Législatives 2024. Ils ont déjà voté : les Français de l'étranger, plus mobilisés qu'en 2022

Les élections législatives débuteront ce dimanche pour la France métropolitaine. Mais celles-ci ont d'ores et déjà commencé pour les expatriés français, qui avaient jusqu'à ce jeudi midi pour déposer leur vote numériquement. Si certains ont préféré attendre de se rendre directement aux urnes dimanche, ce scrutin dématérialisé a connu un franc succès, en Belgique notamment.

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Parmi les 577 députés qui seront choisis les 30 juin et 7 juillet prochains, onze deviendront les élus des circonscriptions de l'étranger. Car depuis 2008, les expatriés français ont aussi des députés !

Toutes les parties du monde sont représentées et divisées en circonscriptions, dont la taille est proportionnelle au nombre de Français qui y résident. Par exemple, la Suisse représente la 6e circonscription à elle seule, avec 169 166 Français dénombrés en février 2024, tandis que le Benelux (Belgique, Pays-Bas, Luxembourg) doit regrouper trois États différents pour former la 4e circonscription.

Tout comme en Métropole, les expatriés sont invités à se rendre aux urnes dimanche prochain. Mais pour faciliter les démarches, une période de vote en ligne a été organisée du 25 au 27 juin midi. Une méthode de scrutin qui a rencontré un certain succès : le ministère des Affaires étrangères a annoncé la participation de 410 000 électeurs ces trois derniers jours. Un record par rapport à 2022, qui n'avait réuni que 250 000 votants.

Chez nos voisins belges par exemple, l'association des Français de Belgique ADFE a observé ce mercredi que 13% des électeurs avaient déjà donné leur voix. Un chiffre très positif selon Bruno Jean-Etienne, président de l'association, qui souligne une intention de participation des 117 000 expatriés bien plus élevée que pour les Européennes, voire même "que d'habitude".

Des bureaux de vote éloignés

Les Français de Belgique ont donc déjà fait savoir leur intention de participer à ces législatives. Même si certains attendent dimanche pour se rendre directement dans leur bureau de vote, où le scrutin "est étonnamment bien organisé" comme le relève Fabrice Homblé, installé de l'autre côté de la frontière depuis plusieurs années.

Depuis qu'il réside en Belgique, à chaque élection, Fabrice doit parcourir la distance qui le sépare de Tournai, où se trouve son bureau de vote. À l'étranger, pas de bureau au bout de la rue, toutes les urnes sont rassemblées dans les grandes villes, pour faciliter l'organisation du scrutin. C'est en partie pour cela qu'un mode de suffrage numérique a été instauré : pour faire valoir son droit de vote plus facilement, depuis son canapé.

Mais le temps de route ne dérange pas l'entrepreneur, qui préfère la méthode de vote traditionnelle, apparemment bien orchestrée. Il raconte : "Quand vous arrivez au niveau des bureaux de vote, il y a des panneaux avec des lettres qui correspondent aux noms de famille. Une fois le groupe alphabétique trouvé, on nous donne la direction, comme à droite au premier étage." Fabrice se souvient de son dernier vote, tout s'était déroulé avec fluidité, sans qu'il n'y ait de queue pour ralentir la procession.

Un vote en 3 minutes

D'autres personnes ne se sont même pas posé la question et ont directement opté pour l'expérience numérique. Mathieu Coquelle, ingénieur à Liège, a par exemple décidé de tester le vote via Internet, directement depuis son téléphone. L'ex-nordiste a donc déjà donné sa voix. "En avant-première" comme il s'amuse à dire.

Si le vote par internet pouvait devenir un standard peut-être que beaucoup de monde prendrait la peine de voter.

Mathieu Coquelle, expatrié français

Normalement, tout Français expatrié est inscrit au préalable dans le consulat le plus proche. En Belgique, le consulat français est basé à Bruxelles et possède déjà la liste des personnes pouvant voter lors de ces législatives. Dès lors, tout ressortissant souhaitant donner son vote numériquement reçoit un identifiant de connexion par mail et un mot de passe par SMS, pour s'enregistrer sur la plateforme dédiée au scrutin. Une fois connecté, il suffit de cocher un candidat ou une candidate pour sa circonscription et de valider son choix.

"Ça m'a pris moins de cinq minutes, je l'ai fait installer dans mon salon", raconte Mathieu, qui aurait dû faire une heure de route pour rejoindre son bureau de vote, et ajoute : "Si le vote par internet pouvait devenir un standard peut-être que beaucoup de monde prendrait la peine de voter."

Des intentions similaires à celles de la Métropole

En matière de politique, Bruno Jean-Etienne souligne que les expatriés ne votent pas différemment du reste de la France. Ils regardent généralement l'ensemble des programmes, avec tout de même une attention plus particulière portée sur l'accès au service publique et à la digitalisation ou à la convention fiscale franco-belge, souvent jugée trop opaque.

Fabrice et Mathieu abondent dans le sens du président de l'ADFE. "Je vis les élections comme si j'étais en France, peut-être parce que la Belgique est juste à côté, mais j'ai vraiment regardé les programmes comme si j'étais en Métropole. J'ai plus voté pour les gens qui habitent encore en France que pour les expatriés", raisonne Mathieu.

On sent qu'il y a beaucoup d'intentions, parce que le paysage politique va changer. On ne sait pas de quelle manière ça va bouger et on est tous inquiets ou dans l'observation.

Fabrice Homblé, expatrié français

Pour ces élections, l'association des Français du monde note tout de même qu'une thématique a pris de l'ampleur : celle de l'urgence autour des extrêmes. Surtout chez les frontaliers, qui ont vu la quasi-hégémonie du Rassemblement national (RN) lors des Européennes, comme un signal d'alarme.

"On sent qu'il y a beaucoup d'intentions de vote, parce que le paysage politique va changer", commente Fabrice, particulièrement concerné par ce qu'il se passe dans le Nord, puisque son entreprise se trouve toujours côté français. "On ne sait pas de quelle manière ça va bouger et on est tous inquiets ou dans l'observation. Surtout pour nous entrepreneurs, on sent que la thématique de l'insécurité pèsera beaucoup dans la balance."

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