Lille : une application recense des lieux refuges pour les victimes de harcèlement de rue

L'application Garde ton corps vient de recenser plusieurs dizaines de lieux refuges à Lille pour les personnes qui se sentent en insécurité dans la rue. 

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Dans le récit des créations d'entreprise, il y a toujours l'anecdote fondatrice. Celle qui a fait germer l'idée ou termine de convaincre l'entrepreneur en herbe. Pauline Vanderquand, à l'origine de l'application Garde ton corps, se plie volontiers à l'exercice : "En 2018, j'ai rencontré un problème de harcèlement de rue à Aix-en-Provence. J'ai souhaité rentrer dans un bar pour me protéger mais le vigile n'a pas voulu"

Après cet incident, elle décide de monter une plateforme qui recenserait les commerçants qui, eux, l'auraient accueillie et protégée. Après Paris, Bordeaux, Toulouse, Marseille, Aix-en-Provence ou encore Rennes, Lille a finalement eu le droit, il y a quelques jours, à son petit annuaire numérique d'endroits sûrs (ou "safe places", comme le dit l'application).

Sur Garde ton corps, il y a deux fonctionnalités. La première, intitulée "Lâche-moi", permet d'être guidée par GPS pour rejoindre l'endroit sûr le plus proche. La seconde s'appelle "Message d'urgence", et permet d'envoyer un message à des contacts de confiance, préalablement sélectionnés.

En 2018, j'ai rencontré un problème de harcèlement de rue à Aix-en-Provence. J'ai souhaité rentrer dans un bar pour me protéger mais le vigile n'a pas voulu.

Pauline Vanderquand, co-fondatrice de Garde ton corps.

Conçue comme une carte GPS interactive, l'application recense des bars, des restaurants, des pharmacies, des hôtels, bref des lieux dans lesquels les commerçants souscrivent à l'idée de porter secours à une personne se sentant en danger dans la rue, ne serait-ce que pour l'accueillir physiquement. Pauline Vanderquand prend le temps de rencontrer tous les commerçants pour s'assurer de leur démarche et leur donner quelques conseils. C'est là que réside la plus-value de l'application.

Bien avant d'être recensés, les commerçants racontent être habitués à ce genre de situations, et manient plus la pratique que la théorie. "Dimanche dernier, dans la matinée, une personne s'est réfugiée dans mon magasin après s'être fait agresser et piquer ses bijoux", témoigne Karl Everaer, le gérant du Casino Shop, situé rue de Douai à Lille, et désormais membre de l'application. "J'ai essayé de l'aider en lui demandant si elle voulait que j'appelle la police", raconte-t-il, en expliquant être régulièrement confronté à l'arrivée de personnes victimes de la relative insécurité du quartier.

30 000 utilisateurs en France

Même discours, plus au nord de la métropole, pour Franck Dehaene, dirigeant du Royal, un bar-tabac de Lambersart : "j'ai régulièrement des personnes qui se réfugient chez moi, pas forcément pour des agressions, mais parce qu'elles ne se sentent pas bien ou ont besoin de renseignements". Il rajoute : "on a les capacités pour faire part à toutes les éventualités". 

A Lille, alors que l'application y débute, seuls des buralistes sont recensés. Le confinement, qui a fermé les lieux de restauration et de sociabilité, les rend inutiles pour l'instant. Mais aussi parce que la Française des jeux, bien implantée dans les bureaux de tabac, a apporté son concours au recensement dans le cadre d'une opération de mécénat. "La FDJ a déployé ses commerciaux sur la métropole pour qu'ils recensent les lieux qui souhaitaient être considérés comme un refuge", explique Pauline Vanderquand.

Garde ton corps est né le 8 mars 2019, date de la journée internationale des droits des femmes. Si les femmes restent les premières victimes de l'insécurité dans la rue, l'application n'est pas exclusive : "elle est désormais dégenrée. 80% de nos utilisateurs sont des utilisatrices mais il y a quand même 20% d'hommes", calcule Pauline Vanderquand. En France, la plateforme revendique 30 000 utilisateurs et plus de 250 lieux refuges. 

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