Grâce à sa caméra de surveillance, la boulangerie Delespierre, à Wasquehal, a capté le vol de sa boîte à pourboires, le 21 novembre. Au-delà de la faible somme présente, les gérants, choqués "par ce manque de respect", ont publié la photo sur Facebook, en dissimulant le visage du malfaiteur, un adulte.
Ce n'est pas pour le préjudice et la somme perdue qu'elle a décidé de publier cette photo. Si Prycilia Delestaume, co-gérante de la boulangerie Delespierre, à Wasquehal, a fait le choix de diffuser l'image de l'homme qui vole sa boîte à pourboires - en prenant soin de dissimuler son visage par une émoticône, c'est pour le "principe". Car pour elle, de toute manière, cette boîte, "ne reviendra jamais".
La scène s'est déroulée jeudi 21 novembre, à 16 heures, en pleine journée. "L'homme s'est introduit dans le magasin quand il n'y avait personne avant de repartir en courant", explique la boulangère. C'est en constatant que la boîte avait disparu qu'elle regarde les images de la caméra de surveillance située derrière son comptoir pour identifier le voleur.
Des pourboires pour les employés
"Elle venait d'être vidée il n'y a pas longtemps, il y avait quoi, cinq euros peut-être ?, raconte Prycilia Delestaum, dépitée. De l'argent donnée par les clients et "reversées aux quatre employés à la fin de chaque mois". "C'est un geste surprenant, je n'apprends pas cela à mes enfants moi", dit-elle. C'est la première fois qu'elle constate une incivilité pareille, en dehors de quelques chapardages de bonbons par des enfants. "Mais eux, on les reprend sur le fait."
Face à ce "manque de respect", les propriétaires décident de partager une capture d'écran de la vidéo surveillance sur la page Facebook de leur boulangerie, avec le message suivant : "Monsieur, merci de ramener la petite boîte à pourboires que vous avez sûrement dû oublier de reposer... Vous avez été filmé..." Phrase ponctuée d'un émoticône médusé.
Tout le quartier a été mis au courant, ça parle entre les clients. On nous demande si la boîte est revenue.
Prycilia Delestaum, co-gérante de la boulangerie Delespierre
La publication est largement relayée, avec plus de 70 partages. "Mais quelle honte", "navrant et lamentable", peut-on lire parmi les 32 commentaires laissés sous la photo. "Tout le quartier a été mis au courant, ça parle entre les clients, observe Prycilia Delestaume. On nous demande si la boîte est revenue." Une semaine après le larcin, ce n'est toujours pas le cas.
Diffuser la photo des voleurs, une pratique courante
Sous la publication Facebook, un internaute écrit : "il faudrait afficher son visage." Une manière d'accuser publiquement l'auteur présumé des faits pour se faire justice soi-même. Sauf que ce procédé est interdit par la loi et réprimandable. "Est puni d'un an d'emprisonnement et de 45 000 euros d'amende le fait, au moyen d'un procédé quelconque, volontairement de porter atteinte à l'intimité de la vie privée d'autrui", est-il mentionné dans l'article 226-1 du Code pénal.
Ce vol à la boulangerie Delespierre fait écho à une actualité similaire à la brasserie "Chez Dan & Béa", à Cambrai, victime d'un "resto-basket" le 11 novembre 2024. Les gérants ont également diffusé une photo anonymisée des trois voleurs pour dénoncer l'acte mais aussi exercer un moyen de pression pour les inciter à venir "régler l'addition" sans quoi les gérants annonçaient qu'ils de porteraient plainte. La librairie Lison, à Lille, avait opéré la même démarche en décembre 2023 pour retrouver ses livres dérobés.
Les propriétaires de la boulangerie Delespierre ont décidé de ne pas porter plainte. "J'ai assez de travail comme ça, je n'ai pas envie de prendre du temps pour ça", explique Prycilia Delestaum.
