Les passagers d'un vol Figari-Paris ont eu la surprise d'atterrir sur le tarmac de l'aéroport de Lille-Lesquin (Nord) au lieu de leur destination initiale, samedi 20 juillet 2024. Un déroutement pas si extraordinaire causé par les orages violents dans l'hexagone. Certains passagers regrettent le manque d'explications de la compagnie Air-France opérant sur le vol.
"Je préfère arriver en retard dans ce monde qu'en avance dans le prochain". Au moins, le pilote a de l'humour se souvient Isabelle Malivoir, un brin amusée au téléphone. De l'humour, il en aura fallu à cette passagère, et de la patience aussi. Car son avion censé partir de Figari dans le sud de la Corse, samedi 20 juillet à 20h10 et atterrir à 22h35 à l'aéroport de Roissy n'aura finalement jamais vu le tarmac parisien. À la surprise générale de l'ensemble des passagers, c'est l'aéroport de Lille-Lesquin qui a accueilli sur son sol ce drôle d'équipage.
Tout semble pourtant aller comme sur des roulettes, samedi 20 juillet au soir. Le ciel corse arbore de magnifiques teintes orangées, moment divin pour mettre fin aux vacances et dire au revoir à l'île de beauté pour Isabelle Malivoir et ses enfants. Les passagers montent dans l'avion les uns après les autres et rien ne semble pouvoir perturber ce début de voyage.
Rien, si ce n'est de gros nuages orageux bientôt visibles depuis les hublots. "Le spectacle était magnifique ! On s'émerveillait tous devant les éclairs sortant de la masse nuageuse noire", raconte la mère de famille imperturbable, avant d'ajouter que la vue était "quand même un peu effrayante".
L'avion dérouté à Lille
Un sentiment qui se révéle prémonitoire, alors que le ciel métropolitain capricieux, chargé d'orages violents causés par les chaleurs estivales, oblige l'avion à trouver un autre aéroport d'arrivée. "On trouvait que le vol était très long", témoigne Isabelle Malivoir sentant alors que quelque chose ne tourne pas rond. "Le pilote essayait de nous rassurer au début en nous disant qu'il voyait la tour Eiffel".
Puis, silence radio. Aucune nouvelle n'arrive jusqu'aux oreilles des passagers, ou bien "au compte-goutte". Jusqu'au moment fatidique de l'atterissage annoncé... à Lille, et non à Paris comme il était prévu.
"Dès que les conditions météorologiques sont mauvaises, par exemple lors de tempêtes de neige ou de forts vents, on ferme l'aéroport par mesure de sécurité"
Constance Ostyn, responsable communication de l'aéroport Lille-Lesquin
"Cela n'arrive pas souvent mais ce n'est pas non plus un phénomène rare", explique Constance Ostyn, responsable communication de l'aéroport Lille-Lesquin. Elle affirme qu'il s'agissait du seul avion dérouté à Lille samedi soir à cause du mauvais temps à Paris. "Dès que les conditions météorologiques sont mauvaises, par exemple lors de tempêtes de neige ou de forts vents, on ferme l'aéroport par mesure de sécurité".
Des déroutements ou des fermetures temporaires qui peuvent aussi être dues à des problèmes techniques, voire des attentats. Ce fut par exemple le cas en octobre 2023, lors de l'attentat perpétré à Bruxelles, l'aéroport du Nord avait accueilli sur son sol des avions non prévus.
Arrivée à 6h du matin à Paris
Heureusement pour le vol AF7587 en provenance de Figari, les seuls responsables du changement soudain de point d'arrivée se trouvent du côté des nébulosités électriques. "Ce qui m'a surprise c'était le calme olympien des passagers", se souvient Isabelle Malivoir. Pas de colère, ni d'angoisse malgré les nombreux enfants et bébés présents dans la carrelingue blanche.
Il y a pourtant plusieurs raisons de perdre patience, rapporte la passagère : environ deux heures d'attente sur place, plus d'eau plate à bord (mais de l'eau pétillante acceptée sans rechigner), et aucune information donnée... Puis, un choix à faire : soit passer la nuit dans un hôtel sur place (mais repartir par ses propres moyens le lendemain), soit repartir en bus vers Paris, les deux options aux frais de la compagnie Air France opérant sur le vol.
La majorité des passagers choisit de repartir en bus, et ils n'arriveront à la capitale qu'à 6h du matin, ce dimanche 21 juillet. Comble de l'histoire, ils apprennent que l'employé chargé de récupérer les bagages a eu un accident de la route et serait blessé. "Un problème n'arrive jamais seul", ironise le pilote une dernière fois avant de disparaitre dans une voiture l'attendant sur le tarmac de Lille, embarquant avec lui le reste de l'équipage et une jeune passagère voyageant seule.
Et les autres passagers alors ? Seuls. "Ce que je regrette c'est que personne ne nous a accueilli à l'aéroport de Lille, il n'y avait pas un représentant d'Air France sur place pour nous donner des explications et nous informer de la suite du voyage". La raison est simple : "Cette compagnie n'opère plus à l'aéroport de Lille-Lesquin depuis le mois d'avril 2023", affirme Constance Ostyn. Les lignes ont en effet été supprimées à la publication du décret sur la suppression de vols intérieurs courts en France.
Ce dimanche 21 juillet encore, la mère de famille affirme n'avoir reçu aucun message de la part de la compagnie française. Aura-t-elle le droit à un dédommagement ? Isabelle Malivoir et d'autres passagers l'espèrent et comptent faire une réclamation auprès d'Air France. "C'est la quadrature du cercle", aurait pu dire le pilote.