Un premier autocar a quitté Grande-Synthe et pris la route de Centres d'accueil et d'orientation (CAO) mercredi à la mi-journée, avec à son bord des migrants sans abri durable depuis le gigantesque incendie qui a détruit le camp de la Linière dans la nuit de lundi à mardi.
A 40 km à l'est de Calais, se dessinait en plus réduite, dans l'improvisation imposée par les circonstances, une opération analogue à celle conduite fin octobre pour acheminer dans des CAO environ 6.000 migrants de la "Jungle" de Calais au moment de son démantèlement. Les trois-quarts des chalets en bois du camp ont été réduits en cendres par les multiples départs de feu qui avaient embrasé la quasi totalité du camp, à la suite
de violentes bagarres survenues entre Kurdes irakiens et Afghans. Les protagonistes ont été séparés avec difficulté par les forces de l'ordre.
Sur le parking du gymnase Victor Hugo, des agents de l'Office français d'immigration et d'intégration (Ofii) ont fait patienter des migrants. "Oui, un bus va venir, il va vous emmener dans un centre vers Lille", dit l'un d'entre eux, les mains sur un volant imaginaire pour bien se faire comprendre de son interlocuteur. "Quand ?". Je ne sais pas!", répond-il.
Dans le Nord et l'Aisne
Finalement, vers 13h, un autocar a emmené 29 personnes, des hommes seuls, vers deux CAO du Nord (Douai, Aniche). "Je n'ai aucune idée de ce qui va m'arriver", a confié l'un d'eux, Edrees, un étudiant kurde de 25 ans qui fait une demande d'asile en France il y a neuf mois. 46 autres migrants, devaient partir pour l'Aisne (Laon, Essômes-sur-Marne), selon le sous-préfet de Dunkerque Eric Etienne, présent sur place. Soit 75 au total. "Nous commençons par les hommes seuls car la typologie des places disponibles ne correspond pas aux familles", précise une porte-parole de la préfecture.
Selon un communiqué des ministères de l'Intérieur et des transports, "l'objectif est de pouvoir accueillir rapidement toutes les personnes sinistrées sur tout le territoire français et leur permettre d'entrer dans le parcours de la demande d'asile". A cette fin, les ministres Matthias Fekl et Emmanuelle Cosse, qui s'étaient rendus à Grande-Synthe la veille, "vont demander aux Préfets (...) d'accélérer la mise à disposition de places" en CAO, via "une visioconférence exceptionnelle ce mercredi".