Repère pour les marins et les plaisanciers, la sirène de Dunkerque a été sortie de l'eau pour sa restauration annuelle

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La sirène de Dunkerque se refait une beauté. ©FTV / François Wasson et Marie-Noëlle Grimaldi

La sirène de Dunkerque est une œuvre bien connue des habitants du littoral des Hauts-de-France. Perchée sur une balise marine, la sculpture de 3m de haut est un repère pour beaucoup de marins du port dunkerquois. Cette semaine, la statue a été sortie de mer pour être restaurée, en attendant un jour d'entrer au patrimoine local.

À l'entrée du port de Dunkerque, un repère manque depuis déjà quelques jours. Les marins qui fréquentent les eaux du dunkerquois verront tout de suite la raison de ce vide, lorsque d'autres, moins habitués, ne remarqueront pas l'anomalie dans ce paysage bleu avec autant d'évidence. Cette grande absente, c'est la sirène de Dunkerque, gardienne des marins.

Avec ses 3,5 mètres de haut, ses 800 kg et ses linges colorés, la sirène est une balise que l'on voit de loin. Mais un an après sa dernière remise à neuf, la dame du port s'est déjà ternie. Alors comme chaque année depuis 2010, David Godin, professeur d'EPS au lycée Guy Debeyre ramène la sirène sur la terre ferme pour lui refaire une beauté, à l’abri des regards.

Un gardien choisi par la statue

Depuis 14 ans, David Godin veille sur la sirène, inspirée de l’iconographie de la Vierge à l'Annonciation, perchée au sommet de son immense balise jaune. À chaque vacances de février, l'enseignant utilise ses semaines de congé pour entretenir l'œuvre de son ami, le plasticien Léopold Franckowiack, dont il admire le travail depuis des années. "Petit à petit j'ai suivi la fabrication de cette bouée, elle a été mise à l'eau, puis Léopold est parti et m'a laissé la lourde tâche de son entretien."

David est donc devenu l'ange gardien de la sirène, choisi par Léopold Franckowiack pour veiller sur son œuvre... Mais le professeur d'EPS affirme également avoir été choisi par l'œuvre elle-même. "Quand on l'a mise en mer en mars 2006, j'ai réalisé que j'avais perdu mon alliance. Je l'ai retrouvée aux pieds de la sirène. C'est là qu'on s'est dit que c'était peut-être elle qui m'avait choisi. Et c'est là que Léopold m'a dit « c'est toi qui t'en occuperas, tu as à charge la sirène »."

Quand on l'a mise en mer en mars 2006, j'ai réalisé que j'avais perdu mon alliance. Je l'ai retrouvée aux pieds de la sirène. C'est là qu'on s'est dit que c'était peut-être elle qui m'avait choisi.

David Godin, restaurateur de la sirène

La mise en beauté annuelle

Mais la première fois que David a sorti la créature de l'eau, il s'est aperçu qu'elle se trouvait très mal en point.

Percluse de fissures, la peinture écaillée... À ce stade, sans intervention, la sirène n'aurait pas survécu bien longtemps. David a donc appelé le créateur de l'œuvre, qui lui a donné carte blanche pour la restaurer. "Je n'avais jamais fait ça, donc je suis allé prendre des conseils à droite, à gauche et j'ai fait une première peinture de la sirène en 2010." Financièrement, le gardien parvient à acheter le matériel de restauration, estimé à 800 euros, grâce aux dons d'habitants de Dunkerque ou d'associations locales. En 2021, il a d'ailleurs créé l'association "Les Amis de la Sirène de Dunkerque" avec quelques passionnés.

Tous les ans, le professeur improvisé artisan s'attelle donc à rafistoler sa dame, éprouvée par une année exposée aux embruns, au vent, à la pluie et aux fientes de goélands, qui abîment sa couleur et sa structure. "Sa couleur se ternit, c'est normal, mais cette année il y a surtout des fissures qui sont apparues au niveau de ses bras et de ses jointures, c'est ça le plus grave." Les fissures sont le fléau des sculpteurs, c'est à cause de ces failles, parfois microscopiques, que l'eau s'infiltre dans la statue et fait sauter la matière.

Une icône dunkerquoise

Installée sur la table d'opération, la sirène est scrutée par David, millimètre par millimètre, pour traquer chaque micro-trou qui la dévore. Avec de la résine mélangée à de la fibre de polyester, il vient combler les cavités pour reconstruire, remodeler certaines parties. "J'essaie de réparer au mieux ce qui a été sculpté avant pour qu'elle dure le plus longtemps possible."

Tenir dans le temps, pour que la sirène perdure et puisse enfin être reconnue comme un morceau à part entière du patrimoine de Dunkerque. "Elle représente l'entrée du port de Dunkerque, le côté maritime de la ville, mais aussi son côté féminin. L'image symbolique de la ville reste le corsaire Jean Bart, il était donc important qu'il y ait aussi une dame en mer."

Elle représente l'entrée du port de Dunkerque, le côté maritime de la ville, mais aussi son côté féminin. L'image symbolique de la ville reste le corsaire Jean Bart, il était donc important qu'il y ait aussi une dame en mer.

David Godin

Il est vrai, les plaisanciers du port de Dunkerque attendent impatiemment le retour de leur sirène. Jacques Lefebvre fait partie de ces plaisanciers pour qui la sculpture évoque toute une histoire, des habitudes et un patrimoine. "La sirène c'est un incontournable. Si elle n'est pas là, tout de suite on est étonné, on se demande ce qu'il s'est passé." Dès qu'elle est relâchée en mer, après avoir retrouvé sa forme et ses couleurs, Jacques en profite pour aller l'admirer avec des amis. "Je ne vois pas Dunkerque sans sa sirène, c'est pas possible... C'est un vrai repère pour nous."

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