Depuis 1962, la foire à l'ail d'Arleux a lieu autour du premier dimanche de septembre. Le village du Douaisis accueille ainsi chaque année plus de 60 000 personnes en deux jours. Avec la Braderie de Lille décalée de deux semaines, on attend encore plus de monde ces 31 août et 1er septembre 2024. Et les ventes ont déjà commencé !
Dans les 62 communes autour d'Arleux, on recense une cinquantaine de producteurs d'ail, dont trois dans le village même. Pour tous, la foire qui aura lieu les 31 août et 1er septembre 2024 est l'événement de l'année. Ambiance sur place à quelques jours de ce week-end festif.
À la ferme Pollart, tout est prêt, ou presque. Et si pour les clients, la fête dure deux jours, pour les producteurs, c'est un travail d'ampleur. "C'est énorme, raconte Sophie Pollart. Un an de travail. De la date de plantation fin janvier jusqu'à la récolte fin juillet et après, c'est le triage, le tressage, le fumage, jusqu'à la foire d'Arleux."
Sophie a les yeux qui brillent lorsqu'elle explique à quel point ce métier est prenant et comme il est difficile de trouver de la main-d’œuvre. Elle et son mari ne comptent pas leurs heures et les parents Pollart, à la retraite, continuent à aider et vendent au magasin sur place.
Les ventes ont déjà commencé
Car les clients débarquent à Arleux déjà plusieurs semaines avant la foire. Et si Sophie vendra ce week-end entre 10 000 et 15 000 tresses d'ail, l'équivalent de 65% de sa production annuelle rien qu'en deux jours, les ventes ont déjà commencé.
À quelques rues de là, Jean-Marc est en train de rédiger un chèque de 209 euros, le montant de sa consommation annuelle d'ail, qu'il vient sans faute chercher à la Petite Ferme dès le mois d'août. Cela représente une quinzaine de tresses, soit plus de 500 têtes d'ail. Une quantité astronomique, qu'il partage avec sa famille même s'il en conserve une grande partie.
Comme j'ai eu un infarctus, on m'a conseillé de consommer beaucoup d'ail. Une moitié de tête sur mon steak tous les samedis ! Et j'en mange tous les jours."
Jean-MarcTrès gros consommateur d'ail fumé d'Arleux
"Mes enfants vivent dans le Sud, alors on leur en apporte. Mais avec ma femme, on consomme deux tresses de 45 têtes par an. C'est simple, je mange une demi-tête tous les samedis sur mon steak, s'amuse le client avant de reprendre, très sérieux. J'ai eu un infarctus il y a une quinzaine d'années. Le médecin m'a conseillé la consommation d'ail."
Des tresses d'ail fumé qui se conservent un an
Celui d'Arleux est réputé pour ses vertus de conservation, surtout une fois fumé, comme l'avance Lucien Merlin. Ce producteur a commencé auprès de ses parents, qui avaient créé la Petite Ferme dans les années 20. Encore aujourd'hui, il tient à tout faire de manière traditionnelle. "De toute façon, précise-t-il, si je voulais industrialiser, il faudrait tout changer, installer des machines... C'est bien comme ça. Les gens sont demandeurs de la tradition."
L'agriculteur travaille avec deux de ses fils, qui ont créé avec d'autres producteurs le groupement des producteurs d'ail fumé d'Arleux, se lançant dans une démarche d'IGP, indication géographique protégée, afin de protéger leur produit des imitations.
L'ail IGP est vendu avec une étiquette sur laquelle figure un numéro de lot, qui assure son authenticité et sa traçabilité. "Il y a des règles, explique Lucien. Si quelqu'un prend une autre variété que l'ail rose de printemps, l'arrache avant le 20 juillet, et le fume trop vite, l'ail reste humide et se conservera moins bien. Si le consommateur l'a acheté comme de l'ail d'Arleux, il se sent arnaqué."
Que ce soit à la Petite Ferme ou à la ferme Pollart, les tresses d'ail sont suspendues par des crochets dans des salles de fumage, où l'on fait brûler de la sciure de hêtre ou de chêne, tout doucement, pendant huit jours environ. Petite astuce pour conserver une tresse pendant plusieurs mois, voire un an, la suspendre par son lien en raphia dans un lieu frais et ventilé.
À la foire, des tresses, des frites... et de la soupe
À la foire à l'ail, on attend 400 exposants et au moins 60 000 visiteurs, probablement plus, du fait du report de la Braderie de Lille qui lui fait concurrence les autres années. "C'est un moment sympathique, sourit Lucien, pour venir se balader, manger une frite, et surtout boire une tasse de soupe à l'ail." Les organisateurs ont d'ailleurs commandé 10 000 bols et 7 500 gobelets pour la dégustation.
La recette est on ne peut plus simple. Un bol de gousses épluchées ("On peut les laisser tremper dans de l'eau bien chaude, c'est plus facile après !", conseille Lucette, la femme de Lucien.), des carottes, des pommes de terre... Et le secret, c'est comme pour la production, c'est de laisser mijoter le plus longtemps possible.