Un TGV sur deux circulera dans les Hauts-de-France durant le week-end du 24 et 25 décembre dans le cadre de la grève des contrôleurs. Si la situation ne réjouit pas de nombreux voyageurs, d'autres comprennent les revendications des grévistes.
"Ils le font toujours dans des moments où ça embête tout le monde, c'est pas très sympa", lance Monique, une voyageuse à la gare d'Amiens. Cette Parisienne d'origine est de passage dans la Somme. Elle doit ensuite faire un aller-retour à Caen chez sa sœur, "sur deux jours" pour passer Noël avant de rejoindre son compagnon à Vichy où elle compte passer "une petite semaine".
Mais comme des centaines de milliers de voyageurs en France, Monique craint que ses vacances de Noël soit mises à mal par la grève des contrôleurs SNCF. "C'est le grand plaisir de fin d'année de partir en famille, de se retrouver avec des amis", ajoute-t-elle. Elle craint que la mobilisation soit reconduite "pour le jour de l'an aussi".
Trafic perturbé sur les lignes de TGV, TER GV et TER
Dans un communiqué, la SNCF a annoncé ses prévisions de trafic dans les Hauts-de France à partir de ce vendredi 23 jusqu'au lundi 26 décembre.
Dans le détail : un train sur deux circulera avec un trafic quasi normal sur l'axe Paris-Lille. Concernant le TER GV, " le trafic sera très fortement perturbé les 24 et 25 décembre". Enfin, quant aux TER, " le trafic sera perturbé sur la région du vendredi 23 au lundi 26 décembre inclus".
SNCF Voyageurs invite les clients à consulter les horaires des trains avant de se rendre en gare. Les horaires sont disponibles à 17 heures la veille du voyage sur le site TER Hauts-de-France en recherche itinéraires ou sur SNCF Connect .
Un appel à "la responsabilité des chefs de bord TGV"
Le président de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, a appelé jeudi 22 décembre à "la responsabilité des chefs de bord TGV" pour qu'ils ne maintiennent pas leur mouvement de grève le week-end du Nouvel An. Le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, réclame, de son côté, une solution "dans les prochaines heures".
Depuis novembre, la SNCF peine à nouer le dialogue avec le collectif de contrôleurs à l'origine de ce mouvement social. Ils réclament une meilleure reconnaissance de la spécificité de leur métier et rejettent toute accointance avec les syndicats, même s'ils ont dû s'appuyer sur ces derniers pour déposer des préavis.
La direction a déjà proposé d'augmenter la "prime de travail" des chefs de bord (nom officiel des contrôleurs) de 600 euros par an, dont une partie intégrée au salaire en 2024, ainsi qu'une indemnité supplémentaire de 600 euros brut par an. Des propositions que les grévistes ont jugées insuffisantes.
"Manque de personnel, de moyens et de matériel"
Pour un contrôleur en gare d'Amiens qui a souhaité rester anonyme, il n'y a pas besoin d'être cheminot pour voir les problèmes pointés du doigt par la profession.
"Les usagers le voient tous les jours : manque de personnel, manque de moyens, de matériel, c'est le résultat d'une politique qu'il y a depuis longtemps, qu'on a dénoncé il y a pas mal d'années", détaille-t-il en ajoutant que ce ras-le-bol n'est pas arrivé "du jour au lendemain".
Parmi ses revendications, il cite " plus de moyens pour faire tourner un service public correctement, avoir tout simplement des trains à l'heure et propres".
Des voyageurs partagés
Comme Monique, une autre voyageuse estime qu'il est "inadmissible de provoquer des grèves sur des grosses périodes de fête de Noël alors qu'on paie des billets assez chers et qu'on a tous envie d'être réunis durant la période des fêtes". Pour compenser la suppression des trains pendant le week-end de Noël, les voyageurs ayant réservé un billet se verront rembourser deux fois le prix d'achat.
Mais tous les voyageurs n'en veulent pas aux grévistes. Le son de cloche est nettement différent pour une voyageuse qui fait Amiens-Lille. "Je suis contente qu'ils fassent grève pour demander de meilleurs salaires, pour demander que la SNCF fonctionne mieux, ça ne me dérange pas, au contraire".
Elle souligne également que les grévistes "avaient prévenu depuis longtemps, donc la direction de la SNCF avait le temps d'augmenter les salaires ou de faire tout un tas d'autres choses".
En attendant, les Français se ruent sur des solutions alternatives comme le covoiturage, le bus ou encore l'avion. Le comparateur de vols Liligo a noté que les recherches de billets d'avion ont été multipliées par quatre en France ces derniers jours.