Les élections législatives du 30 juin et du 7 juillet 2024 sont suivies avec attention par nos voisins frontaliers. Les Belges notamment, qui sortent eux aussi d'une élection législative (fédérale), observent la France s'agiter comme dans un feuilleton, qui fait à la fois rire par ses rebondissements et pleurer par son incertitude.
Quel parti remportera le plus de sièges à l'Assemblée nationale ? Quel groupe sortira victorieux de ces élections législatives prévues le 30 juin et le 7 juillet prochains ? Et surtout, sur les 577 sièges de députés, combien reviendront à l'extrême droite ? Des questions qui tiennent la France en haleine depuis la dissolution de l'Assemblée nationale, provoquée par la percée historique du Rassemblement national (RN) lors des dernières élections européennes.
La campagne des législatives fait rage depuis trois semaines dans chaque circonscription, laissant les Français exsangues, face à un scrutin décisif mais plus qu'incertain.
La presque bonne nouvelle, c'est que nous ne sommes pas les seuls à trembler à l'approche du premier tour : les pays frontaliers scrutent eux aussi ces législatives avec une grande attention. Nos voisins belges notamment, qui viennent tout juste de sortir d'une période d'élections législatives fédérales le 9 juin dernier (le même jour que la dissolution de l'Assemblée en France), sont particulièrement impliqués.
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La menace d'une victoire nationale
Pour les Belges aussi, la dissolution de l'Assemblée Nationale a été une énorme claque. Mais une claque en deux temps. Premièrement la Belgique n'a pas suivi les scrutins, notamment Européen, car trop occupée par ses propres élections. Celles-ci étaient également marquées par des enjeux autour de l'extrême droite et de sa montée en Flandre, où le parti séparatiste du Vlaams Belang jouit d'une grande influence.
On a lu cette dissolution comme un coup de folie qui a apporté le chaos en France.
Benjamin Marechal, journaliste de la RTBF
Le journaliste de la RTBF (Radio-télévision belge de la Communauté française) Benjamin Marechal raconte : "C'est seulement après 2/3 jours qu'on s'est rendu compte du séisme de votre côté de la frontière." Dès lors, le spécialiste souligne qu'un regard sévère a été porté sur cette dissolution. "Après la marée d'extrême droite aux Européennes, beaucoup de mots très durs ont été prononcés sur Macron et sa décision. On a lu cette dissolution comme un coup de folie qui a apporté le chaos en France."
Surtout, les Belges sont inquiets de voir l'extrême droite accéder au pouvoir en France. Une percée historique que nos voisins ne peuvent pas concevoir chez eux : en Belgique, l'extrême droite se fait entendre, mais se cantonne au niveau fédéral vers les Flandres, où le Vlaams Belang est devenu le 2e parti principal le 9 juin.
"On est des pays très proches intellectuellement. Alors voir qu'une montée de l'extrême droite au niveau national n'est plus un fantasme, mais devient possible, ça fait quelque chose. Si le RN entre au gouvernement, ça ferait sauter des freins et des plafonds en Belgique aussi", analyse gravement Benjamin Marechal.
On est des pays très proches intellectuellement. Alors voir qu'une montée de l'extrême droite au niveau national n'est plus un fantasme (...) ça fait quelque chose.
Benjamin Marechal
"Une téléréalité à ciel ouvert"
Au-delà de la critique politique pure et dure, qui campe plutôt sur l'enjeu dramatique de la situation, certaines personnalités belges préfèrent prendre les choses avec humour. Histoire d'amener un peu de légèreté au climat d'incertitude. La comédienne Laëtitia Mampaka par exemple, s'est fendue d'une chronique aiguisée sur la RTBF le 24 juin dernier, dans laquelle elle compare la France à "une téléréalité à ciel ouvert", avec des législatives dignes des meilleures sitcoms.
Je suis admirative de l'originalité [des Français], c'est toujours surprenant et imprévisible. Donnez au peuple entier la palme d'or s'il vous plaît !
Laëtitia Mampaka, chroniqueuse
"Pendant des années, la France a prétendu être le meilleur pays au monde du divertissement et franchement, je pensais qu'ils abusaient", déclare l'humoriste, avec sérieux. "Mais je dois dire que vu tout ce qu'il s'est passé en France sur le plan politique ces derniers jours, on s'était royalement trompés." Laëtitia Mampaka dresse alors la liste des évènements rocambolesques qui ont ponctué ces semaines de campagne électorale : Eric Ciotti qui s'allie au RN et qui s'enferme dans les bureaux des Républicains, Valérie Pécresse mandatée pour venir le déloger, la candidature de François Hollande et de Jérôme Cahuzac - ancien ministre condamné pour fraude fiscale -, des influenceurs démarchés pour collaborer avec des partis politiques... On l'aura compris, la liste est plutôt longue.
Ces trois dernières semaines à la fois grotesques et gravissimes sur le plan politique, auront eu le mérite de déclencher l'hilarité d'une partie de la Belgique. "Je suis admirative de l'originalité [des Français], c'est toujours surprenant et imprévisible. Donnez au peuple entier la palme d'or s'il vous plaît !", achève la chroniqueuse qui envoie un baiser à ses voisins frontaliers, l'air de dire : "Bon courage..."