Covid-19 : six questions sur le traitement par suppositoires de l'institut Pasteur de Lille testé par 700 patients

L'Institut Pasteur de Lille a débuté ses essais cliniques pour son nouveau traitement par suppositoires contre le Covid-19. Depuis mardi 23 juin, des médecins généralistes peuvent prescrire ce médicament, l'Octofène, à 692 patients des Hauts-de-France. Premiers résultats attendus en septembre.

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L'Octofène, nouvel espoir dans la lutte contre Covid-19. Mercredi 23 juin, l'institut Pasteur de Lille a lancé sa phase de test de son traitement par suppositoires à base de clofoctol. Une quarantaine de médecins vont pouvoir prescrire le produit à 692 patients des Hauts-de-France. Les premiers résultats sont attendus pour septembre 2021.

L'Octofène, quel type de médicament ?

L'Octofène est un revenant. Ce médicament a été utilisé pendant des dizaines d'années en France."Il faisait partie de la classe des anti-infectieux fonctionnant sur les bactéries, indique Benoît Deprez, directeur scientifique à l'institut Pasteur de Lille. Il servait donc à traiter des infections à bactéries des voies aériennes supérieures." Des gros rhumes, en somme. Il est d'ailleurs toujours utilisé en Italie, et pour toutes les catégories d'âges.

Sa particularité ? La molécule qu'il contient : le clofoctol. Après avoir testé 2 000 molécules dans les laboratoires de l'institut, elle s'est révélée être la plus efficace pour combattre le Sars-Cov-2.

Quels patients vont en bénéficier ?

Cet essai clinique va être mené dans un premier temps sur un groupe de 346 patients, alors que l'institut Pasteur de Lille a obtenu le feu vert de l'Agence nationale de sécurité du médicament, lundi 14 juin. Par la suite, 346 nouveaux patients seront recrutés pour ce test. 

Le profil des patients ? Des personnes âgées de 50 ans et plus, présentant au moins un symptôme du Covid-19, et qui sont non-vaccinées. "Non-vaccinées pour éviter toute confusion entre le produit qu'on va leur injecter et l'effet de la vaccination", précise Marc Bayen, médecin généraliste.

Ces patients recrutés la semaine dernière par le biais de médecins généralistes et de laboratoires, sont exclusivement des habitants des Hauts-de-France. Bien évidemment, ils devront être consentants.

Comment se déroulera le traitement ?

C'est le médecin qui se déplacera au domicile des patients pour prescrire le médicament. Concrètement, les malades devront prendre un suppositoire matin et soir pendant cinq jours.

Pourquoi un suppositoire, méthode à l'ancienne diriez-vous ? Un comprimé ne ferait pas l'affaire ? "Le suppositoire met à disposition le principe actif de façon extrêmement rapide dans l'organisme, explique le docteur Marc Bayen. Le Sars-Cov-2 est une maladie très aiguë, il faut donc donner un traitement très tôt et faire en sorte qu'il agisse très vite." L'avantage de la voie rectale est que la paroi du rectum est richement vascularisée et a un excellent pouvoir d'absorption.

Cette phase de test applique la démarche scientifique de "l'essai randomisé en double aveugle, placebo contre médicament". Autrement dit, les patients sont divisés en deux groupes. Le premier prend le médicament contenant le principe actif, le deuxième prend un simple placebo. Ni patient, ni médecin, ne connaît le contenu du médicament durant toute la période du traitement.

Existe-t-il un risque d'effets secondaires ?

"On a un produit pour lequel le recul de pharmacovigilance, donc d'études des effets secondaires, est très grand. Avec des dizaines d'années d'usage en clinique. Et en effet, le nombre d'effets secondaires est très très faible et n'ont pas mis en péril la vie des patients. Néanmoins, dans cette essai clinique on va en profiter pour réevaluer la sécurité du médicament dans le contexte de la Covid, car c'est une nouvelle maladie." Au cours de cette étude, tous les potentiels effets secondaires seront évidemment répertoriés.

Les premiers résultats pour quand ?

D'ici septembre 2021, cette phase de test devrait dévoiler ses premiers résultats pour la moitié du panel testé. L'étude, elle, se poursuivra jusqu'à la fin du mois de décembre. Ensuite, si la prise du médicament démontre un niveau de 50 % de réduction du risque d'aggravation avec le traitement, une autorisation de mise sur le marché sera demandée.

Quel intérêt alors qu'il existe déjà un vaccin ?

Et si les Français étaient tous vaccinés avant même la fin de cet essai clinique de l'Octofène, à quoi bon développer ce traitement ? Benoît Deprez, directeur scientifique de l'institut, répond : "Il y a beaucoup d'endroits dans le monde où la couverture vaccinale est beaucoup plus faible (qu'en France ndlr), et les personnes non vaccinées sont toujours susceptibles d'être contaminées, expose t-il. Pour elles, il faut absolument qu'un traitement soit disponible."

Autre avantage, dû aux propriétés de ce médicament, ce dernier pourrait "être une arme contre tous les variants connus du coronavirus". Benoît Deprez rappelle cependant que "le traitement restera toujours complémentaire de la vaccination".

Des avantages à ce traitement, oui, même si sa phase de test sur l'Homme semble arriver un peu tard. "L'idéal aurait été de faire cet essai pendant une vague (épidémique ndlr), avant que les gens soient vaccinés", soulignait le professeur Xavier Nassif, directeur général de l'Institut Pasteur de Lille, alors que l'Institut attendait depuis le mois de janvier l'autorisation de l'Agence nationale de sécurité du médicament pour le lancer.

Ces essais cliniques ont en effet pris du retard sur le calendrier initial. Ils devaient avoir lieu à "la fin du mois d’avril ou au tout début mai", comme  l'affirmait Xavier Nassif sur notre site.

Le point sur la situation épidémique dans la région

Cette phase de test de ce nouveau traitement s'inscrit dans un contexte de reflux continu de l'épidémie à l'échelle de la France et des Hauts-de-France.

 

Dans le même temps, la vaccination continue de faire son chemin, avec un total de 1.621.483 de personnes totalement vaccinées dans les Hauts-de-France à la date du 21 juin, selon Santé publique France.

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