Embarqué sur le fringant monocoque à foils "LinkedOut", le Dunkerquois Thomas Ruyant a pris ce matin la 2è place au classement général du Vendée Globe après 10 jours de course.
Avec le groupe de tête, il fonce vers le redouté "Pot-au-Noir", premier juge de paix de ce tour du monde en solitaire.
On s'y attendait... Lancé cette nuit à la poursuite de l'éblouissant vétéran Jean Le Cam ("Yes We Cam"), Thomas Ruyant et son IMOCA ultra-moderne, est passé ce matin devant le vieux voilier de l'ancien skipper de Bonduelle.
Au classement de 14h, "LinkedOut" pointait à 88 milles nautiques (163 km) du leader, "Hugo Boss", barré par le Gallois Alex Thomson.
Dans la vacation radio de la mi-journée, le marin nordiste a exprimé sa satisfaction.
" Je suis toujours assez rapide, ça commence à bourgeonner un peu à l’approche du Pot au Noir, on y est quasiment : il y a déjà quelques petits grains qu’on peut bien voir sur les images satellites. Je regarde assez régulièrement pour essayer de trouver un petit passage. Ça n’a pas l’air trop actif mais on ne sait jamais à quelle sauce on va être mangé, c'est un peu la surprise à chaque fois."Pot-au-Noir au programme de @ThomasRuyant, deuxième du @VendeeGlobe avec @LinkedOut_VG plus de 500 milles hier ! https://t.co/bqi3u0Gdlm
— ScanVoile (@ScanVoile) November 17, 2020
Sur les conditions météo, il explique:"là je commence à avoir vraiment chaud, ce n’est pas les conditions que j’aime le plus. Dans le bateau c’est vite la fournaise avec en plus les charges moteur. Mais on est sur un bon angle pour aller vite avec nos bateaux donc ça reste super pour naviguer. J’ai 18/20 nœuds, je suis à 110/120 degrés du vent. Ce sont des conditions rapides et agréables même si parfois, c’est un peu sauvage car ça accélère fort."
Les premiers poissons volants
"Il y a eu des nappes de sargasses au Cap-Vert : il n’y avait jamais eu ça avant !", raconte encore le Dunkerquois." Je suis passé dedans à plusieurs reprises, c’est vraiment inquiétant. Heureusement, il y a toujours des poissons volants, j’en ai chaque jour quelques-uns dans les filets qui empêchent les écoutes de partir dans l’eau. Ce matin j’en ai deux, la pêche est bonne !L'équateur franchi mercredi ?
La suite, c'est la traversée du Pot-au-Noir, cette zone de convergences tropicale où les orages succèdent aux brutales absences de vent.Les observateurs météo de la course constatent ainsi que "les modèles ne montrent pas de gros calmes mais on voit tout de même de nombreuses zones avec de la pluie, des grains et quelques orages. Les premiers devraient donc avoir des conditions très irrégulières durant les prochaines 36 heures.
Les premiers concurrents du Vendée Globe devraient sortir de cette zone compliquée et toucher l’alizé de Sud-Est dès le mercredi 18, juste avant de franchir l’équateur."
La prochaine nuit pourrait donc être riche en surprises. Mais pour l'instant, tout va bien pour Thomas Ruyant qui a parfaitement géré sa course depuis le départ des Sables d'Olonne le 8 novembre.
LE POT-AU-NOIR, QU'EST-CE-QUE C'EST ?
Depuis deux jours, on parle du "Pot-au-Noir", dans lequel sont arrivés les premiers du Vendée Globe.
Il s'agit d'une zone de l'océan Atlantique située à proximité de l'équateur et où convergent les alizés venus des tropiques.
Cet endroit, à la météo très instable (on peut y passer en peu de temps d'un calme plat total à des vents inconstants en force et direction jusqu'à un orage extrêmement violent) est caractérisé par une formation fréquente de cumulo-nimbus, ces très gros nuages à la forme d'enclume en haute altitude, très noirs à la base, et sous lesquels les orages violents sévissent.
Les scientifiques eux parlent de "zone de convergence intertropicale. C'est une ceinture de quelques centaines de kilomètres du nord au sud, de zones de basses pressions entourant la Terre près de l'équateur1.
Elle est formée par la convergence des masses d'air chaudes et humides anticycloniques provenant des tropiques portées par les alizés1. Elle est caractérisée par des mouvements convectifs des cellules de Hadley et, en règle générale, par des formations importantes de cumulonimbus".
En clair, c'est endroit particulièrement redoutée par les marins qui l'ont ainsi baptisé. Pas spécialement dangereuse, mais impossible à maîtriser, car en quelques heures, les concurrents peuvent affronter un orage violent, puis tomber juste après dans une période sans vent (la pétole), et ne plus avancer.
C'est pourquoi on parle aussi d'une "passage à niveau", qu'il faut à tout prix passer avant que la barrière ne se referme. Sans quoi, la reculade au classement est immédiate et les nerfs de marins impuissants face à cette situation sont mis à l'épreuve.