LOSC : un fonds américain et une offshore des Îles Caïmans au capital de la holding du club

Selon un document publié mercredi au Luxembourg, deux nouveaux actionnaires ont fait leur entrée au capital de Lux Royalty, l'une des holdings du LOSC : la société de courtage Manchester Securities, liée au fonds d'investissement américain Elliott, et une société offshore des Iles Caïmans.

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Ces deux nouveaux actionnaires minoritaires ne détiennent chacun qu'une seule action (soit 0,1% du capital) de la société luxembourgeoise Lux Royalty, l'une des quatre holdings (ou "maison-mères") du LOSC (voir infographie ci-dessous). Mais leur influence se révéle autrement plus importante, car il s'agit, selon toute vraisemblance, de deux créanciers de cette holding dirigée par Gérard Lopez


Leur entrée au capital s'est faite le 19 juin 2017 mais n'a été rendue publique que mercredi dernier, au registre du commerce du Luxembourg. Manchester Securities Corp. est une société de courtage new-yorkaise, filiale du puissant fonds spéculatif Elliott Management, piloté par le milliardaire Paul Singer. Zayn Investments Limited est domiciliée quant à elle aux Îles Caïmans, un territoire britannique d'outre-Mer qui pourrait bien rejoindre prochainement la liste noire européenne des paradis fiscaux, en raison de ses pratiques opaques favorables à l'évasion fiscale.


Nous n'avons d'ailleurs pu trouver aucune information concernant cette société via Google et différentes bases de données. Est-elle liée elle aussi à Elliott Management ? Nous avons posé la question à Elliott Advisors, l'antenne britannique du fonds, sans obtenir de réponse pour l'instant.

Emprunts obligataires

Manchester Securities et Zayn Investments ont acquis, au sein de Lux Royalty, des actions de "classe A2", une catégorie réservée aux créanciers de la holding luxembourgeoise du LOSC. Plus précisément, à ceux qui ont souscrit aux différents emprunts obligataires effectués en janvier, mai et juin 2017 pour financer les activités du club de football nordiste.


D'après les statuts de Lux Royalty, ces actionnaires/créanciers peuvent prétendre à un dividende annuel et préférentiel de 2%. Mais ils disposent surtout d'un représentant au conseil de gérance, où siègent Gérard Lopez, le propriétaire du LOSC, et le financier luxembourgeois Claude Zimmer, administrateur du club et de ses différentes "maisons-mères". Selon l'article 13, "jusqu'au plus tôt du Remboursement obligataire A-2 (obligations émises début juin NDR) ou de la Cession Obligataire (obligations émises en janvier et en mai NDR)",  "la conclusion et/ou la modification de tout contrat de service entre la Société (Lux Royalty NDR) et LOSC Lille SA et de tout contrat de prêt entre la Société (Lux Royalty NDR) et LOSC Lille SA" doivent obligatoirement être soumises à l'approbation de ce représentant.

En juin dernier, Manchester Securities et Zayn Investments ont désigné au sein de Lux Royalty un certain Pierre Claudel. Le nom de ce Français de 39 ans apparaît dans de nombreuses sociétés luxembourgeoises liées au fonds Elliott, notamment Project RedBlack, une structure montée pour financer le rachat au printemps 2017 du club italien du Milan AC par l'homme d'affaires chinois Li Yonghong. Là aussi, il s'agit d'emprunts obligataires, pour un montant total de 303 millions d'euros à rembourser d'ici octobre 2018, avec des taux de 7,7% et 10,5%.


Un montage surveillé de près par la DNCG

On ignore en revanche le montant exact des emprunts obligataires souscrits par Lux Royalty auprès de Manchester Securities et Zayn Investments, ainsi que les taux d'intérêt pratiqués et les échéances de remboursement. L’entourage de Gérard Lopez avait seulement évoqué début juillet au Luxemburger Wort "une enveloppe d'investissement comprise entre 140 et 160 millions d'euros, dont les trois quarts de ce montant proviennent d'une ligne de crédit ouverte au niveau de la holding". Sans en dire plus. Même silence du côté du fonds Elliott, souvent qualifié de "fonds vautour" pour se pratiques intraitables à l'égard de ceux qui tardent à lui rembourser son argent...

En juin dernier, la Direction Nationale du Contrôle de Gestion (DNCG), le gendarme financier du football français, n'avait pas immédiatement validé le budget du LOSC pour l'actuelle saison, exigeant davantage de garanties de la part de son propriétaire Gérard Lopez. "Il a fallu faire preuve de pédagogie", a récemment reconnu Barthélémy Courteault, l’un des avocats qui ont épaulé l'homme d'affaires luxembourgeois pour le rachat du club nordiste. "Il était aussi important d’expliquer à l’instance chargée de surveiller les comptes des clubs de football professionnels les mécanismes de financement modernes issus du private equity et l’ingénierie financière qui peut ainsi être utilisée. Des modes de financement non bancaires auxquels la DNCG n’est pas forcement habituée."


La direction du LOSC doit de nouveau se présenter devant les experts-comptables de la DNCG d'ici l'ouverture du marché hivernal des transferts. Le rendez-vous initial, prévu la semaine dernière, a été reporté. Visiblement, le gendarme financier se montrerait une nouvelle fois tâtillon. "C'est normal d'avoir autant de demandes et d'enquêtes car c'est un projet encore jamais vu en France", a expliqué Marc Ingla, le directeur général des Dogues, lors d'une réunion avec les groupes de supporters mardi soir





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