Les professionnels du médico-social, en partie exclus des annonces du Ségur de la Santé, appellent à la mobilisation ce 30 novembre. Ils dénoncent un manque de reconnaissance autant qu'un déficit budgétaire.
"Epuisés, ignorés, non reconnus à la hauteur de leurs compétences et de leurs engagements, les professionnels médico-sociaux sont de plus en plus nombreux à quitter le secteur du handicap." Educateurs spécialisés, assistants familiaux ou encore auxiliaires de vie des Hauts-de-France sont une nouvelle fois mobilisés ce 30 novembre pour tenter de se faire entendre par le gouvernement, à l'appel des syndicats employeurs comme l'Unapei, Nexem ou encore la CNAPE. Le cortège, qui doit démarrer à Lille en début d'après-midi, se dirigera vers l'Agence Régionale de Santé, en symbole de protestation.
"Pourquoi certains sont revalorisés et pas d'autres ?"
Les organisateurs de la mobilisation demandent, à travers une pétition, "une application stricte des mesures d’augmentation et de revalorisation salariales du Ségur de la Santé pour TOUS les professionnels médico-sociaux du handicap, sans inégalité de traitement, avec notamment la revalorisation nette mensuelle de 183 euros ainsi qu’une reconnaissance réelle de de ces métiers et de leurs expertises."
En septembre, le personnel de l'ITEP de Croix, qui accueille des enfants atteints de troubles du comportement, était déjà en grève contre la perte de sa cuisine. Aujourd'hui, les agents du site sont de nouveau mobilisés. "Nous, on travaille aussi sur un aspect thérapeutique avec des infirmières, des pédopsychiatres, des orthophonistes, des éducateurs, tout un panel de professions. Pourquoi certains sont revalorisés et pas d'autres, alors que tout le monde a été mobilisé pendant le covid ?" interroge Claudie Espalieu, éducatrice spécialisée et représentante du personnel au sein du CSE de l'établissement.
Pouvoir d'achat et reconnaissance : des professions en crise
Comme beaucoup, elle a constaté la vague de départ dans la profession. "Déjà, ça fait bien longtemps que notre point d'indice est gelé. Selon une étude de l'AIRe, notre pouvoir d'achat a baissé de 16% depuis 2000. Souvent, les travailleurs sociaux, nous sommes des gens engagés, on ne regarde pas trop la rémunération au début. Mais quand on commence à avoir du mal à vivre de son métier, on se pose des questions" constate l'éducatrice.
En septembre, lorsque la grève à l'ITEP de Croix s'était déclarée, la direction s'était mise en retrait. Ce 30 novembre, elle va jusqu'à assurer les frais de déplacement du personnel jusqu'à la manifestation, même de ceux qui ne sont pas en poste. Un volontarisme des instances dirigeantes qui interroge la représentante du personnel. "Nexem [l'un des syndicats employeurs qui appelle à la mobilisation, ndlr] s'est souvent opposé à la revalorisation du point d'indice. On ne voit rien venir quand il faut réclamer de meilleures dotations auprès de l'ARS, empêcher un basculement vers une tarification à l'acte comme en milieu hospitalier. On se demande quelles sont leurs motivations aujourd'hui."
Après le défilé de ce 30 novembre, qui se dirigera vers la préfecture, les personnels du médico-social se préparent d'ores et déjà à une nouvelle journée d'action, le 7 décembre.