Près d'une centaine de personnes manifestaient ce jeudi devant le siège d'Auchan Retail à Croix (Nord), à l'appel de la CGT, pour "refuser les suppressions d'emploi" qui menacent la filiale française et réclamer "le remboursement des aides versées par l'Etat".
Confronté de son propre aveu à une situation économique "très difficile", Auchan France avait annoncé le 30 avril la prochaine mise en vente de 21 sites jugés insuffisamment rentables, concernant potentiellement 700 à 800 salariés.
"Un PSE ne se négocie pas, il se combat ! Non aux licenciements", pouvait-on lire ce jeudi sur une banderole déployée devant les grilles du siège. Plusieurs dizaines de salariés, venus notamment de Roubaix, Tourcoing, Valenciennes (Nord) ou encore Amiens (Somme), et quelques "gilets jaunes" en soutien, étaient rassemblés dans le calme.
"Les salariés sont en colère, inquiets" et "notre première requête aujourd'hui (jeudi), c'est de réclamer l'argent public ! Auchan a profité de plus de 500 millions d'aides d'Etat au titre du CICE [entre 2013 et 2018], qui devait permettre de maintenir l'emploi, le défendre et le développer, et pas le supprimer !", a martelé Gérald Villeroy, délégué syndical central de la CGT Auchan. Il a assuré que la CGT "ne signerait pas le PSE".
"On a 800 personnes qui se demandent ce qu'ils vont devenir alors qu'ils ont donné leur force, leur énergie, leur temps à cette entreprise !", s'est aussi alarmé Eric Mars, délégué du magasin de Petite-Forêt.
Auchan Retail, qui appartient à la galaxie Mulliez, présent dans 17 pays, "a perdu un milliard d'euros l'année dernière" et devait dans chacune de ses filiales "identifier les foyers de perte (...) et engager une démarche pour les stopper", a rappelé un porte-parole de la direction. Mais "le but du CICE, c'est la compétitivité des entreprises" et "pas la création d'emplois", a-t-il dit.
En 2017, "il a été utilisé pour redistribuer du pouvoir d'achat aux collaborateurs" via des primes, pour 32% de l'enveloppe, "pour investir dans des technologies innovantes" pour 10%, "agir au service de la transition énergétique" pour 26% et "au titre de la compétitivité" pour 32%, a-t-il détaillé, assurant qu'Auchan France avait par ailleurs, "pendant la période du CICE, créé 1456 emplois".