Y-aura-t-il des suites judiciaires aux révélations de Médiacités concernant le président de la Métropole Européenne de Lille, Damien Castelain ?
L'affaire médiatique va-t-elle rebondir judiciairement ? C'est désormais très probable. Après une période d'observation, plusieurs acteurs font bouger les lignes dans l'affaire Castelain.
Eric Darques, ancien élu connu dans la métropole lilloise pour son combat anti-corruption (Grand Stade...) et vice-président du Fric, le Front Républicain d'intervention contre la corruption, nous a indiqué avoir porté plainte ce mercredi pour "détournement de fonds publics". "Monsieur Castelain ne s'est pas expliqué sur le fond : lorsque l'on va au hammam, est-ce que c'est en relation avec son mandat ? Est-ce que le contribuable de la MEL doit payer les chaussettes du président de la Métropole ?", avait-t-il expliqué il y a quelques jours à France Bleu Nord.
L'association Anticor, spécialisée dans la promotion de l'éthique en politique et la lutte contre la corruption et la fraude fiscale, nous a annoncé son intention de faire un signalement au Procureur de la république de Lille. "Les faits semblent clairs, explique Jean-Christophe Picard, président d'Anticor. M. Castelain s'est apparemment fait rembourser des frais qui n'ont pas de lien avec sa fonction. C'est une affaire peu importante sur le plan financier mais qui est emblématique. Certains voudraient qu'on trouve normal d'utiliser de l'argent de la collectivité à des fins privés. Mais ce n'est pas normal. En Scandinavie, pour une barre chocolatée acheté avec l'argent public, un élu doit démissionner. Il faut, en France, commencer à responsabiliser tout le monde."
Il n'y aura pas de dépôt de plainte car Anticor espère que le signalement suffira à mettre la justice en route. Mais une plainte n'est pas complètement exclue. "Il faut parfois pousser un peu la justice. Dans l'affaire des sondages de l'Elysée, nous avions dû porter plainte pour qu'il y ait enquête", rappelle le président d'Anticor.
Est-ce que le contribuable de la MEL doit payer les chaussettes du président de la Métropole ?
Car dans cette affaire, on ne connaît toujours pas la position du Parquet de Lille. S'est-il auto-saisi des faits comme il a la possibilité de la faire ? A-t-il ouvert une enquête préliminaire ? Pas de réponse pour l'instant. Le Parquet de Lille a refusé de nous donner cette information.
Valise, friandises, bouquets, soins esthétiques, achats de pharmacie... Le président de la Métropole européenne de #Lille s'est bien fait rembourser des dépenses privées. Les nouvelles factures qui montrent que la défense de Damien #Castelain ne tient pas https://t.co/n2up17Gnr3
— Mediacités Lille (@MediacitesLille) 18 juin 2018
Le 15 juin dernier, Damien Castelain, président de la MEL, avait réagi violemment aux révélations du site internet Médiacités, concernant ses frais de représentation. "J'ai une haine face à ces nouvelles attaques incessantes de Médiacités, avec des insinuations abjectes et infondées. Tant sur le fond sur sur la forme".
Selon le site d'investigation locale, plus de 10 000 euros de dépenses de Damien Castelain entre janvier 2017 et mai 2018 "n'ont pas grand chose à voir" avec ses fonctions politiques.
Médiacités rapporte que M. Castelain a créé son propre système de paiement de notes de frais et confié la gestion à son assistante. Il s'agit d'une régie d'avances, sorte de caisse personnelle qui permet d'engager des petites dépenses sans lourdeur administrative.
"Une communication est prévue"
"Les chiffres de Médiacités sont faux ! En quatre ans, ce sont 19 000 euros de frais de représentation, (...) 395 euros par mois de frais de représentation du président de la 4e métropole de France", a lancé le président sans étiquette de la MEL, en poste depuis avril 2014.
Il a été soutenu par la plupart des élus de la MEL. Mais en coulisses, certains ne cachent pas leur gêne. Notamment face au manque de réponse concrète et précise sur les dépenses avancées par Médiacités, sachant que c'est la nature des dépenses et non leur montant qui est en cause : vêtements, dîners, hôtels mais aussi valise, friandises, bouquets, soins esthétiques, achats de pharmacie....
"Répétons-le : les remboursements des frais de représentation d’un président d’établissement public de coopération intercommunale ne sont acceptés qu’« en raison des responsabilités liées aux fonctions qui lui sont confiées et aux sujétions rencontrées »", écrivait Médiacités.
L’avocate du président de la MEL a expliqué le week-end dernier dans La Voix du Nord qu'une prise de parole de Damien Castelain était au programme : « Une communication est prévue la semaine prochaine. Il s’expliquera devant ses pairs… Que tout le monde se rassure, il n’a pas détourné de fonds publics. Il a juste besoin d’un peu de temps pour se retourner. Il justifiera toutes ses dépenses. »