Classement de la Citadelle de Lille : l'opposition dénonce "les mensonges" de l'équipe municipale et veut agir

Les groupes d'opposition Lille Verte et Faire Respirer Lille vont respectivement déposer un voeu au conseil municipal et tenter de déclencher une mission d'évaluation.

C'est une affaire qui fait réagir le monde politique lillois. Le 28 octobre, dans une lettre à destination de la présidente du réseau Vauban, la maire Martine Aubry mettait un terme au projet qui devait consacrer la Citadelle de Lille en 2024 comme membre du patrimoine mondial de l'Unesco. "La Ville de Lille renonce à participer à la démarche engagée par le Réseau Vauban", tranchait la missive alors que l'équipe municipale planchait sur le projet depuis 2017 et qu'il aurait pu apporter un flux de touristes supplémentaires à la métropole.

Depuis, l'opposition, qui se dit "sidérée" et "dans l'incompréhension" tente de réagir. Elle entend battre en brèche point par point le discours de la mairie. Stéphane Baly, tête de liste Lille Verte et conseiller municipal, dénonce des "mensonges" concernant la justification utilisée par les élus lillois au pouvoir pour mettre un terme au projet.

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Premier point mis en avant par l'opposant écologiste, le projet de zone tampon autour de la Citadelle, et dans laquelle l'Unesco aurait un droit de regard sur les politiques d'aménagement. La zone présentée par la mairie est "le scénario maximaliste". "Cette grosse patate rouge qui a été présentée à la presse n'est pas le scénario principal mais un parmi une dizaine", explique Stéphane Baly.
 

Mais surtout, selon lui, la législation française est déjà suffisement exigente, le classement à l'Unesco ne changerait rien. "Le label ne durcirait pas les contraintes qui pèsent actuellement sur le site puisqu'il est déjà classé monument historique", affirme l'élu. 

Et c'est là qu'est le coeur du problème. L'équipe de Martine Aubry craint que cette zone tampon l'empêche de créer la ligne de tramway qui devait longer la Citadelle.

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Au contraire, Stéphane Baly estime "qu'il n'existe pas d'incompatibilité", arguant des exemples qui existent ailleurs en France : "Le Havre a été classé à l'Unesco en 2005 et le tram a été construit en 2012. Même chose à Bordeaux avec la ligne D du tram qui a été construite en 2020, plusieurs années après le classement du centre-ville". En revanche, les élus écolos soupçonnent la maire d'avoir découvert que cette zone tampon pourrait être un frein à la construction d'immeubles.

Faire Respirer Lille veut une mission d'évalution, Lille Verte va déposer un voeu au conseil municipal

Autre argument avancé par la mairie, le classement de la Citadelle pourrait entraîner l'abattage de plusieurs arbres autour pour que le monument puisse être visible de partout. Faux, répond encore une fois Stéphane Baly, qui fustige "l'écologie du prétexte" de Martine Aubry. "Cette perspective n'est pas exposée dans les prérogatives du portage du dossier à l'Unesco". Dominique Plancke, ancien adjoint EELV au patrimoine, abonde et cite l'exemple de la Citadelle d'Arras, classée à l'Unesco et qui est "complétement arborée".

L'autre principale opposante à Martine Aubry, Violette Spillebout (LREM), et son groupe Faire Respirer Lille, également révoltés par l'abandon du projet, comptent demander la création d'une mission d'information et d'évaluation "sur le projet de classement de la Citadelle de Lille au patrimoine mondial de l’Unesco et sur la manière dont il a été mené". 

"Cette mission devra pouvoir auditionner des personnalités non membres du conseil municipal de Lille et se faire remettre l’ensemble des documents préparatoires à la décision de renoncement du Maire de Lille", espère le groupe d'opposition. Sauf que pour que la création de cette mission soit effective il faut qu'elle soit portée par 11 élus municipaux et le groupe Faire Respirer Lille n'en compte que 6. "Nous appelons Lille Verte à s’unir", lancent Violette Spillebout et ses amis. Pour l'instant, Lille Verte ne souhaite pas répondre à l'appel car une seule mission d'évaluation peut être votée par an et que le groupe ne veut pas l'utiliser à ce propos. En revanche "nous allons déposer un voeu (une procédure sans effet juridique qui a pour but d'alerter l'opinion publique, ndlr) au conseil municipal du 11 décembre pour la reprise de la procédure", annonce Stéphane Baly. "Nous attendons une expression du maire", conclut-il. 
 
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