Le dispositif de sécurité a été renforcé autour des lieux cultuels de confession juive dans le Nord et le Pas-de-Calais, suite à l'attaque de la synagogue de la Grande-Motte (Hérault), le 24 août 2024. Une présence policière et militaire renforcée qui n'a que peu de conséquences sur la communauté des Hauts-de-France, selon l'antenne régionale du Crif.
Suite à l'attaque antisémite survenue à la synagogue de la Grande Motte dans l'Hérault, le 24 août 2024, les préfectures du Nord et du Pas-de-Calais ont annoncé avoir renforcé le dispositif de sécurité autour des lieux de confession juive. "Un incident de plus" selon l'antenne régionale du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), expliquant que la communauté est habituée aux risques d'attaques et à la protection policière de ses lieux.
Rappelons d'abord les faits. Samedi 24 août au matin, un homme a été arrêté après avoir tenté de mettre le feu à la synagogue Beth Yaacov Atlan de La Grande-Motte (Hérault), avant l'office matinal du shabbat qui accueille de nombreux fidèles. Il a été filmé par une caméra de surveillance sur place, à visage découvert, en possession d'une hachette et d'une arme de poing à la ceinture.
"Un drame a été évité" de justesse, avait déclaré le lendemain le ministre de l'Intérieur démissionnaire Gérald Darmanin, dénonçant un "acte antisémite". La maire de Lille, Martine Aubry, avait qualifié la tentative d'incendie de "lamentable" sur X et avait témoigné sa "solidarité avec les concitoyens de confession juive".
Cette tentative d’incendie de la synagogue de la Grande Motte est lamentable. Toute ma solidarité avec les concitoyens de confession juive. Nous ne lâcherons rien face à l’antisémitisme et la haine dans notre pays. La France, ce n’est pas ça!
— Martine Aubry (@MartineAubry) August 24, 2024
L'enquête sur l'attaque se poursuivait lundi et les gardes à vue du principal suspect et de deux autres personnes ont été prolongées, ont indiqué à l'AFP le Parquet national antiterroriste (Pnat) et une source proche du dossier.
Davantage de présence statique et de patrouilles
Suite à ces évènements, "la sécurité a été renforcée dès samedi matin avec des présences statiques, notamment lors des offices, et des patrouilles dynamiques des forces de l'ordre et des militaires de l'opération sentinelle", explique la préfecture du Nord, rejointe par celle du Pas-de-Calais.
"Seuls deux lieux de cultes juifs sont identifiés, dont l'un est fermé pour cause de travaux" et aucun office n'est assuré dans le Pas-de-Calais. Pour le Nord voisin, "deux synagogues sont actuellement actives" et surveillées, notamment celle de Lille, la plus grande et comptant environ 300 familles. En revanche, il n'y a pas d'école confessionnelle, ni de commerce communautaire particulier dans ces deux départements.
"Sans vouloir tomber dans le pathos, nous avons une grande force de résilience et nous sommes plus dans la réaction que dans l'effondrement."
François Goguenheim, président de l'antenne des Hauts-de-France du Crif
Le dispositif de sécurité renforcé n'a que peu de conséquences pratiques pour les fidèles de la région assure François Goguenheim, président de la délégation des Hauts-de-France du Crif. "Ce n'est pas que nous n'avons pas de craintes, naturellement les gens parlent de l'attaque entre eux mais sans vouloir tomber dans le pathos, nous avons une grande force de résilience et nous sommes plus dans la réaction que dans l'effondrement", explique-t-il.
Il ajoute que les institutions juives de la région ont "d’excellentes relations" avec les préfectures, permettant de prendre en compte avec efficacité les problématiques auxquelles elles peuvent être confrontées.
"Un attentat peut arriver à n'importe quel moment, nous le savons. Malheureusement, on s'habitue à tout", déplore François Goguenheim, rappelant que la surveillance policière et militaire devant les synagogues date depuis les années 1980 au moins.
Augmentation des agressions
Le risque de menace terroriste s'ajoute par ailleurs à un contexte déjà tendu en France : entre les répercussions de la guerre Israël-Palestine et l'organisation des Jeux paralympiques sur le territoire, mobilisant aussi les forces de l'ordre du pays.
"Une attention particulière est accordée de manière permanente aux établissements cultuels" des deux départements en raison du contexte géopolitique actuel, abondent les deux préfectures concernées.
Et la vigilance sera particulièrement de mise lors du mois d'octobre : le 7 marquera le premier "anniversaire" de l'attaque du Hamas en Israël. Sans oublier une convergence de plusieurs fêtes juives, comme Yom Kippour le 8 octobre, la plus célébrée par la communauté ramenant les fidèles même peu pratiquants dans les synagogues.
À l’occasion de la semaine d’éducation et d’actions contre le racisme et l’antisémitisme, nous avons demandé à l'historienne Annette Wieviorka de nous expliquer la différence entre le racisme et l’antisémitisme. #TousUnisContreLaHaine @DILCRAH @SoniaBackes @Interieur_Gouv pic.twitter.com/LRd0CkoFLF
— SG-CIPDR (@SG_CIPDR) March 21, 2023
En plus des attaques terroristes, le président régional du Crif évoque le danger de paroles tenues dans des cénacles ou des universités flirtant avec l'antisémitisme et attisant les tensions dans le pays. "Il y a une dégradation, depuis deux, trois ans particulièrement ça se crispe", affirme François Goguenheim avant de préciser que la France n'est pas un pays antisémite en soi.
Les crimes ou délits à caractère raciste, xénophobe ou antireligieux ont augmenté de 32% en 2023 par rapport à 2022 en France, avait dévoilé un rapport du service statistique du ministère de l'Intérieur en mars 2024. En ce qui concerne uniquement les actes antisémites, "il y a quasiment 200% d'augmentation" en France depuis le 1er janvier, avait déclaré Gérald Darmanin le 25 août sur France 2.
Avec AFP