Devant le tribunal administratif de Lille, le bar La Citadelle, repaire de l'ultradroite lilloise, contestait deux décisions : sa fermeture et l'annulation d'une soirée, ordonnées respectivement par la mairie de Lille et la préfecture du Nord. Ce vendredi 24 février, le jugement a été rendu public.
C'est un revers pour la mairie de Lille. Le tribunal administratif de Lille suspend la fermeture du bar identitaire La Citadelle, décrétée par arrêté municipal, il y a une dizaine de jours.
"La commune de Lille était, bien avant sa décision de fermeture, en mesure d’identifier le local comme un établissement recevant du public et aurait dû inviter l’association à régulariser sa situation et opérer des contrôles", est-il précisé dans l'ordonnance, publiée ce vendredi 24 février.
On a gagné contre la mairie de Lille donc il n’y a pas de fermeture de l’établissement. C’est une victoire.
Frédéric PichonAvocat de La Citadelle
"Nous allons faire appel", a rapidement annoncé Martine Aubry, la maire de Lille. "Depuis 2016 où le bar a été installé, nous n’avons cessé de souhaiter qu’il aille ailleurs."
Une soirée interdite ?
Au début du mois, La Citadelle avait annoncé sur les réseaux sociaux une soirée nommée "Qu'ils retournent en Afrique". Révélé par les médias, l'événement avait suscité un tollé, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin demandant l'interdiction de cette manifestation. Chose faite par un arrêté préfectoral, en date du 15 février 2023.
Le tribunal de Lille, également saisi en référé sur cette question, estime ce jeudi 23 février que "que l’interdiction de tout rassemblement sur la voie publique en soutien à cet évènement était une mesure nécessaire". Il ajoute qu'il "existe un risque sérieux d’affrontement en plein centre-ville de Lille" entre les participants de cette soirée et ses opposants.
Le bar La Citadelle s'interroge désormais. "L’arrêté concerne une manifestation sur la voie publique mais il ne concerne pas une réunion privée", explique Frédéric Pichon, avocat de La Citadelle.
Pour Aurélien Verhassel, président du bar, pas de doute : "La soirée est maintenue." D'après lui, environ 40 personnes y sont attendues.
Pas question pour Martine Aubry, la maire de Lille, qui a immédiatement pris un nouvel arrêté. "J’ai pris un arrêté d’interdiction de la réunion dans le local [...] Au regard du trouble à l’ordre public qu’est susceptible de générer cette réunion."
Une manifestation organisée contre le bar
La Ligue des droits de l'homme, la France Insoumise, la CGT, la Jeune garde antifascite... Une dizaine d'organisations ont lancé un appel à se rassembler ce soir, vendredi 24 février, sur la Grand Place de Lille.
"Nous ne pouvons plus accepter le moindre laxisme vis-à-vis de l'extrême-droite. Nous ne pouvons plus supporter l'ouverture de lieux faisant ostensiblement la promotion de la discrimination, de la violence et de la haine" écrivent les organisateurs.
Ceux-ci demandent également la fermeture définitive de l'établissement.