Gerard Lopez, président et actionnaire majoritaire du LOSC, a été chargé par d'autres dirigeants de clubs de négocier un emprunt pour permettre aux équipes de Ligue 1 de surmonter leurs difficultés financières après l'arrêt du championnat en raison de la pandémie de coronavirus Covid-19.
Plusieurs médias l'avaient évoqué ces derniers jours. Gerard Lopez le confirme ce mardi dans le journal L'Equipe : le président du LOSC se charge bien actuellement de négocier un emprunt pour aider l'ensemble des clubs de Ligue 1 à surmonter les conséquences financières de l'arrêt du championnat provoqué par la pandémie de coronavirus Covid-19.
Il s'agit pour le moment d'une mission informelle décidée en concertation avec huit autres présidents de clubs (Jean-Michel Aulas de l'OL, Nasser El-Khelaïfi du PSG, Jacques-Henri Eyraud de l'OM, Bernard Caïazzo de Saint-Etienne, Nicolas Holveck de Rennes, Jean-Pierre Rivère de Nice, Olivier Sadran de Toulouse et Loïc Fery de Lorient). "On s'est réparti les postes : social, salaires des joueurs, calendrier, finances, droits télé", explique Gerard Lopez au quotidien sportif.
"Entre 300 et 500 millions d'euros"
Le président lillois, lui, cherche à obtenir "une ligne de crédit de plusieurs centaines de millions, qu'on pourrait débloquer à l'issue d'un vote effectué par les clubs". "On situe notre demande entre 300 et 500 millions d'euros", précise-t-il.
Gérard Lopez : « On doit se faire un trésor de guerre »
— L'ÉQUIPE (@lequipe) April 7, 2020
Le président de Lille confirme l'existence d'un cabinet de crise, indépendant de la Ligue, l'ayant chargé d'étudier les conditions d'un emprunt massif afin de renforcer les structures du foot français https://t.co/5fszk84xI0 pic.twitter.com/Urz7wNY6Eu
Pour Gerard Lopez, le contexte sanitaire mondial ne sera pas un obstacle pour emprunter. "Même en temps de crise, il y a des gagnants et des perdants, certains font actuellement des retours sur investissement de 40 ou 50%", argumente-t-il. Il aurait déjà ainsi obtenu des propositions, avec un taux d'intérêt "autour de 8%". "Sur une durée de trois à cinq ans, cela coûterait 3 à 4 millions d'euros à chaque club par an", avance-t-il. "Compte tenu de l'urgence, c'est acceptable".
"Le prêt serait garanti par le contrat des droits télé (signé avec le groupe audiovisuel espagnol Mediapro NDR), pas sur les transferts (ventes de joueurs NDR)", poursuit Gerard Lopez. "A long terme, je ne crois pas à cette baisse sur le marché des transferts. On risque de repartir avec des prix plus bas, mais il y aura aussi des salaires plus bas, si c'est le cas. (...). Il y a des fonds d'investissement qui sont intéressés pour se positionner comme partenaires de la Ligue".
L'expérience du LOSC
Gerard Lopez peut en effet s'appuyer sur sa propre expérience de dirigeant. Pour financer les activités du LOSC après son rachat du club nordiste en janvier 2017, il a lui-même obtenu un prêt (sous forme d'obligations) auprès d'Elliott Management, un important fonds spéculatif américain, devenu également depuis propriétaire du club italien du Milan AC. Une partie de cette dette a ensuite été rachetée, à l'été 2018, par la banque d'affaires américaine JPMorgan.
Si le LOSC a bénéficié l'an dernier d'une récapitalisation qui a permis un allègement de la dette, celle-ci s'élevait encore à 129 millions d'euros au 30 juin 2019 selon le dernier rapport publié par la Direction Nationale du Contrôle de Gestion (DNCG).
En janvier dernier, Gerard Lopez a indiqué au Financial Times qu'il avait déjà remboursé 80 millions d'euros à ses créanciers. Il avait aussi rappelé à cette occasion avoir emprunté 140 millions de dollars au fonds Elliott, à un taux d'intérêt "à deux chiffres", et qu'il devait rembourser cette somme d'ici le mois d'août 2021.
Pour permettre la recapitalisation du LOSC, Gerard Lopez a du se porter garant, en personne, des emprunts effectués, notamment via les holdings luxembourgeoises qui chapeautent le club nordiste : Lux Royalty, Victor Soccer Luxembourg et Victory Soccer Luxembourg 2.
C'est par l'intermédiaire de Lux Royalty que Gerard Lopez a émis des obligations souscrites par le fonds Elliott, par l'intermédiaire de deux structures, Manchester Securities, une société de courtage new-yorkaise, et Zayn Investments, une coquille offshore domiciliée dans le paradis fiscal des Iles Caïmans.
La semaine dernière, Lux Royalty a publié ses comptes 2018 au registe du commerce et des sociétés du Luxembourg. Ainsi, au 31 décembre 2018, la dette de cette holding du LOSC s'élevait à 248,8 millions d'euros : 83,8 millions devaient être remboursés avant le 31 décembre 2019, 165 millions à une échéance plus tardive.