Harcèlement scolaire : "pour une fois ce n’est pas des adultes qui nous font la morale", on a suivi l'heure de sensibilisation obligatoire dans un collège

Un mois après le suicide de la petite Lindsay dans le Pas-de-Calais, le ministre de l'éducation a demandé aux académies d'organiser une heure de sensibilisation au harcèlement scolaire dans chaque collège. A Loos, près de Lille, ce sont les collégiens eux-mêmes qui interviennent.

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"Aujourd’hui on est venu dans votre classe pour intervenir et pour vous sensibiliser au harcèlement", Alexandre, élève de quatrième, donne le ton. Pendant une heure, le jeune garçon et son camarade Lucas vont animer une séance de sensibilisation dans une classe de l'établissement Albert Debyere de Loos. Une demande du gouvernement pour chaque collège, un mois après le suicide de la petite Lindsay, dans le Pas-de-Calais et le combat de ses parents à l'origine de cette heure imposée par le ministère. 

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Alexandre, appliqué, commence par rappeler les deux numéros de téléphone de lutte contre le harcèlement, "le 3020, et pour le cyberharcèlement, le 3018". Les élèves de troisième sont ensuite invités à décrire une image et à poser des questions en lien avec le harcèlement. Une attire leur attention : "Est-ce que le harcèlement a toujours des conséquences très graves ?"

Ma petite sœur se fait harceler. On en a parlé avec la mère de la harceleuse et elle s’en fiche totalement. Une fois ma petite sœur est revenue avec des bleus, en pleurs à la maison. Ça m’énerve énormément mais je sais que je ne peux pas régler ça avec de la violence.

parole de collégien près de Lille

"En ce moment on dirait que oui parce qu’on entend qu’il y a beaucoup de suicides" suppute Léna. Chiara lui répond : "je trouve que ça a toujours été présent c’est juste que c’est beaucoup plus médiatisé avec Lindsay et Thibault". Alexandre et Lucas, les deux jeunes ambassadeurs de lutte contre le harcèlement interviennent peu, laissent le débat s'engager. 

Certains se livrent même : "ma petite sœur se fait harceler. On en a parlé avec la mère de la harceleuse et elle s’en fiche totalement. Une fois ma petite sœur est revenue avec des bleus, en pleurs à la maison. Ça m’énerve énormément mais je sais que je ne peux pas régler ça avec de la violence. Donc comment je fais quoi ?". "Tu devrais peut-être essayer de convaincre la mère où poursuivre la Maman en justice" rétorque Lucas. "Car le harcèlement est puni par la loi !" ajoute Alexandre.

Une heure ce n’est pas suffisant, en revanche c’est indispensable.

Nadia Kerrouche, professeure de français

Pendant une heure, les adolescents échangent, s'écoutent, se conseillent. Une séance imposée par le gouvernement mais Alexandre et Lucas n'ont pas hésité : "je pense que comme ça, ils sont beaucoup plus touchés, marqués parce qu’ils se disent pour une fois ce n’est pas des adultes qui nous font la morale mais ce sont des gens comme nous ".

Une mesure suffisante ? 

Depuis deux ans, l'établissement a fait face à au moins quatre cas de harcèlement. "Une heure ce n’est pas suffisant, en revanche c’est indispensable" assure Nadia Kerrouche, professeure de français et référente harcèlement. Elle souhaiterait davantage d'heures dédiées au sujet, "pour mener plus d'actions et toucher un maximum de personnes dans l’établissement". 

Inès, 12 ans, aimerait également plus d'actions de prévention.

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Interview d'Inès sur le harcèlement ©FTV

Chiara elle, regrette que le sujet du harcèlement ne soit pas mis sur la table plus tôt."Il y a plus de harcèlements en primaire parce qu’on est encore petits et on est plus sensibles à ce sujet mais on n’en parlait pas vraiment, il y a beaucoup de gens qui se renfermaient sur eux-mêmes" témoigne la jeune fille.

Il faudra aussi qu’on travaille sur l’école parce qu’on sent que là il y a déjà ce phénomène qui est ancré et qui touche beaucoup de jeunes

Valérie Cabuil, rectrice de Lille

Une problématique auquel répond Valérie Cabuil, la rectrice de Lille : "il faudra aussi qu’on travaille sur l’école parce qu’on sent que là il y a déjà ce phénomène qui est ancré et qui touche beaucoup de jeunes, ça peut vraiment influer sur leur personnalité ensuite". Elle ajoute : "il était très important d’avoir ce message fort là maintenant, et qui va annoncer à partir de l’année prochaine un grand plan contre le harcèlement". 

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