Une étude de l'Insee révèle que des zones d’emploi du bassin minier sont sous l’influence de la métropole lilloise. Celles situées dans le sud de l’Oise bénéficient du rayonnement de Paris. Sur le littoral et à l’est de la région, les salaires versés dépendent plus qu’ailleurs des établissements qui y sont implantés.
C'est ce que nous apprend la dernière étude de l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) : le pôle d’emploi de Lille, le plus grand de la région, s'avère le principal moteur de création de richesse des Hauts-de-France. Si elle ne rassemble que 15% de la population régionale, cette zone concentre le quart de la richesse régionale dégagée, soit environ 30 milliards d’euros en 2019.
Un peu moins de la moitié des travailleurs lillois résident en périphérie de la métropole. Alors qu'à l'inverse, 30% des salaires des résidents de la zone d’emploi de Lille proviennent de l’extérieur.
De nombreux échanges de travailleurs entre Lille et le bassin minier
Un second constat se dégage de l'étude : une part importante des travailleurs de Béthune, Lens, Douai et Roubaix-Tourcoing résident à Lille. Par exemple, 45% des résidents de Roubaix-Tourcoing travaillent en métropole lilloise. Inversement, beaucoup de Lillois travaillent également dans ces zones.
Les échanges d'actifs sont également importants entre Cambrai et Valenciennes et Calais et Dunkerque. Malgré ces échanges, les territoires du bassin minier restent peu attractifs pour les Lillois. Les plus qualifiés d'entre eux viennent travailler à Béthune, Lens, Douai mais préfèrent vivre ailleurs.
Paris influence Ie sud de la région
Les territoires de Creil, Soissons et Château-Thierry sont, selon l'étude, sous influence de la métropole parisienne. Plus de la moitié de leurs revenus salariaux sont ainsi captés depuis l’extérieur. Ces zones d'emploi constituent donc des territoires résidentiels : on y constate moins de 7 emplois pour 10 actifs résidents.
Si ces villes peuvent être comparées à Béthune, Lens, Douai (là aussi influencées par une métropole, celle de Lille), le niveau de vie médian de leurs habitants y est nettement supérieur. Il atteint, par exemple, 22 370 euros dans la zone de Creil, qui se situe en deuxième position après Lille (22 550 €) et bien loin devant Roubaix-Tourcoing (19 190 €).
Des flux de richesse moins importants à Dunkerque, Boulogne-sur-Mer et dans l’Avesnois
Toujours selon les données de l'Insee, Dunkerque et Valenciennes seraient plutôt dirigées vers la sphère productive (représentée par l'industrie, l'énergie, les services aux entreprises, le transport de marchandises, le commerce de gros et une partie des activités immobilières). Ces activités représentent respectivement 50% et 43% de la richesse dégagée.
Ces territoires se caractérisent surtout par une relative « autonomie » : les travailleurs sont rémunérés par des entreprises implantées sur place. Par exemple, les trois-quarts des salaires perçus par les résidents de Dunkerque proviennent d’établissements localisés au sein de la zone d’emploi. Cette proportion est également importante à Maubeuge, Saint-Quentin et Boulogne-sur-Mer (respectivement 72%, 69% et 70%).
Enfin, Arras, Amiens, Laon, Berck et Abbeville ont une économie largement orientée vers la sphère présentielle (qui représente les activités visant la satisfaction des besoins des personnes présentes dans la zone, comme le service à la personne ou le commerce par exemple). Dans les trois premières communes, cela s’explique par le poids de l’emploi public. À Berck et Abbeville, cette surreprésentation est due à la plus forte présence des retraités et par une économie qui repose sur le tourisme.
Autre variable : la redistribution
Dans la région comme au niveau national, les salaires représentent en moyenne les deux tiers du revenu des ménages. Ils sont complétés par d’éventuels revenus de transferts, prestations de retraite ou revenus du patrimoine.
Les prestations et minima sociaux représentent ainsi jusqu’à 11,2% à Lens, 11% à Maubeuge, 10% à Valenciennes, 9% à Saint-Quentin et Béthune, 8,5% à Cambrai contre 8% en moyenne régionale. À l’inverse, la proportion de revenus issus de la redistribution est moindre à Château-Thierry avec un maximum de 6,8%.