Elle s’appelle Jade Hénot, elle est coach sportive à Lille et elle est devenue championne du monde de bodybuilding catégorie bikini en novembre 2022 en Espagne. Une athlète de haut niveau dans un sport qui reste méconnu en France.
Elle entre en souriant sur le plateau de l’émission Vous êtes formidables, menue dans son pull à col roulé. Difficile d’imaginer que Jade Hénot est depuis novembre 2022 championne du monde de bodybuilding catégorie bikini.
Et ce n’est pas son unique fait d’armes, puisqu’elle a décroché en mai de la même année le titre de championne d’Europe, sur un plateau de dix-sept athlètes. Elle portait le numéro 954, un nombre qu’elle arbore désormais fièrement en tatouage.
Jade explique : "Il faut présenter une masse musculaire sèche sur scène et donc atteindre un taux très bas de masse grasse pour faire ressortir le muscle. En catégorie bikini, on est jugées sur la taille, les épaules, la musculature au niveau des hanches, des jambes, des fessiers."
"C’est vraiment un tout, poursuit-elle, y compris la présentation avec le posing, c’est-à-dire la chorégraphie qui va valoriser la musculation dans les quatre poses imposées."
"La veille de la compétition, on applique du tan, de l’autobronzant très foncé, pour être sur un pied d’égalité avec les autres athlètes et avoir le même rendu physique, quelle que soit la couleur de peau."
Tout est pris en compte, la marche, l’attitude, le visage et bien sûr le maillot de bain. "Sur scène, ce sont des tenues imposées, précise Jade. Je porte un bikini décoré de cristaux Swarovski, collés à la main. Il est fabriqué en Russie et il coûte entre 400 et 500 euros !"
Comment devient-on championne du monde de bodybuilding ? "J’ai commencé la musculation il y a cinq ans, répond Jade Hénot. Je me suis spécialisée peu à peu dans les compétitions. J’avais envie de découvrir mentalement et physiquement jusqu’où je pouvais pousser cette passion."
C’est une préparation de trois ou quatre mois sans aucun écart, où je perds entre dix et onze kilos.
Jade Hénot, championne du monde de bodybuilding catégorie bikini
Une passion exigeante qui demande efforts et sacrifices, comme le souligne la jeune athlète : "Le mental joue beaucoup. C’est une préparation de trois ou quatre mois sans aucun écart, où je perds entre dix et onze kilos."
"J’ai un régime très strict avec des quantités qui diminuent au fil du temps et cinq entraînements par semaine, sans oublier une heure de vélo tous les matins."
"Ce n’est pas dangereux si on ne reste pas trop longtemps sur des taux de masse grasse trop bas. Un mois ou deux, ça va ! Je suis très bien accompagnée par mon coach. Il le faut parce que sur la fin, on n’est plus trop objectif sur son physique."
Titulaire d’un bac+5, un master en commerce et marketing décroché à l’IAE, Jade a complètement changé de vie. Elle a abandonné son CDI de chef de produit dans une grande enseigne de bricolage de la métropole lilloise.
"Cela n’a pas été facile, avoue-t-elle. Ma famille était plutôt sceptique au début. La musculation chez les femmes, ce n’est pas trop bien vu ! Mais quand ils ont constaté que j’avais des résultats, beaucoup de volonté et de discipline, ils étaient fiers."
Elle ajoute, très émue : "Ma mère est même venue me soutenir aux championnats du monde en Espagne. C’était émouvant, d’autant que je ne m’attendais pas à gagner."
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Il y quelques semaines, Jade a créé son entreprise de coaching et de préparation aux compétitions de bodybuilding. Elle suit chaque mois une vingtaine de personnes, hommes et femmes, en ligne ou en présentiel.
"Quand j’ai vu que j’avais de la demande, explique-t-elle, que je pouvais aider les gens à se sentir mieux dans leur corps et à perdre du poids, j’ai eu envie de transmettre ma motivation. Il y a beaucoup de demandes, ça marche super bien."
En France, il n’y a pas beaucoup de femmes qui montent sur scène à haut niveau.
Jade Hénot, championne du monde de bodybuilding catégorie bikini
Elle se souvient de ses propres débuts : "Pour apprendre le posing, je me suis tournée vers des filles de l’Est. Le culte du corps est davantage pratiqué là-bas. Pour l’instant, en France, il n’y a pas beaucoup de femmes qui montent sur scène à haut niveau. D’ailleurs, même pour le maquillage ou la coiffure, ce sont essentiellement des maquilleuses de l’Est qui participent aux championnats."
La nordiste fait désormais partie de l’équipe de France, au sein de la Fédération Internationale de bodybuilding et fitness, l'IFBB, qui organise en avril 2023 les championnats de France. Elle a des sponsors et prépare des compétitions de haut niveau où la masse musculaire est un peu plus volumineuse et les critères plus stricts. Elle y emportera le collier qui ne la quitte jamais. Sur le pendentif est inscrit le nombre 968, son numéro lors du championnat du monde.