"On compte sur le courage politique pour interdire la publicité à Lille" : une action militante remplace les publicités par des œuvres d'art

Se réapproprier l'espace public. Ce samedi 6 avril 2024, un collectif d'artistes et de militants a permuté les habituelles publicités disséminées autour de République Beaux-Arts avec des œuvres d'artistes bénévoles. L'action non-violente qui a ravi les passants, veut rappeler la toxicité des publicités sur le cerveau humain.

Ô Méditerannée, mer tant aimée, quel linceul si cruel te fait-on devenir... Les passants les plus chanceux ont pu admirer ces vers exposés dans un panneau publicitaire à République Beaux-Arts, ce samedi 6 avril dans la matinée. Une publicité curieuse, qui n'en est simplement pas une. Un collectif d'artistes, associé au groupe Résistance à l'Agression Publicitaire (RAP) a profité des journées des métiers d'art pour improviser une exposition en plein air en dénonçant l'omniprésence des publicités dans notre quotidien. 

L'art au cœur de l'espace public

En quelques minutes, artistes et militants ont évincés 17 panneaux publicitaires, sitôt remplacés par des œuvres d'art. Des créations en grands formats, colorées, noires et blanches ou fleuries ont pu être admirées par les curieux.

Les artistes étaient là pour présenter, on a fait le tour de la place en buvant un verre, comme un vernissage.

Charlène Fleury, responsable communication de l'action

L'action revendiquée sans violence s'est déroulée dans une bonne ambiance : "les artistes étaient là pour présenter, on a fait le tour de la place en buvant un verre, comme un vernissage", relate Charlène Fleury, responsable de la communication. 

Les titres des œuvres sont aussi évasifs que leurs contenus, laissant libre cours à l'interprétation personnelle : "Cocotte", "I <3 YOU" ou encore "Nos cerveaux ne sont pas à vendre", trônaient fièrement dans les encarts publicitaires.

Pour tous, c'était l'occasion d'assister à une exposition gratuite et éphémère :"on avait imprimé des flyers pour proposer aux passants de faire le tour", explique Charlène Fleury. Une attention qui a su être appréciée : "quand on enlève les pubs les gens se rappellent qu'ils les détestent."

Artistes et collectif anti-pubs dénoncent les effets néfastes des publicités sur la santé et l'environnement. "Le but de l'action, résume Charlène Fleury, c'est de se réapproprier l'espace public et donner à voir ce que ça serait si on mettait des choses qui donnent à réfléchir plutôt que de nous inciter à acheter des trucs."

Éloigner les pubs du centre-ville

La publicité n'est pas réputée pour ses bienfaits environnementaux et sociétaux. Régulièrement accusée de sexisme et de racisme car elle recourt régulièrement à des clichés pour vendre, elle est gourmande en énergie et incite à la consommation. Parfois dans des secteurs dont la nocivité écologique n'est plus à démontrer : aviations, SUV, fast fashion...

La convention citoyenne pour le climat l'a par ailleurs jugée "en contradiction avec l'Accord de Paris", qui vise à limiter le réchauffement à 1.5C, et a proposé une liste de mesures pour réguler la publicité.

Les revendications du collectif se basent sur deux exemples français. "À Lyon, la mairie a régulé la taille des panneaux publicitaire, et à Grenoble ils ont carrément démantelé le mobilier publicitaire", insiste Charlène Fleury. Alors que la MEL a annoncé la révision du règlement local sur la publicité, les collectifs attendent une preuve "de courage politique pour interdire la publicité à Lille".

Sur internet on peut mettre un bloqueur de pub mais dans une ville y'a pas de bouton ok pour les cookies

Charlène Fleury, responsable communication de l'action

Charlène Fleury, de son côté, tient à rappeler que personne n'est insensible à la publicité : "c'est intéressant quand on achète quelque chose de se demander si on achète sur un coup de tête ou non, et quelle a été l'influence de la publicité dans cet achat : souvent, on se rend compte qu'on a été manipulé." 

En attendant, difficile d'éviter les publicités quand on déambule dans le centre. "Je lis en marchant pour ne pas voir la rue", plaisante Charlène Fleury qui déplore l'absence de consentement sur les publicités que l'on croise en ville : "sur internet on peut mettre un bloqueur de pub mais dans une ville y'a pas de bouton ok pour les cookies."

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