Dans un entretien donné au Figaro le 11 Juillet, le PDG de Nestlé France, Christophe Cornu, a présenté des excuses dans l'affaire des pizzas contaminées à la bactérie E.Coli. Une communication qui ne convainc personne du côté des victimes.
Une communication qui passe mal, plus de quatre mois après le début du scandale. Dans les colonnes du Figaro, ce 11 juillet, le PDG de Nestlé France, Christophe Cornu, a adressé l'affaire des pizzas Buitoni contaminées à la bactérie E.Coli. "Je veux aujourd'hui exprimer ma plus profonde compassion et présenter mes excuses", a-t-il déclaré, qualifiant le scandale de "drame humain, où des familles et des enfants sont touchés".
Le 30 mars, la Direction générale de la santé avait confirmé le lien entre les pizzas surgelées de la gamme Fraîch’Up produites par Buitoni et la recrudescence des cas de syndromes hémolytiques et urémiques (SHU) chez des enfants, liés à la bactérie E.coli. Deux enfants sont morts des suites de cette contamination et, dans les Hauts-de-France, une dizaine d'autres avaient dû être hospitalisés. L'usine de Caudry, dans le Nord, chargée de cette production, ferme dans la foulée. Assez vite apparaissent des accusations de négligence concernant l'hygiène du site. Le parquet de Paris a ouvert une enquête quelques jours plus tard, notamment pour les chefs de "tromperie" et "homicide involontaire".
Jusque-là, le groupe Nestlé, propriétaire de la marque Buitoni, était resté très discret, se bornant à des communiqués affichant sa collaboration avec la Justice. En plus de ses excuses surprise, le PDG Christophe Cornu annonce aussi les création d'un fonds de soutien aux victimes du SHU", un syndrome grave contracté au contact de E.Coli, sans préciser le montant de la dotation. "Il ne se substituera en rien aux indemnisations que la justice pourrait décider. Mis en place le 1er septembre, il sera administré par un tiers de confiance, une association que nous sommes en train de choisir. Il permettra d'apporter une aide à ces familles touchées, qui, au-delà de la souffrance, sont aussi peut-être confrontées à des difficultés financières, comme des pertes de revenus", a développé Christophe Cornu. Le PDG a également assuré que l'enquête interne pour identifier l'origine de la contamination bactérienne était toujours en cours, et s'est désormais portée sur les farines utilisées.
"Ces excuses n'effaceront rien sur le plan pénal"
Chloé P., une mère du Pas-de-Calais dont le fils a été touché, ne décolère pas après les propos de Christophe Cornu. "Il présente ses excuses car il sait très bien qu'il est mal barré. Ce n'est pas dans la presse qu'il doit s'excuser, c'est auprès des parents ! Ces excuses sont faciles, et c'était au début qu'il fallait les faire. Deux gamins sont morts, d'autres ont failli mourir. J'ai failli perdre mon fils, ses excuses, je m'en fous ! Il va mieux, mais on ignore s'il y aura des séquelles. Il se prive de tout ce qu'il aime, actuellement. Donc là, c'est trop facile. Je suis révoltée, et je pense que tous les parents le seront."
"Nous sommes très étonnés de ces excuses, que le PDG sorte enfin de son silence, si tardivement, abonde Me Legrand, avocat de plusieurs familles de victimes constituées parties civiles. Peut-être ont-ils découvert de nouvelles choses, nous, le dossier de l'instruction ne nous est pas accessible. Ces excuses n'effaceront rien sur le plan pénal, sur ce qu'il s'est passé. L'indemnisation des victimes, nous allons y faire extrêmement attention. Nous sommes déjà curieux de connaître les montants qui seront proposés, en espérant qu'ils ne seront pas dérisoires. On constate aussi que ce fonds concerne les personnes qui ont eu des SHU, mais il faut être vigilant à obtenir l'indemnisation de toutes les victimes. Là, ça reste limité" souligne l'avocat.
Le dépôt de parties civiles se poursuit dans le cadre de cette affaire, avec quelque dix familles qui devraient se constituer dans l'affaire Buitoni.