Le délicat dossier du retour du député LFI Adrien Quatennens à l'Assemblée nationale

Visé par une plainte de son épouse à propos de laquelle il a reconnu des violences, le député La France Insoumise de la première circonscription du Nord envisagerait son retour à l'Assemblée nationale. Pour planifier ce retour, son parti marche sur des oeufs. Explications.

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La France insoumise tente de planifier un retour d'Adrien Quatennens à l'Assemblée nationale deux mois après son aveu de violences conjugales, mais la pression et les réticences de certains élus et de féministes compliquent ce projet.

Le député du Nord, dont le congé maladie s'est achevé la semaine dernière, a refait surface sur la scène politique le week-end dernier avec deux tweets sur l'effondrement de deux immeubles à Lille.

Une première depuis le 18 septembre et un communiqué dans lequel il reconnaissait des violences envers son épouse, dont une gifle. En réagissant sur ce sujet local, Adrien Quatennens, qui est l'objet d'une plainte de son épouse, revient sur la pointe des pieds.

Sur Public Sénat jeudi dernier, le député LFI Alexis Corbière a rapporté qu'il était "en situation intellectuelle de revenir, c'est du moins ce qu'il semble dire: il y a des combats à mener, il y a des gens qui l'ont élu".

Le parti LFI a semblé écarter, jeudi lors d'une conférence de presse sur l'évolution du mouvement, son retour à la coordination, qu'il avait quittée.

Mais "nous travaillons collectivement aux modalités et au calendrier du retour d'Adrien Quatennens" à l'Assemblée nationale, a indiqué ce mardi 15 novembre Manuel Bompard, le patron officieux du parti. "Il n'est pas condamné à perpétuité, donc il est normal qu'on prépare" ce retour, a encore commenté le député. "Il y a une échéance, que je ne vous donnerai pas", a abondé mardi la présidente des députés LFI Mathilde Panot.

Dans le groupe, tout le monde est d'accord pour dire qu'il ne doit être ni exclu du groupe ni qu'on demande sa démission,

Mathilde Panot.

Ce retour, Jean-Luc Mélenchon s'y est dit favorable, et même le plus vite possible.

"Passer l'éponge" ? 

Mais LFI, qui se veut à l'avant-garde des combats féministes, marche sur des oeufs. La "Relève féministe", collectif créé en ligne après l'affaire Quatennens, a collé dimanche soir des affiches et accroché des banderoles devant le siège du mouvement à Paris pour protester contre ce retour annoncé. "Pas d'impunité pour votre pote agresseur", "Nos vies valent plus que vos carrières", "Accompagnons nos soeurs, pas leurs agresseurs", pouvait-on notamment lire.

"Il a été un temps question qu'il participe aux commémorations du 11 novembre",
confie un député en privé, "pas certain que le mois de novembre soit le meilleur moment", avec la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes, le 25, et une mobilisation prévue dans toute la France le 19 sur le même sujet.

"L'idéal, pour revenir, serait qu'il puisse s'appuyer sur un acte de la justice"
ou "qu'il s'exprime, par exemple en faisant une conférence de presse", poursuit le même député. Depuis quelques temps, plusieurs cadres Insoumis se sont, en coulisses, efforcé de préparer le retour d'Adrien Quatennens en faisant valoir la complexité que recèle toute crise de couple, et que le communiqué détaillant les violences conjugales a été écrit dans un contexte où le député souhaitait reconquérir sa femme.

Puis "Adrien s'est fermé comme une huître, il ne répondait plus au téléphone", glisse le député LFI cité plus haut.

Un autre dirigeant s'émeut qu'Adrien Quatennens ait plongé psychologiquement, loin de son domicile et de ses enfants. "C'est peut-être dur pour lui mais (...) ce qui m'intéresse, c'est le mal collectif auquel on doit faire face", les violences conjugales, a déclaré mardi sur RadioJ Jérôme Guedj, député socialiste. "On ne peut pas passer l'éponge de manière aussi rapide et aussi simple et donc il va falloir qu'il trouve une manière de faire", a-t-il ajouté. "Juridiquement, il est député et il peut siéger, après, il a un débat avec sa conscience", a estimé le député LR Eric Ciotti sur France 2. 

"C'est à lui de prouver aux femmes, notamment aux femmes battues, que son retour en politique pourrait servir ce combat-là", a jugé la députée "éco-féministe" Sandrine Rousseau.

La décision est avant tout "personnelle", estime pour sa part un haut dirigeant du PS. Qui jette cependant un pavé dans la mare : "La vraie responsabilité pour la Nupes c'est de savoir s'il revient sous nos couleurs ou pas".

Avec AFP

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