Le premier vice-président au tribunal de grande instance de Lille, Marc Trevidic, indique ce dimanche à nos confrères du JDD être prêt à candidater au futur Parquet national antiterroriste. Un retour aux sources, pour l'ancien juge d'instruction du pôle antiterroriste du TGI de Paris ?
L'annonce est loin d'être surprenante; Marc Trevidic, ancien juge d'instruction au pôle antiterroriste du tribunal de grande instance de Paris n'a jamais caché son désir de revenir dans ce champ d'action, dont il s'était éloigné en étant nommé juge aux affaires familiales, à Lille.
Le vice-président du TGI de Lille indique aujourd'hui à nos confrères du JDD qu'il va sans doute candidater au nouveau Parquet national antiterroriste. "Si [...] ce n’est pas un choix politique mais un choix ouvert entre différents candidats, je candidaterai certainement", précise Marc Trevidic.
3 ans après son départ du pôle antiterroriste, cette création d'un nouveau Parquet pourrait lui remettre de revenir à un terrain qu'il quittait avec regret. En novembre 2015, quelques semaines seulement après sa nomination à Lille et juste après les attentats de Paris, Marc Trevidic déclarait publiquement : "Dans cette situation exceptionnelle, si on veut que je revienne faire de l'antiterrorisme, je reviendrai faire de l'antiterrorisme."
Sauf que voilà, la loi interdit à un magistrat de rester plus de 10 ans à un même poste, même s'il traite de dossiers complexes, s'étalant sur plusieurs années et nécessitant une certaine expertise. Marc Trevidic n'a pas été rappelé depuis.
Un juge médiatique
Sa longue expérience en matière d'antiterrorisme jouera-t-elle en sa faveur ? Peut-être. Mais il n'y a pas que ça. Marc Trevidic est rapidement devenu, dans les médias, le visage de l'antiterrorisme, omniprésent sur les plateaux de télévision et dans la presse. Une médiatisation qui déplaisait alors à nombre de ses confrères.
D'autant que que le juge se fait aussi connaître pour d'autres raisons que celles relevant de son statut professionnel. Séquence télé en mode rock-star, où on le voit jouer de la guitare électrique, écriture de romans... Marc Trevidic fait parler de lui et assume un ton "libéré" par rapport à celui, polissé, des magistrats en général.
Cela pourrait clairement jouer en sa défaveur aujourd'hui s'il postulait effectivement au Parquet national antiterroriste. D'autant que, toujours d'après nos confrères du JDD, d'autres candidats sortent déjà de l'ombre, comme Jean-Paul Garraud, homme politique et magistrat à la Cour d'appel de Poitiers.
Le Parquet national antiterroriste, c'est quoi ?
La Chancellerie a annoncé sa création en décembre dernier, afin de faire face à "la charge que représente la réponse pénale au terrorisme". Jusqu'à présent, c'est le pôle antiterroriste du Parquet de Paris qui devait gérer la majorité de ces affaires."Avec la création d'un parquet national antiterroriste, le parquet de Paris se verrait ainsi dégagé de ce contentieux lourd et spécifique, ce qui lui rendrait toutes ses capacités de gestion des autres contentieux sensibles. Il serait ainsi plus efficace et plus visible", expliquait alors Nicole Belloubet. "Le PNAT aurait quant à lui toute la disponibilité pour recentrer son activité sur cette mission essentielle."
Si ce nouveau Parquet doit voir le jour en 2018, les contours de cette création sont encore flous. "Est-ce que ce n'est qu’un parquet ou est-ce que c’est toute une juridiction ?", se demande Marc Trevidic. "Je n’ai pas la réponse. Si c’est une juridiction détachée de Paris, cela veut dire qu’il y aura aussi des juges du fond, une cour d’assises rattachée, des JLD… Mais je ne suis même pas sûr que ce soit le projet. Si c’est le parquet antiterroriste au sens strict du terme, c’est exactement pareil qu’aujourd’hui à Paris."
Réponse au printemps.