En séance plénière, lundi, l'opposition était vent debout suite à la révélation de l'affaire.
On n'a pas fini de parler de cette arnaque : 800 000 euros soutirés par un escroc à l'aide d'une fausse facture. Une somme pas si grande, à l'échelle d'un département comme le Nord, mais un énorme manque à gagner pour l'entreprise de BTP qui ne sera pas payée.
L'arnaque s'est produite en août, lorsqu'un homme se faisant passer pour le comptable de la société chargée des travaux sur le contournement nord de Valenciennes, a convaincu son ou ses interlocuteurs au sein du département de payer une fausse facture.
La supercherie n'avait été révélée que lorsque la "vraie" facture était parvenue. Cette dernière n'a d'ailleurs pas été réglée, le président du Nord Jean-René Lecerf estimant que "la facture, même fausse, est payée."
Discrétion pour les besoins de l'enquête ?
Ce dernier était sur la défensive, lundi, alors que l'opposition profitait de la séance plénière pour obtenir des réponses. "J’étais resté tellement discret que je n’en avais parlé ni au président de groupe, ni au premier vice-président tant le silence me paraissait absolument nécessaire" a expliqué Jean-René Lecerf. "Il y a eu des fuites. Je le regrette. C’est une difficulté supplémentaire pour l’enquête."
Dans l'opposition, on veut surtout comprendre comment une telle erreur a pu être possible. "Certains départements ont 23 procédures avant d'engager le paiement" précise Charles Beauchamps, conseiller départemental PCF. Cette audition permettrait donc de savoir "si nous avons un nombre de verrous identiques, supérieurs ou inférieurs, si la vigilance a diminué depuis 2015".
L'opposition, qui demandait à ce qu'un audit soit réalisé par un cabinet extérieur sur cette question, a fini par obtenir gain de cause.
Le mode opératoire
Comment l'escroc a-t-il opéré, exactement ? Nous avons posé la question à un expert."Pour l'entreprise de bâtiment ils vont se faire passer pour le département. Et au département, ils vont se faire passer pour les professionnels du bâtiment" explique Damien Bancal, spécialiste en cybersécurité.
"L'idée c'est que l’interlocuteur, celui qui va faire le chèque, il y croit dur comme fer. Et ça va être compliqué pour lui parce qu'en face il va y avoir des mails avec des vraies fausses adresses, des véritables identités, souvent des informations très sensibles que seule l'entreprise doit connaître, et puis à partir de là il y a plus qu'à téléphoner. La mission de ces pirates, c'est collecter et mettre la pression."