Trois semaines après le passage du cyclone Chido, la Nordiste Florine Dupuis a décidé de rentrer à Mayotte pour réceptionner les centaines de kilos de dons collectés par sa commune d'origine, Genech. Vêtements, denrées alimentaires, lait en poudre... Du matériel de première nécessité dont l'île manque toujours cruellement.
Des vivres, des médicaments, du matériel de puériculture... Un flux continu de biens de première nécessité a déferlé sur la mairie de Genech, petite commune proche de Lille, depuis son appel au don pour Mayotte le 16 décembre dernier. Trois semaines plus tard, dans la salle municipale, agents et élus s'affairent pour trier et fermer les centaines de cartons amassés dans la pièce. Tous doivent être acheminés sur l'île, ravagée par le cyclone Chido le 15 décembre 2024, dans les jours à venir.
À l'origine de cette mobilisation dans la Pévèle : Florine Dupuis, enfant du pays partie vivre là-bas avec son compagnon et son bébé de quelques semaines, il y a déjà quelques années. Mais à Mayotte, cette famille originaire du Nord a vu son village dévasté par le cyclone... Touchées, sa sœur et la maire de la commune ont alors tout mis en œuvre pour aider ce morceau de France, niché à l'autre bout du monde.
Florine revient sur les jours sinistres qui ont suivi le passage du cyclone et raconte sa surprise de découvrir la solidarité mise en œuvre pour sa famille et pour son île d'adoption.
Quand avez-vous appris que vos proches et la mairie de Genech mettaient en place une collecte à destination de Mayotte ?
Florine Dupuis : J'ai été informée après avoir quitté l'île. On est restés une semaine sur Mayotte après le cyclone et on n'avait pas beaucoup de réseau, donc on n'était informés de rien. Dès qu'on en avait, c'était pour informer nos familles de comment on allait, on préparait nos messages en avance et on demandait qu'ils appellent les numéros qu'on ne pouvait pas appeler. Parce que soit ça nous utilisait la batterie du téléphone, soit ça ne marchait pas. Donc, on s'en tenait à ça et on ne nous a pas tenus informés des démarches. C'est ma sœur qui a tout mis en place et on nous a tout expliqué une fois arrivés à La Réunion.
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Quelles étaient vos conditions de vie après le passage du cyclone Chido ?
F.P. : On n'avait pas d'eau, pas d'électricité, avec une chaleur humide constante. La nuit, il faisait 35 degrés dans la maison, et encore, on avait la chance d'avoir un toit ! Notre logement a pris l'eau, mais on a pu en trouver un autre qui n'avait pas été touché par le cyclone. Beaucoup n'ont plus rien donc je n'ose pas imaginer les nécessités.
Les magasins étaient fermés parce qu'ils avaient été pillés ou bien ils ouvraient mais ne prenaient pas la carte, donc sans argent liquide on ne pouvait pas se permettre d'acheter les produits de première nécessité.
Florine Dupuis, originaire de Genech
Y a-t-il eu un mouvement de solidarité sur place ? Comment vous êtes-vous organisés ?
F.P. : Très vite des choses se sont mises en place à Mayotte, avec des gens qui pouvaient organiser des collectes ou acheter eux-mêmes du lait en poudre et le redistribuer pour les familles avec des bébés. Nous, on n'a pas pu faire ça parce qu'on était pris dans nos propres démarches : trouver un nouveau logement, mettre notre bébé à l'abri... Mais beaucoup de personnes sont toujours dans le besoin. Déjà sans le cyclone, beaucoup de personnes l'étaient, alors après Chido les besoins ont augmenté.
Que ressentez-vous lorsque vous voyez votre commune d'origine se mobiliser pour vous et pour Mayotte ?
F.P. : Ça fait chaud au cœur de voir ça et je remercie beaucoup la maire et ma sœur d'avoir tout mis en place. Je pense d'ailleurs que c'est un geste qui n'a même pas été mis en discussion, ça partait d'une logique commune. Quand ils ont vu le cyclone, ils se sont tout de suite dit que c'était normal de créer cette collecte. Ça fait plaisir de voir que des gens sont encore humains, qu'ils pensent aux besoins des autres, que malgré tout le confort qu'on peut trouver ici en métropole, à 8 000 km de là, il y a des gens qui sont toujours dans le besoin.
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Deux semaines plus tard, quelle est la situation sur place ?
F.P. : Pas mal de villages retrouvent l'eau et l'électricité, ça, c'est super. Beaucoup de personnes n'ont pas encore pu réparer leur toit car les matériaux manquent, le temps qu'ils réceptionnent de nouvelles tôles ça va mettre beaucoup de temps. Beaucoup de villages restent sans électricité parce que les câbles sont coupés. Électricité de Mayotte (EDM) y va petit à petit, mais ne peut pas tout résoudre d'un seul coup.
L'électricité ce n'est pas juste la lumière ou un frigo, c'est aussi la clim', les ventilateurs. Comme je l'ai dit, on a vraiment souffert de la chaleur, on ne dormait pas la nuit faute d'air.
Florine Dupuis
Vous pensez retourner à Mayotte dans les prochaines semaines ?
F.P. : On est retournés un peu à Genech voir la famille d'abord. La priorité, c'était de se reposer surtout, physiquement et psychologiquement. On est encore un peu sous le choc donc ça fait du bien de se poser et de prendre un peu de recul sinon on ne tiendrait pas. Mais nous, on a prévu notre retour. Notre appartement est là-bas, nos boulots sont là-bas. J'étais en discussion justement avec ma sœur, je serai sur place, à Mayotte, pour réceptionner le conteneur et gérer la distribution sans problème.
Avec Hélène Tonneillier