La fièvre catarrhale ovine de stéréotype 3 (FCO-BTV-3) continue de se répandre dans le nord de la France. Pour enrayer cette propagation, le ministère de l'Agriculture a lancé ce lundi 12 août une "campagne de vaccination volontaire ciblée". Un soulagement pour beaucoup d’éleveurs, mais qui soulève d’autres inquiétudes.
Si elle n'affecte pas les êtres humains ni les denrées alimentaires, les cas de fièvre catarrhale ovine ne cessent de se multiplier dans les élevages cet été. Aussi appelée "maladie de la langue bleue", elle touche majoritairement les moutons, mais aussi les bovins et les chèvres, pouvant aller jusqu’à entraîner la mort des ruminants contaminés.
Elle se transmet essentiellement par des piqûres de moucherons et se manifeste par de la fièvre, des troubles respiratoires, des salivations ou même des œdèmes. Si sa détection n'entraîne pas pour autant l'abattage des bêtes, elle est tout de même lourde de conséquences pour les éleveurs.
Pour enrayer la propagation du nouveau variant (stéréotype 3 FCO-BTV-3) découvert début août dans le nord de la France, le ministère de l'Agriculture a annoncé fin juillet la création d'une zone régulée et a également accéléré sa campagne de vaccination volontaire ciblée commencée ce lundi 12 août, moins de 15 jours après l'apparition du premier cas en France, dans un élevage près de Maubeuge.
Communiqué | Fièvre catarrhale ovine : la France accélère le démarrage de la campagne de vaccination volontaire face à l’introduction du virus sur le territoire ⤵️ https://t.co/CAKBjS91qI
— Ministère Agriculture et Souveraineté alimentaire (@Agri_Gouv) August 10, 2024
Optimiser la vaccination pour éviter la pénurie
"Une seule dose est nécessaire pour les ovins, car ils sont immunisés trois semaines après l'injection. Mais les bovins, eux, ont besoin de deux doses délivrées à trois semaines d'intervalle", précise Marianne Labeur, vétérinaire à la clinique Eurolia à Ham, dans la Somme. "Pour le moment, nous avons reçu environ 2 000 doses et on a des appels tous les jours. La plupart des éleveurs sont inquiets, mais notre rôle est aussi de les rassurer."
Un flacon représente 50 doses, et une fois ouvert sa durée de vie ne dépasse pas 10 heures, donc à chaque déplacement, on essaye de couvrir le plus d'élevages possibles.
Marianne Labeur, vétérinaire
Si les stocks risquent d'être vite épuisés avant l'arrivée des prochaines commandes, Marianne et son équipe tentent d'économiser le maximum de doses. "Un flacon représente 50 doses, et une fois ouvert sa durée de vie ne dépasse pas 10 heures, donc à chaque déplacement on essaye de couvrir le plus d'élevages possibles", détaille la vétérinaire.
Si aucun cas n'a été détecté dans l'élevage de Benoît Smessaert, éleveur ovin à Catigny, dans l'Oise, il préfère ne prendre aucun risque. Rassuré d'avoir pu obtenir les doses nécessaires pour son troupeau de brebis, les effets de l'injection sur la reproduction le préoccupent. "J'ai fait le choix de ne pas vacciner l'ensemble de mon troupeau, car aujourd'hui aucune autorité sanitaire nous assure qu'il n'y a aucun risque pour des bêtes qui sont à plusieurs semaines de gestation. Bien sûr qu'il faut sauver les bêtes de cette maladie, mais il faut aussi qu'on ait des naissances en hiver", précise-t-il.
Certains éleveurs encore dans l'attente
À Mairieux, dans le Nord, Jean-Christophe Rufin, éleveur bovin, n'a pas encore reçu le vaccin. Au sein de son cheptel de près de 200 vaches, une vingtaine est déjà contaminée. Il constate les dégâts sans pouvoir agir. "Sur certaines vaches c'est flagrant, on voit très clairement que le museau a rougi et une croûte noire tout autour".
Si la fièvre catarrhale présente un danger mortel moindre pour les bovins, les risques sur la production laitière sont pourtant bien réels. "Pour l'instant, je désinsectise avec les produits recommandés, mais j'attends avec impatience le vaccin car il n'y a aucune autre solution.”
Au total, 6,4 millions de doses de vaccins (dont 1,1 million de doses pour les ovins et 5,3 millions de doses pour les bovins) seront fournies par l'État jusqu'au 31 décembre 2024. Elles seront gratuites pour les élevages en zone régulée.
Avec Anthony Halpern et Thomas Millot / FTV