Xavier Bertrand a adressé jeudi 21 septembre une lettre au ministre de l'Agriculture Marc Fesneau pour lui demander de soutenir la filière pomme de terre dans la région. Mise à mal par la chaleur de l'été 2022, celle-ci fait face à un mauvais rendement historique couplé à l'inflation.
Pour se procurer ses pommes de terre, l'Hexagone compte énormément sur les Hauts-de-France. La région représente 61 % de la production française de patates, qu'elles soient destinées directement aux assiettes ou à se transformer en frite ou en fécule.
Mais après cet été 2022 particulièrement chaud et sec, les patatiers locaux tirent la langue : jamais, depuis 20 ans, la production haut-française des tubercules n'a été aussi faible, selon l'Union nationale des producteurs de pomme de terre (UNPT).
Jamais l'impact du changement climatique n'avait été aussi dévastateur que cette année pour cette production qui fait la fierté et l'identité agricole des Hauts-de-France.
Xavier BertrandPrésident (LR) du conseil régional des Hauts-de-France
Inquiet pour la filière, le président (LR) du Conseil régional s'en est ému auprès du ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Marc Fesneau. Les producteurs pourraient voir le coût de production bondir "de 25 à 30%, sans compter les perspectives inflationnistes de 2023," rapporte l'ancien maire de Saint-Quentin, citant l'UNPT dans un courrier transmis au ministère ce 21 septembre.
Le secteur féculier menacé
Non seulement les patates sont moins grosses que les années précédentes, mais elle sont aussi moins gorgées d'amidon. L'amidon extrait des pommes de terre - aussi appelé fécule - entre dans la préparation de nombreux produits industriels, qu'ils soient agroalimentaires (épaississant), cosmétiques ou encore pharmaceutiques (excipient).
La région compte notamment un site industriel de production de fécule à Vecquemont (Somme). Xavier Bertrand affirme qu'il pourrait se trouver en péril sans soutien de l'État face à ses intempéries qui seront de plus en plus communes. À Vecquemont, la coopérative fondée en 2011 a connu sa plus mauvaise année depuis sa création, comme on le constate sur le graphique si dessous.
Pour sa production, l'industrie féculière ne raisonne pas en termes de poids, mais de "tonne à 17", unité prenant en compte la richesse féculière d'une pomme de terre. Pour repère, avec 5 tonnes de pommes de terre à 17 de richesse, on extrait une tonne de fécule.
Xavier Bertrand demande au pensionnaire de l'Hôtel de Villeroy de secourir financièrement ces producteurs. Sans cet aide, il estime qu'un nombre considérable de patatiers ne pourra pas se permettre d'investir pour la prochaine récolte, "alors même que la demande de l'industrie agroalimentaire et des consommateurs reste très forte".