscalité" sur le gazole non routier (GNR), très prisé par les agriculteurs. Simon Ammeux assure que ce n'était "que le sommet de la partie émergée de l'iceberg des avances" souhaitées. De son côté, Antoine Jean s'en agace. Il regrette l'absence de plafond à "4 ou 5 milliers de litres" et "réclame une taxe au-delà" de ce qui permettrait de "faire fonctionner une ferme moyenne" estime-t-il.

Une requête que Simon Ammeux trouve "ridicule et démagogique", estimant que "ça n'a pas de sens de parler" sans prendre en compte les réalités de chaque territoire, structure et fonctionnement. Son homologue de la Confédération paysanne assure pourtant "ne pas pouvoir continuer à donner des aides à deux qui sont tout en haut" et prône en faveur d'un système progressif "comme les impôts, où les grosses structures payent."

Solidarité (et mobilisation) avec les voisins

Au-delà la France, les deux organisations se positionnent à l'échelle européenne. La Confédération paysanne rejoint la mobilisation belge et appelle à la manifestation le jeudi 1er février 2024. Le rassemblement devant la commission européenne est à l'initiative du syndicat belge FUGEA, avec lequel la Confédération "partage des idées", selon Antoine Jean.

Son homologue à la FRSEA lui souhaite "bon courage" pour cette action qu'il n'a pas prévu de rejoindre. Lui se demande "quand nous aurons une vraie Europe agricole" alors qu'Antoine Jean réclame l'arrêt des discussions sur le libre-échange.

Chacun sa vision de l'avenir

"Signés à tour de bras par l'Union européenne", ces accords sont à nouveau sous la lumière des projecteurs alors que des négociations ont lieu en vue d'une signature avec la Nouvelle-Zélande. Il faudrait "accepter de produire localement et ne pas autoriser les entreprises à chercher continuellement le moins disant", détaille-t-il. La menace réside selon lui dans l'importation de produits "issus de pays européens ou étrangers à un prix d'entrée concurrent de celui pratiqué en France."

Unanimes sur l'impossibilité de résoudre la crise "en un claquement de doigts", les deux responsables des organisations divergent sur les solutions proposées. Antoine Jean envisage "des assises sur l'avenir de l'agriculture" comme ce qui a été fait pour l'animation, les Outre-mer ou encore l'eau. De son côté, Simon Ammeux réclame d'abord un allégement des lourdeurs administratives, la réduction des normes et surtout demande à tous de les "laisser un peu travailler tranquillement."

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