En octobre 2016, le jeune Nicolas, 16 ans, perdait la vie au passage à niveau de la gare de Wavrin, percuté par un train. Le parquet de Lille vient d'approuver la mise en examen de la SNCF, ouvrant la voie à un procès.
"Ça ne me rendra pas mon Nicolas mais le combat continue, notamment sur le volet pénal. Ils devront répondre de la dangerosité des voies et de l’accident qui est arrivé à mon fils." Denis Cottin, comme toujours, est ému lorsqu'il évoque la mort de son fils de 16 ans, survenue le 17 octobre 2016. Pressé de prendre son train du matin, il s'était engagé malgré l'abaissement des barrières et les feux d'alerte côté route. Le passage des piétons, lui, restait possible lors du passage des trains. Depuis, Denis Cottin et la mère de Nicolas, Muriel Danel, ont remué ciel et terre pour exiger la sécurisation de la gare de Wavrin et faire reconnaître la responsabilité de la SNCF.
"On s'est toujours battus pour affirmer qu'il était une victime"
Le 8 avril dernier, SNCF Mobilités et SNCF Réseau avaient été mis en examen pour homicide involontaire. "C'est un peu technique, mais cette mise en examen ne signifiait pas encore qu'il y aurait un procès. Mais là, nous venons d’obtenir la réquisition aux fins de renvoi devant le tribunal correctionnel de SNCF Mobilités et SNCF Réseau pour les motifs de la mise en examen. Cela veut dire que le parquet de Lille approuve cette mise en examen et qu'il y aura bien un procès", salue le père de Nicolas.
Le tribunal correctionnel devra donc déterminer si les deux organismes ont pu être responsables de la mort du jeune homme par "maladresse, imprudence et négligence ou manquement à une obligation de sécurité imposée par la loi ou le règlement".
Pour la famille, la progression de l'affaire sur le volet pénal est particulièrement importante symboliquement. "La SNCF avait fait passer mon fils pour un jeune un peu écervelé avec des écouteurs sur les oreilles qui serait passé sous des barrières. La perte de Nicolas a été épouvantable, et on s'est toujours battus pour affirmer qu'il était une victime" rappelait Denis Cottin en juillet dernier.
La sécurisation de la gare de Wavrin toujours débattue
Une victoire juridique pourrait, en outre, soutenir l'autre combat de la famille Danel-Cottin, cette fois au civil. La MEL a, en 2019, consenti à la mise en place d'une barrière piétonne. Mais les parents en deuil exigent, eux, une sécurisation complète : quatre demi-barrières (au lieu de deux) équipées de feux routiers, et la création d'un passage souterrain pour les piétons, afin qu'ils n'aient plus à traverser les voies. Un dossier toujours en attente d'arbitrage dans les méandres des conflits entre les administrations.
Contactée, la SNCF n'a pas donné suite à nos sollicitations dans le temps imparti à la publication de cet article. Lors de sa mise en examen, l'entreprise n'avait pas souhaité commenter l'ouverture de la procédure.