A Gœulzin dans le Nord, une centrale hydroélectrique installée à l'emplacement stratégique d'un ancien moulin à eau permet de couvrir 90% des dépenses en électricité de la commune. Un modèle économique et écologique qui fait des envieux dans le reste de la région.
"On n'a rien inventé ! Les anciens le faisaient déjà, on a seulement rajouté un peu de technologie avec l'électricité !" s'exclame Francis Fustin, le maire de Gœulzin, qui a eu l'idée d'investir "la petite sensée", le nom du cours d'eau de sa commune, afin de produire de l'électricité verte. Au XVIe/XVIIe siècle, un moulin à eau dont il ne reste qu'une balustrade est le témoin de l'intérêt hydraulique de la rivière.
Imaginée dès 2014, sortie de terre en 2020, après de longues années d'expertises et de tests de faisabilité technique, la centrale hydroélectrique ressemble à un petit moulin. L'endroit est bucolique et serait même devenu, grâce à cette centrale, une attraction touristique. Mais l'attrait est surtout d'ordre financier, car l'édifice lui permet de faire de sacrées économies :
"A l'époque, en 2014, les estimations prédisaient un prix du kilowattheure multiplié par trois en 2030. Ils se sont trompés, on est plutôt à x5, x6 ou x7 en 2023 !"
Francis Fustin, maire de Gœulzin
Aujourd'hui, la centrale tourne en toute saison, et en été, produit plus que la ville ne consomme. Les excédents produits sont alors revendus.
Des gains qui permettent d'investir dans les infrastructures de la commune. Les lampadaires ont été changés pour des ampoules à LED, moins gourmandes en énergie, le centre culturel a été rénové, l'école est désormais fournie en tablettes et en tableau interactif. Enfin, les impôts n'ont pas été augmentés depuis huit ans.
Une électricité 100% verte
Après un investissement initial de 320 000 euros, le cercle vertueux ne s'arrête pas là. Les économies réalisées sont sans cesse réinvesties. Un grattoir sera installé afin que les feuilles tombées de l'automne ne viennent plus obstruer l'arrivée d'eau de la centrale. Le maire espère ainsi optimiser au maximum les rendements à l'année.
L'objectif est d'atteindre l'autonomie totale en électricité, grâce à un mix énergétique. D'ici la fin de l'année, des panneaux photovoltaïques viendront compléter le dispositif. 100 000kwh/an devraient être produits, soit l'intégralité des besoins en électricité de la commune (infrastructures, cantine et éclairage public).
"Une économie estimée à 73 000 euros par an, c'est 10% du budget de la ville de Gœulzin, c'est énorme !" se félicite le maire.
Un modèle économique qui fait des envieux
Ce jour-là, Francis Fustin avait rendez-vous avec des élus de l'agglomération du Douaisis. Curieux du modèle éco-responsable de la centrale, ils venaient visiter les lieux pour peut-être s'en inspirer.
A Merville également, des moulins à eau ont laissé leur empreinte. Une vieille bâtisse imposante, une minoterie, surplombe la vallée de la Lys. Ici aussi, Joël Duyck, le maire de la ville, en est persuadé, une centrale hydroélectrique peut peut-être s'installer. Pour preuve, les Voies Navigables de France (VNF) ont déjà aménagé leur barrage.
Cette idée a germé dans son esprit à la suite de la visite qu'il a rendu à son collègue de Gœulzin. "Ce qu'a fait M. Fustin, je crois qu'on peut le faire dans des tas d'autres endroits en France. Je pense que la force motrice de l'eau n'est pas assez exploitée !"
Le maire de Merville a déjà investi dans la rénovation de la centrale photovoltaïque, qui fournit aujourd'hui 200 foyers. Avec cette centrale, qui ne verrait pas le jour avant 2030 selon lui, il pourrait tendre vers l'autonomie énergétique. "Avec la conjoncture économique, les élus ont intérêt à se soustraire à la dépendance envers EDF et des autres acteurs du secteur, c'est une voie à explorer pour éviter de subir les fluctuations du prix de l'énergie qu'on a connues l'hiver dernier."
Une voie à explorer, en concertation avec les propriétaires des lieux, VNF, avec qui le maire dit déjà être en contact, avant d'espérer pouvoir bénéficier de cette électricité verte et durable.