Le propriétaire du château au cœur d'Esquelbecq, village préféré des Français en 2023, mise sur l'art contemporain dans ses jardins pour attirer les visiteurs et financer les travaux de rénovation.
À une vingtaine de kilomètres au sud de Dunkerque, le château d'Esquelbecq offre au regard sa silhouette typique de l'architecture flamande depuis cinq siècles. On le découvre aussi par la statue monumentale dans ses jardins, l'arrosoir d'Alice et son escargot géant, œuvres de l'artiste Philippe Thill. L'installation date de 2016, année du lancement de l'ambitieux chantier de restauration.
Loto du patrimoine, financement participatif, mobilisation de bénévoles, expositions dans le jardin, visites guidées... Johan Tamer-Morael, le propriétaire du château d'Esquelbecq, use depuis le milieu des années 2010 de tous les moyens pour poursuivre la rénovation et sauver le magnifique château dont il a hérité.
"On a choisi l'arrosoir puisque c'était emblématique par rapport à la restauration du jardin. Et c'était aussi finalement un élément qui se voyait de très loin de la place du village et qui permettait de dire bonjour, on est là."
Johan Tamer-Morael, propriétaire du château d'Esquelbecq
Dans les jardins, les visiteurs peuvent se promener à travers des sculptures qui émettent un son (chants d'oiseaux, de grillons, clochettes, ...). Il y a aussi un arbre dont on peut écouter le battement du cœur, œuvre du duo Scenocosme. Dans l'exposition "Paysage sonore", une quinzaine d'artistes convoque l'ouïe autant que le regard.
Le château avait été frappé par un mauvais sort, le 17 septembre en 1984 et fortement endommagé. À 6 h du matin, le village était réveillé par le bruit assourdissant de l'effondrement de la tour de guet, haute de 33 mètres, emportant dans sa chute une partie de l'aile nord. En 1987, inhabitable, il était inscrit à l'inventaire des monuments historiques, puis s'enfonça dans un long sommeil. Il faudra plus de trois décennies pour le ramener à la vie.
En 2017, grâce à l'énergie des bénévoles de l'association du château, le magnifique jardin de Renaissance flamande revit. Il devient la vitrine de cet immense chantier en accueillant les visiteurs.
L'édifice fait battre le cœur du village préféré des Français
Anne-Laure Cros, artiste et compagne du propriétaire Johan Tamer-Morael, feuilletone cette restauration du château et du parc sur la chaîne YouTube. L'association du château lui donne une visibilité sur les réseaux sociaux et va plus loin encore avec des produits dérivés, source de financement. Le château est sous la lumière de l'actualité. Les caméras de l'émission de Stéphane Bern lui ont même consacré une séquence cette année.
"Quand on fait des grands projets, par exemple le curage des douves, qui est une opération d'envergure, on a lancé une petite série à partir des images anciennes qu'on avait retrouvées qui datent de 1920. On a créé un mug vintage, un carnet et également on a cet aimant et on l'adore parce qu'à l'époque, on pouvait se baigner dans les douves. On voit un jeune homme plonger."
Anne-Laure Cros, artiste
Sauver le domaine, joyau de l'architecture flamande, acheté par sa famille en 1946 est un rêve qui prend des allures de croisade. Johan Tamer-Morael, châtelain des temps modernes, a emmené dans son sillage amis, bénévoles et compagne. Et senti que ce chantier titanesque devait inviter l'art au jardin comme compagnon d'une très longue route.
Reportage : F. Mabille de Ponchevillle / A. Morvan / R. Gellée / J. François / J. Dujardin / M. Graff
Enquêtes de Région : "Ma vie de château"
Mercredi 27 septembre à 23h05 sur France 3 Hauts-de-France
On compte 305 châteaux dans les Hauts-de-France, parmi les 3 200 édifices inscrits ou classés monuments historiques. Témoins d'histoire, porteurs de rêves, ils sont aussi parfois une lourde charge. Comment préserver ce patrimoine disparate et comment le financer ? Devenir châtelain est parfois un long chemin.
Présentation : Ophélie Masure