Cycliste mort écrasé à Paris : 3 questions sur la sécurité des utilisateurs de vélo à Lille

Alors que des manifestations ont fleuri en France ce samedi 19 octobre 2024 en hommage à Paul Varry, cycliste mort écrasé par une voiture après un différend, la question de la sécurité des utilisateurs de vélos se pose. L'Association droit au vélo (ADAV) fait le point sur la situation à Lille, souvent critiquée pour son manque d'aménagements.

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Des sonnettes de vélo retentissent devant la mairie de Lille. Plus de 300 personnes, cyclistes ou habitants choqués par l'actualité, se sont rassemblées ce 19 octobre 2024 pour rendre hommage à Paul Varry. Des rassemblements étaient prévus partout en France en cette fin de semaine, afin de soutenir les proches du jeune homme de 27 ans mort à vélo, écrasé par un automobiliste avec qui il venait d'avoir un différend. Une scène épouvantable qui s'est déroulée le 15 octobre dernier, dans le 8e arrondissement de Paris.

Une minute de silence retentit, et les conversations reprennent entre manifestants. "On a souvent l'impression en tant que cycliste qu'on est une agression vivante pour les automobilistes", relate Pierre, professeur d'espagnol. Un sentiment que partagent malheureusement nombre d'usagers férus de vélo dans la métropole de Lille (MEL), où les aménagements ont longtemps été critiqués pour le manque de sécurité qu'ils offrent aux cyclistes.

Nous avons posé trois questions à Cécile Guillaume, administratrice chargée de l’inclusion à l'ADAV (Association droit au vélo) de Lille, pour comprendre l'insécurité qui peut peser sur les cyclistes de la capitale des Flandres.

Quel est l'état des aménagements et du service vélo dans Lille ?

Cécile Guillaume : "L’arrivée du V’Lille en 2012 avait déjà fait un boum et ensuite, en 2016, avec le changement du plan de circulation de Lille et les mises en sens unique de certaines rues, la circulation des vélos avait augmenté de 40%. Mais le Covid a tout précipité. En France on est assez pragmatiques : on attend des études, on veut être sûrs que personne ne sera mécontent... Les changements étaient déjà préparés et la pandémie a tout brusqué avec des aménagements éphémères qui ont finalement perduré.

Je me sens plus en sécurité qu’avant. (...) Les aménagements aident mais la sensibilisation doit être faite.

Cécile Guillaume, administratrice de l'ADAV

Il y a deux jours, on a eu une formation sur l’apaisement des villes avec des cyclistes venus d'un peu partout (Compiègne, Beauvais, Bruxelles, Essonne...) qui ont pu visiter la métropole et ses aménagements. Eh bien, ils avaient des étoiles plein les yeux ! Ils trouvaient qu'on avait de la chance d'avoir ces aménagements. Quand on est dedans, on voit surtout ce qui ne va pas, mais il faut bien admettre que la Ville a une volonté forte de valoriser les déplacements cyclables et de nous inclure, ce qui n'est pas forcément le cas ailleurs. Autour de Lille, dans les Weppes notamment, il y a un effort fait pour créer des aménagements qualitatifs et visibles : pistes cyclables rouges, sas vélos à la largeur augmentée... On sent que c'est une vraie priorité et je suis consciente qu'en tant qu’élu ça ne doit pas être simple de toucher au sujet voiture."

► À lire aussi : ENTRETIEN. "Osons toucher à la place de la voiture", Yannick Paillard, fervent défenseur du vélo dans le Nord Pas-de-Calais

Est-ce que ces installations permettent aux cyclistes de se sentir en sécurité ?

C.G. : "Je me sens plus en sécurité qu’avant, de gros efforts ont été déployés ces derniers temps et c’est très appréciable, la circulation est plus confortable. Malgré tout le sentiment d'insécurité persiste : il n'y a pas encore d'aménagements partout et, avec le drame qui s'est déroulé à Paris, on voit bien qu'ils ne font pas tout, qu'ils ne suffisent pas. Le jeune homme se trouvait sur l'un de ces aménagements au moment des faits.

Ce qu'il faudrait surtout c'est une prise de conscience de l'autre, du fait que l'on doit partager l’espace et être attentifs à chacun. Les aménagements aident mais la sensibilisation doit être faite."

► À lire aussi : Le nombre de cyclistes a baissé de 6,6% dans la métropole de Lille en 2023

Lorsque vous roulez dans la MEL, faites-vous face à beaucoup d'incivilités ?

C.G. : "Je peux parler de mon expérience personnelle : j’habite à Wattignies, à 5km de Lille, où il y a donc moins d'aménagements et moins de cyclistes. Du coup, je me fais bien plus klaxonner ou insulter par des automobilistes, parce que je ne vais pas assez vite. On me dit d’aller rouler sur une piste alors que là, il n’y en a pas. Je ne veux pas non plus dire que les relations sont toujours conflictuelles, ce n'est pas mon quotidien, mais ce sont des évènements marquants.

Je trouve dommage cette opposition piéton/cycliste ou automobiliste/cycliste. (...) Nous aussi on a envie de se déplacer de façon efficace et rapide, on n'est pas là pour embêter les uns et les autres.

Cécile Guillaume

Je trouve dommage cette opposition piéton/cycliste ou automobiliste/cycliste. Le trafic est toujours plus fort sur la métropole et les gens sont excédés donc la moindre contrariété crée des tensions avec les vélos, ils ne supportent plus d’être ralentis. Nous aussi, on a envie de se déplacer de façon efficace et rapide, on n'est pas là pour embêter les uns et les autres.

Cette polarisation, c'est une sorte de catégorisation un peu réductrice où l’autre est tenu responsable de toutes les difficultés que l’on peut rencontrer. On a du mal à s’accorder. Eux veulent avancer, moi je me sens vulnérable, fragile et j’ai souvent l’impression d’être peu considérée dans l'espace public. Heureusement, tous les automobilistes ne sont pas à mettre dans le même panier."

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