Durant la braderie de Lille 2023, dans une ambiance fiévreuse et déjantée, des milliers de personnes se sont retrouvées pour former la plus grande chenille humaine. Si 4623 participants ont été officiellement comptabilisés, bien plus auraient pu passer.
C'était un joyeux bordel. Une foule immense sur l'esplanade lors de la braderie de Lille, réunie à l'appel de la chenille, cette institution des fêtes populaires. Une queue leu leu interminable, bruyante, souriante, qui s'est cru le temps d'un instant dans une soirée d'anniversaire ou de camping. Heureuse d'être là.
Tout le monde accroché aux épaules de celui ou celle d'en face. Un enfant, un ami, un inconnu. Un chien même - "ça compte !" a d'ailleurs précisé l'organisateur -. Qu'importe. Il ne fallait former plus qu'un pour participer à cette immense blague qui s'est révélée plus sérieuse qu'il n'y parait.
Les premiers pas
Car, ce samedi 2 septembre après-midi, derrière ce rendez-vous un brin ringard avouons-le, c'est bien une tentative de record du monde qui se jouait. Avec la présence d'un huissier pour valider la performance. Lille, et plus largement le Nord, voulait ravir le titre de plus grande chenille humaine au monde, détenu depuis juin dernier par les Normands, à l'occasion de l'Armada de Rouen, avec 3940 participants.
A 14 heures, la chenille s'est élancée. Précisons, à petits pas tellement il y avait de monde. Pour ressembler à quelque chose, dans cet espace délimité par des rubalises et vite devenu trop petit pour contenir la foule, la queue s'est tortillée pour ressembler à une longue file d'attente, dense.
Sous les tropiques
Une proximité, voire une promiscuité qui, au début tout du moins, ne semblait pas entamer l'humeur des gens présents. Toutes et tous dansaient sur la playlist aux petits oignons du DJ, allant de Patrick Sébastien à "Alexandrie Alexandra" de Claude François, en passant par "Les sunlights des tropiques" de Gilbert Montagné. Deux heures durant, Lille s'est muée en royaume du kitsch.
Mais pour battre le record, il fallait s'armer de patience et éviter le coup de chaud dans une chenille très serrée... Pas de celle, aérée, où l'on prend ses aises, et où l'on peine parfois à raccrocher le wagon avant. Non, ici, comme dans la fosse d'un concert de Mylène Farmer au Stade Pierre Mauroy, les participants devaient partager leur sueur. "L'enfer", s'est écrié un jeune homme en s'épongeant le front.
L'explosion de joie
Un record du monde, cela se mérite. "Soyez patient !", n'a cessé de répéter Vincent Piguet, joyeux luron et initiateur de l'évenement. Preuve en est, après une heure et demie dans les rangs, il y a ce garçon, dans les bras de sa mère qui commençait à pleurer de fatigue. Alors un bénévole a demandé à le faire sortir. Mais le petit a décliné, voyant qu'il ne lui restait plus que quelques mètres avant de franchir l'arche France Bleu Nord, partenaire de l'événement avec la Ville de Lille et le Département du Nord.
C'est à 15h50, au bout de près deux heures de chenillade et un décompte tant attendu que le speaker a annoncé la nouvelle : "record battu !" Et la foule d'exploser comme Bollaert pourrait le faire s'il gagnait un match de Ligue des Champions cette année. S'il restait énormément de monde à franchir la ligne, la préfecture n'avait autorisé l'événement que jusqu'à 16 heures. Le décompte officiel s'est donc stoppé à ce chiffre de 4623 personnes. La bande à Basile pouvait-elle imaginer qu'un jour sa chenille deviendrait aussi grande ?