Municipales à Lille : Aubry ? Spillebout ? Blanc ? Même éliminée, la droite lilloise se divise sur les consignes de vote

Lecerf appelle à voter Aubry, Pauchet aussi. Mais Huyghe a choisi Spillebout. Et Daubresse, le bulletin blanc. A Lille, la droite éliminée est divisée avant le 2nd tour des élections municipales.

Il l'avait annoncé. Il le fait. Jean-René Lecerf confirme qu'il votera Martine Aubry le 28 juin au second tour des élections municipales à Lille. Le président (DVD) du Conseil Départemental du Nord a même pris soin d'organiser une conférence de presse, ce mercredi, pour longuement expliquer et détailler les raisons de son choix. Martine Aubry, socialiste, en difficulté dans cette élection face à l'écologiste Stéphane Baly, engrange donc les soutiens de la droite lilloise. La semaine dernière, le centriste Thierry Pauchet, chef de file de l'opposition au conseil municipal et candidat malheureux en 2020, annonçait son vote en faveur de la maire sortante. Et cette fois, c'est donc Jean-René Lecerf, lui aussi conseiller municipal d'opposition mais surtout tête de liste de la droite et farouche adversaire de Martine Aubry en 2014, qui fait de même. Etonnant.

Au moins, Jean-René Lecerf, lui, avait prévenu. Dès le début de la campagne, avant même qu'on sache qui dominerait ces élections, le président du département avait clairement dit qu'il voterait pour Martine Aubry au second tour, "quelque soit le résultat du premier tour." A l'époque, c'était une façon de prendre ses distances avec sa propre famille politique, qu'il n'a jamais cru capable de prendre le beffroi. 

Les Verts, un danger extrême.

Jean-René Lecerf, pdt du Conseil départemental du Nord

Si Jean-René Lecerf, 69 ans, ancien sénateur RPR puis UMP du Nord, choisit ouvertement de soutenir Martine Aubry, c'est aussi pour bien montrer sa défiance envers la liste de Stéphane Baly (EELV). "Un danger extrême, dit-il. Des amateurs plein de bons sentiments qui vont nous mener à la catastrophe, qui méconnaissent les dossiers, qui n'ont rien sur le financement de leur programme, qui ont un côté soviétique avant Gorbatchev. Bref, on a le choix entre Martine Aubry et le chaos." Fermez le ban. Mi juin, un sondage annonçait un duel extrêmement serré : 39% d'intentions de vote pour Martine Aubry, 37 pour Stéphane Baly.

Il s'en passe des choses en six ans. En 2014, en pleine campagne des élections municipales, le candidat Jean-René Lecerf n'était pas tendre avec la maire sortante. Il n'avait pas de mots assez dur pour notamment critiquer son bilan sur la sécurité et l'économie. Aujourd'hui, il a pour elle "beaucoup d'estime". "La ville de Lille est bien gérée, dit-il. Martine Aubry écoute et respecte son opposition. Pendant la crise sanitaire, elle s'est démultipliée."

Non, on ne peut pas soutenir une majorité contre laquelle on a porté le fer pendant vingt ans !

Sébastien Huyhe, député LR du Nord

Chez "Les Républicains", on ne comprend pas cette prise de position. Le patron du parti gaulliste dans le département du Nord, Sébastien Huyghe, tacle sévèrement : "Jean-René Lecerf oublie un peu vite le courant d'idées qu'il a soutenu et à qui il doit ses fonctions. Il faut de la cohérence en politique. Non, on ne peut pas soutenir une majorité contre laquelle on a porté le fer pendant vingt ans ! La droite ne peut pas soutenir Martine Aubry." Sébastien Huyghe (élu député UMP en 2002 contre... Martine Aubry) appelle donc Les Républicains lillois à voter pour la liste de Violette Spillebout, la candidate de La République En Marche. "La seule liste d'opposition encore en lice", explique Sébastien Huyghe.

"Nous sommes dans la ville natale du Général de Gaulle. Les Républicains, c’est le parti hériter du gaullisme. On ne peut pas se désintéresser de ce qui se passe dans cette ville. Nous nous devons de prendre position pour ce 2e tour des élections municipales. Nous combattons la majorité actuelle (Martine Aubry et les Verts) depuis plusieurs mandats. Je ne vois pas Les Républicains soutenir un candidat de la majorité sortante. Il y a une candidate, une équipe, qui représente l’opposition avec un projet alternatif. J’ai regardé avec attention le projet de Violette Spillebout. J’y ai retrouvé des valeurs qui sont communes avec ce que nous prônons : pas d’augmentation d’impôts, renforcer la sécurité, faire une transition écologique équilibrée sans chasse à la voiture, favoriser le développement économique de la ville. Donc je ne vois pas pourquoi pour des raisons nationales, on ne privilègirait pas l’intérêt des lillois. Aujourd’hui, l’intérêt des Lillois, Il est dans l’équipe de « Faire respirer Lille ». On ne tombe pas dans la politique politicienne. Au niveau national, je suis un opposant à LREM. Mais au niveau local, sur un projet, nous pouvons nous retrouver. C’est pour ça que, sans aucune ambigüité, j’appelle, au nom des Républicains, à voter pour la liste « Faire respirer Lille ».

Etonnant. Encore. Dès le 15 mars, au soir du premier tour, Violette Spillebout avait pourtant écarté l'idée d'un rapprochement entre sa liste et celle de la droite menée par le sénateur (LR) Marc-Philippe Daubresse. Une "alliance contre nature" avait-elle sèchement expliqué. Vexé, Marc-Philippe Daubresse avait alors appelé ses 3000 électeurs à s'abstenir ou à voter blanc. Son patron dit l'inverse. 

La reconstruction de la droite lilloise (8,24% au premier tour... score historiquement bas) sera compliquée.

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