Il est de retour aux Sables d'Olonne. Thomas Ruyant est arrivé en 7e position, samedi 25 janvier 2025 à 05h49. Le skipper dunkerquois a passé 75 jours, 16 heures et 47 minutes en mer, lors de ce tour du monde qui ne lui a pas fait de cadeaux.
Il a franchi la ligne d'arrivée en fin de nuit, à 5h49. Mais Thomas Ruyant a dû patienter au large que la marée remonte pour pouvoir remonter le chenal du port des Sables d'Olonne. Une foule importante est venue acclamer le Dunkerquois, un peu après midi.
Jusqu'au bout, il aura dû batailler. Les dernières heures ont visiblement été difficiles pour le skipper, bien content de toucher enfin terre après plus de 75 jours en mer. Un peu plus tard, il confiait : "Je savais qu'il y aurait du monde à l'arrivée. Ça fait chaud au cœur. Parce que l'arrivée cette nuit, elle était un peu bizarre. Un peu tout seul au large, sous la pluie, pas de vent, on a bien fait d'attendre ce matin pour voir tout ce public et retrouver l'équipe".
Dans un premier temps, à bord de Vulnérable, Thomas Ruyant a retrouvé ses proches et son équipe qui l'accompagne depuis 3 ans dans la préparation de ce Vendée Globe. Un tour du monde éprouvant, ce qu'il a confirmé lors de ses premiers mots aux journalistes sur place : "Ça n'a pas été tout le temps un chemin de croix ! Cette course elle a été dure mais elle a été dure pour tous les marins. Chacun a eu son lot de soucis et c'est ce qui fait le sel de cette course. Maintenant, c'est sûr que la remontée de l'Atlantique, il y a eu des cartes météo pas faciles à jouer, des avaries, il a fallu faire avec tout ça. Mais je suis hyperfier d'avoir terminé, d'être arrivé ici en gardant l'énergie que je voulais mettre du début à la fin".
Hyperfier
Un des mots qui est revenu dans la bouche du skipper est sa fierté. D'avoir ramené son bateau en bon état, d'avoir fini la course. Même s’il avoue que : "Le résultat sportif n'est pas celui qu'on espérait en partant. On m'aurait donné ma place au départ, je n'aurais pas signé. Ça aurait été dommage. Au final, ça a été une belle course, avec de la régate à tous les étages, j'ai pris beaucoup de plaisir parfois moins ! Mais c'est ça aussi que l'on va chercher sur un tour du monde". Il conclut, submergé par l'émotion : "Il ne faut rien regretter, on ne peut pas être déçu sur un tour du monde. Je n'ai pas envie d'avoir d'amertume, parce qu'on a mis toute l'énergie du début à la fin, de la construction du bateau à l'arrivée de cette course, je n'ai pas baissé mon niveau d'intensité, je suis fier de ça".
Je n'ai pas envie d'avoir d'amertume, parce qu'on a mis toute l'énergie du début à la fin, de la construction du bateau à l'arrivée de cette course, je n'ai pas baissé mon niveau d'intensité, je suis fier de ça.
Thomas Ruyant
La Course
Le 10 novembre 2024, entouré d'une foule immense le long des quais, des plages des Sables d'Olonne, Thomas Ruyant démarrait un tour du monde qu'il lui réservait de sacrées surprises. Seraient-elles bonnes ou mauvaises ? Il ne le savait pas encore, ému alors de voir tant de spectateurs présents. Il déclarait alors : "On n’a pas l’habitude de ça dans les courses au large, on n'est pas des footballeurs ! Là, on est dans un stade, c’est incroyable".
Le skipper de Vulnérable faisait partie des favoris de cette 10e édition du Vendée Globe. Déjà vainqueur de la Transat Jacques Vabre et de la Route du Rhum, le Dunkerquois était redouté par ses concurrents.
Des vents contraires
Dès les premiers jours de course, Thomas Ruyant subi les premières déconvenues. Une voie d'eau à l'avant de son monocoque le contraint à écoper régulièrement avant qu'il n'arrive à la colmater. Là le Dunkerquois reprend de la vitesse et franchi l'Equateur en bonne position.
Malgré ces difficultés, il est resté dans le peloton de tête grâce à une régularité et des choix stratégiques payants. Il prend même brièvement la tête de la flotte.
Il ne le sait pas encore mais la course va se jouer début décembre. À ce moment-là, les Imoca affrontent une grosse dépression. Le nordiste joue la carte de la prudence, les leaders eux prennent le large. Il sera impossible de les rattraper.
Pour autant, le skipper ne va rien lâcher. Après 47 jours de mer, en solitaire, Thomas Ruyant passe le cap Horn pour la seconde fois de sa vie. Une belle émotion le traverse, les albatros le saluent pour l'occasion. À bord de Vulnérable, il quitte les mers froides du Sud pour entamer la remontée de l'Atlantique.
Des galères jusqu'au bout
Début janvier, les vœux de ses supporters ne sont pas exaucés. Un grain violent et imprévisible a raison de sa voile avant et de ses ambitions. Son "J2" est détruit. Le Vendée globe est définitivement perdu au large de l’Uruguay.
Mais encore une fois, le nordiste fait preuve de courage et de résilience. Il se bat jusqu'au bout et double encore certains de ses concurrents. À quelques heures de l'arrivée, il déclare : "Ça fait un peu drôle de se dire que ça fait 75 jours qu’on est parti. Je suis pressé d’arriver, je suis bien cramé par les deux jours qui viennent de se passer dans la brise. Je suis pressé de retrouver mes proches, l’équipe, la famille. Je serais là vers minuit, je ne vais pas attendre la marée de demain matin, j'espère."
Jusqu'aux derniers milles, la mer et les vents lui auront joué des tours. Thomas Ruyant a finalement franchi la ligne d'arrivée à 5 h 49 en 7e position.
Après un abandon en 2016 et des problèmes techniques en 2020 avec à la clé une 6e place, son résultat cette année est le signe d’une détermination à toute épreuve à bord de son bateau baptisé "Vulnérable".