Un mois après les inondations à Balinghem dans le Pas-de-Calais, un jeune couple de maraîchers attend que l'eau finisse de s'évacuer pour pouvoir envisager l'avenir.
À Balinghem, dans le Pas-de-Calais sont tombés les deux tiers de la pluviométrie annuelle en un mois. Face à leur parcelle cultivée mais noyée, Constanza et Camille Dezecache scrutent la décrue. Installés il y a deux ans, ils sont encore en phase de développement. Les inondations marquent un coup d'arrêt brutal à leur activité.
Les conséquences sont catastrophiques, l'odeur des choux en décomposition est : "très désagréable", constate Contanza. Toute la récolte est gâchée. "Ça, c'est un chou d'hiver, détaille Camille Dezecache, normalement il reste en terre jusqu'au mois de février, mars. Puis petit à petit, nous les récoltons selon les besoins." Mais, après un mois sous l'eau, le chou s'écrase avec une facilité déconcertante sous la botte de Camille.
Le jeune couple de maraîchers est installé dans l’ancien delta de l’Aa dans ce vaste réseau de canaux et d’étangs transformé début novembre en un gigantesque lac.
Au début, ils ont tout fait pour sauver ce qui pouvait l’être, récoltant en barque leurs légumes avant de renoncer. L'émotion encore vive, Constanza retrace :"Il y a deux semaines, nous avons compris que c'était mort et nous éprouvons beaucoup de tristesse."
Huit mille euros de perte sèche et peu de rentrées d’argent pour un moment.
Et les assurances ? Camille rétorque : "Les assurances ne veulent pas assurer ce type d'exploitation en maraîchage diversifié, car il y a trop de cultures sur des petites surfaces. Cela met aussi un gros coup de frein sur la dynamique qui était bonne, on commercialisait de plus en plus, et nous travaillions localement avec des restaurants."
Cette idée de gérer le problème localement ne tient pas debout !
Camille DezecacheMaraîcher Bio
Pourtant, les fossés ont bien été curés cette année. Pour nos maraîchers, les mesures locales ne seront pas suffisantes à l'avenir. Et pour cause :"Il y a eu de l'urbanisation, de l'artificialisation des sols, qui font que le problème ne fait que s'aggraver," accuse Camille Dezecache. "Et par-dessus tout cela, il y a le changement climatique qui va faire que le niveau de la mer va monter, le niveau de pluviométrie extrême augmentera aussi. Cette idée de gérer le problème localement ne tient pas debout."
Lancement de la cagnotte
Le couple s’est résolu à faire une cagnotte en ligne, histoire de pouvoir acheter des semences pour redémarrer."C’est joli de voir des gens qui nous disent que pour eux c'est un investissement, de vouloir s'assurer que l'on continue à exister pour qu'ils puissent continuer à manger de bonnes choses." reconnaît Camille. "L'idée n'est pas de faire une cagnotte tous les ans ! Et sur du long terme, il faut que ça tourne."
Camille et Constanza comptent replanter en janvier dans les serres pour avoir un peu de légumes frais à proposer au printemps. À condition qu’il s’arrête enfin, durablement de pleuvoir.