Le livre paru mercredi, "Nucléaire, danger immédiat", met en cause la sûreté des centrales nucléaires françaises, dont celle de Gravelines, évoquant notamment des fissures sur les cuves de plusieurs réacteurs, ce qu'EDF a démenti lundi en menaçant les auteurs de poursuites.
"L'accident grave devient, non plus possible, mais probable", écrivent Thierry Gadault et Hugues Demeude dans leur livre "Nucléaire - Danger immédiat" paru mercredi chez Flammarion. Les auteurs indiquent que des fissures ont été découvertes dès avant sa mise en service sur le réacteur numéro 1 de la centrale du Tricastin (Drôme) et que, "au cours de la troisième visite décennale, les études ont révélé trois fissures qui n'avaient pas été notées avant".
Le Tricastin est ainsi qualifiée de "pire centrale du pays" pour un ensemble de problèmes. La centrale avait été mise provisoirement à l'arrêt l'an dernier à la suite d'une demande de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) pour renforcer une digue jugée trop fragile au nord de l'installation.
Des fissures à Gravelines
L'ouvrage indique par ailleurs que "les autorités belges ont mis en évidence des milliers de fissures dans des endroits non inspectés en France", en raison de bulles d'hydrogène prisonnières du métal. En France, des analyses ont ensuite permis d'établir que "six cuves sont fragilisées par des fissures de même type que les défauts belges", écrivent les auteurs.
Parmi ces six cuves, celle de Gravelines 5. "La découverte de ce défaut provoqué par l'hydrogène a entraîné un sacré tollé en Belgique, mais un choc aussi parmi la communauté des scientifiques qui travaillent sur l'industrie nucléaire. Jusqu'en 2013, date où ce problème a été découvert, personne n'avait imaginé que l'hydrogène puisse provoquer de tels dégâts", indiquent les auteurs.
D'autres fissures de nature différente ont également été constatées par les auteurs du livre. "Petite explication : pour contrôler la réaction nucléaire, différentes sondes sont installées en fond de cuves, qui ont donc été percées pour laisser passer les équipements et soudées pour assurer l'étanchéité. Mais les soudures ont vieilli et des fissures sont apparues. C'est le cas notamment à Nogent 1 et à Gravelines 1", précise le livre.
EDF dément
EDF a aussitôt démenti en affirmant qu'aucun nouveau problème n'avait été détecté sur le parc nucléaire français, composé de 58 réacteurs. "Un certain nombre de choses sont vraies et connues depuis longtemps", a indiqué Dominique Minière, directeur du parc nucléaire et thermique d'EDF, lors d'une conférence téléphonique. "Après il y a un certain nombre de faits qui sont présentés comme nouveaux et ceux-là (...) sont faux", a-t-il affirmé.
Concernant le Tricastin 1, "rien de nouveau" n'y a ainsi été mis en évidence lors de la troisième visite décennale, selon lui. "Il n'y a pas de défaut dû à l'hydrogène dans nos cuves", a-t-il encore indiqué. EDF a par ailleurs publié un communiqué pour affirmer que "la sûreté nucléaire est sa priorité absolue".
L'électricien indique qu'il se réserve le droit "d'entamer des poursuites... y compris en diffamation". Contactée par l'AFP, l'ASN n'a pas souhaité faire de commentaire dans l'immédiat. "L'ASN souhaite prendre connaissance du contenu de l'ouvrage avant toute prise de parole", indique le gendarme du nucléaire. Son président Pierre-Franck Chevet avait jugé fin janvier que le contexte en matière de sûreté nucléaire en France "est en amélioration, moins préoccupant".
Les députés de la majorité ont par ailleurs récemment lancé une commission d'enquête "sur la sûreté et la sécurité" des installations nucléaires, qui doit donc aussi bien se pencher sur les risques d'accidents que d'actes de malveillance.